On en apprend de belles sur France-Inter ! Ce samedi matin, alors que je me battais encore avec des restes de sommeil, la voix morne d’Ivan Levaï récitant sa revue de la presse m’a pourtant totalement réveillé lorsqu’il a annoncé une citation de Bernanos imprimé dans l’édition quotidienne du vénérable journal communiste (ex-stalinien) créé comme « socialiste » par Jean Jaurès il y a un bon siècle, j’ai nommé « L’Humanité ». Bernanos chez les cocos ! Pas mal comme titre de film
N’en croyant pas mes oreilles et mettant cette absence de foi envers les propos du triste Levaï sur le compte de ma bronchite persistante, je me suis précipité au kiosque à journaux le plus proche pour vérifier l’incroyable info : et j’ai constaté, avec une certaine jubilation, que c’était vrai. Etonnant, non ? Que le polémiste royaliste, pourfendeur d’Alain et de Jaurès dans les colonnes de l’hebdomadaire monarchiste « L’Avant-garde de Normandie » avant la guerre de 14, défenseur acharné et colérique du « trône et de l’autel », Camelot du Roi impénitent et jamais repenti, que Bernanos soit accolé, en première page, au titre même du journal robespierriste, quel pied de nez à la République, ainsi trahie par ses plus fidèles laudateurs
Bon, j’arrête de me moquer, je vous cite la phrase en question : « L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait. » Cette belle formule, royale et tellement capétienne, de Georges Bernanos est une de celles qui doivent guider ceux qui, fidèlement, souvent à contre-courant des idéologies dominantes, oeuvrent sans désespérer pour notre pays et son avenir souhaitable, celui de l’indépendance et de la grandeur.
Qu’elle se soit trouvée en première page de « L’Humanité » ne me choque pas, bien sûr : après tout, Bernanos, tout royaliste qu’il soit, n’appartient pas aux royalistes et ne s’adresse pas qu’à eux. Qu’il se soit trouvé un rédacteur communiste pour faire sienne une citation de « notre capitaine », selon la belle expression de Sébastien Lapaque, et la mettre à côté du cartouche du journal, revêt une valeur toute symbolique.
Mais, après tout, une de mes lettres, éminemment politique, a bien été publiée, avec ma signature (moins connue que celle de Bernanos, mais tout aussi royaliste
), dans ce même quotidien il y a quelques années
Comme quoi, là aussi, « le diable porte pierre », et, après tout, il n’est pas de terrain ni de tribune que nous ne puissions utiliser, même les plus improbables ou incertains
En russie, en 1917, les nobles s'associaient aux riches paysans, aux banquiers et aux koulaks qu'ils méprisaient... Dans la brume, on se sert les coudes, jusqu'à ce qu'elle se dissipe.
Et là, c'est reparti pour se mettre sur la gueule...
Rédigé par : Hugo | 14 octobre 2006 à 20:43
S. Lapaque a écrit un très beau livre sur Bernanos il ya quelques années. Avis aux amateurs... Mais j'ai peur que "notre capitaine" se retourne dans sa tombe s'il apprend que l'intéressé écrit aujourd'hui dans le Figaro, "organe vespéral de la bourgeoisie" (Sartre, je crois...). Encore un destin à la Thierry Maulnier?
Au fait, à quand une critique du "Maurras " de S. Giocanti?
Rédigé par : yffic | 16 octobre 2006 à 19:50
J'ai lu le mois dernier le livre de Giocanti et j'ai bien prévu d'en parler prochainement. Ce qui me manque le plus en ce moment : le temps... Merci de votre patience.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 17 octobre 2006 à 13:11