Encore les banlieues, penseront certains en abordant la lecture de cette note : il est vrai que ce thème devient, depuis quelques années, un véritable « marronnier », et que la presse, écrite comme audiovisuelle, semble vouloir commémorer, voire célébrer, les événements de l’automne 2005 à défaut de les comprendre et de pouvoir les résoudre. Or, les banlieues, et il s’agit ici des « banlieues chaudes » bien sûr, celles où la vie publique semble abandonnée à la loi du plus fort, ne sont pas des zones qu’il conviendrait de visiter une fois l’an comme un rituel « politiquement correct », mais sur lesquelles il convient de se pencher sérieusement, non pour gémir ou encenser, mais pour penser et agir. Ainsi, cette note, à la suite de celles déjà publiées sur ce blog depuis l’année dernière ou de l’article encore lisible sur www.alternative.new.fr (entretien sur la crise des banlieues) n’a pas pour vocation de rappeler la violence endémique qui s’y est installée ni les seules solutions sécuritaires mais de tracer, succinctement, quelques pistes de réflexion et de propositions.
Depuis un an, les discours ne se sont guère traduits en actes : certes, les voitures brûlées ont été évacuées, mais il en brûle toujours (plusieurs milliers depuis janvier dernier) ; certes, les bâtiments détruits sont en cours de reconstruction ou déjà inaugurés, mais d’autres sont attaqués à leur tour, dans une relative indifférence (comme au lycée Condorcet de Limay il y a un mois); etc. En fait, il semble bien que, comme les politiques n’ont rien compris depuis avril 2002 et mai 2005, ils aient, là aussi, déserté leurs devoirs, effrayés par la tâche : seuls, trop souvent seuls dans ce monde politique officiel de la Vème République, les maires ont affronté les réalités et cherché à y répondre par des mesures « de terrain » sans, pour autant, être soutenus par leurs instances partisanes, l’élection présidentielle et la conquête des électeurs important plus que le sort des périphéries urbaines pour la plupart des partis de gouvernement
Pourtant, il y a de vraies potentialités dans les banlieues, aujourd’hui souvent inexploitées, faute d’une volonté politique d’Etat digne de ce nom : « tant vaut l’Etat, tant vaut son action », pourrait-on dire en plagiant Maurras. Or, si l’Etat ne doit pas être partout ni tout faire, ce qui serait le retour à un étatisme difficilement supportable, il doit au moins tenir son rôle de grand ordonnateur et arbitre des politiques menées, ne serait-ce que pour en éviter, entre autres, les dérives ou les remises en cause systématiques.
Il me semble qu’il ne serait pas inutile de recréer un véritable Ministère de la Ville (ou, d’une autre manière, un Grand Conseil de la Ville, en lien privilégié avec le Ministère de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire, par exemple) qui puisse coordonner les politiques de mise en valeur des périphéries urbaines en les intégrant mieux au tissu urbain « central » de chaque agglomération. Ce Ministère pourrait jouer un rôle d’arbitre entre les projets issus du milieu associatif, des entreprises et des pouvoirs publics, municipaux ou régionaux, tout en laissant une grande latitude aux initiatives diverses qui émaneraient du « terrain » : l’objectif est de refonder des liens de responsabilités sans pour autant laisser s’installer la confusion, voire les tensions entre les différents acteurs concernés. En somme, cela serait une combinaison intelligente du principe de subsidiarité et de celui de la souveraineté d’Etat, au service de la cohésion civique et nationale.
D’autre part, il semble nécessaire de donner plus de pouvoirs concrets aux municipalités dans la politique sociale, tout comme plus de possibilités pour les établissements scolaires implantés dans les zones difficiles de recruter et former eux-mêmes leurs personnels enseignants, au lieu de voir chaque année « débarquer » de jeunes profs tout juste sortis des IUFM, sans aucune expérience, et nommés arbitrairement par une Education nationale peu soucieuse de changer ses règles internes de mutation et de nomination. Cette dernière proposition a d’ailleurs trouvé une singulière avocate en la candidate Ségolène Royal, lors d’un récent débat interne du Parti socialiste.
Autre piste à suivre, déjà tracée depuis une dizaine d’années en France : la création de nouvelles et plus nombreuses « zones franches » urbaines dans lesquelles des entreprises peuvent s’installer et embaucher des personnes des quartiers en difficulté, près de chez elles. Cette politique gagnerait à être couplée à une véritable politique d’aménagement du territoire et de réorganisation de son tissu industriel et artisanal.
« N’ayez pas peur », disait le pape Jean-Paul II : sans tomber dans l’angélisme, autre forme de l’illusionnisme politique, cette simple formule doit guider toute action menée envers les « banlieues difficiles », non pour les marginaliser ou les discriminer, mais les intégrer, vraiment, à une communauté nationale qui reste, malgré tout, la première protection sociale, y compris et surtout pour les moins favorisés de nos concitoyens.
Je viens dentendre à la radio aujourdhui quà Clichy aujourdhui était célébrée la mort des deux adolescents dans le transformateur électrique lannée dernière. Il est triste de constater linversion des valeurs qui sest effectuée dans notre société, on commémore aujourdhui comme des héros des délinquants (la fuite reste toujours un délit..), franchissant par eux-même lenceinte dune zone interdite car dangereuse et mourant ainsi de leur propre inconscience. Je trouve assez aberrant la controverse qui a fait rage autour de la question de savoir sils ont été poursuivis ou non, le fait est que les policiers ont logiquement couru après des gens qui refusaient de se soumettre à un contrôle didentité, le problème de notre société réside sans doute dans cette controverse. LEtat nest plus le garant dune paix civile, en quelque sorte le contrat social est rompu, alors quimporte les mesures que lEtat pourra prendre pour régler la « crise des banlieues » cela ne règlera rien du tout, car les fondements même de lEtat sont attaqués, lordre est devenu « répression », la justice un organe monstrueux et kafkaien, et notre monnaie ne nous appartient même plus . Je pense que nous sommes au devant dune crise sans précédent dans la démocratie, majeure dans lhitoire de France, crise qui ne pourra être réglée par un coup de baguette magique daides aux populations défavorisées, il faut maintenant réfléchir à une refonte du système institutionnel français et à la nature des institutions dont doit être doté notre pays. Cependant, je ne sais pas si les dirigeants actuels auront le courage de se lancer dans un projet tout aussi révolutionnaire que 1793.
Rédigé par : louis | 28 octobre 2006 à 00:12