En cette journée de Toussaint attachée au souvenir et souvent, d’ailleurs confondue avec la fête des morts, me voilà à nouveau sur la route, m’arrêtant dans des villages de Normandie parfois désertés par les jeunes au profit des métropoles les plus proches et écoutant, dans les rues ou les cafés, les conversations des personnes souvent âgées : c’est une France des campagnes, un « pays réel » (selon l’expression popularisée par Maurras) vieillissant et méfiant tout en étant souvent accueillant à qui sait lui parler et l’écouter. Une France qui meurt doucement, mais qui, pourtant, a encore des choses à nous dire, et qui laisse la place à une nouvelle France rurale, pour l’instant plus « rurbaine » et moins nostalgique, mais qui, à son tour, va s’enraciner au fil des ans et des générations si celles qui arrivent décident de changer de mode de vie et de renoncer au « néo-nomadisme » actuel. Il est possible que cela arrive plus vite que prévu, et la préoccupation « écologiste » (j’en parle sur le plan sociologique plus que politique, bien sûr) de nombreuses personnes, issues des classes moyennes ne trouvant plus leur place dans la Ville et son environnement, peut aider à cette « nouvelle ruralisation », conséquence de « l’exode urbain » qui se profile, peut-être, pour les décennies à venir dans notre pays. Le « président Mao » pensait que l’avenir était au village
Je ne confonds pas la « rurbanisation » accélérée, qui transforme les zones périurbaines en vaste « parcs de résidences », avec cette tendance qui, si elle est soutenue et promue par l’Etat, dans le cadre d’une intelligente politique d’Aménagement du territoire, peut donner au pays tout entier une nouvelle (et nécessaire) respiration. La « nouvelle ruralisation » est sans doute aussi le meilleur moyen de relocaliser certaines activités industrielles, commerciales et éducatives, et de rompre avec les mauvaises habitudes de la « dissociété » dénoncée dès les années 60 par le philosophe traditionaliste Marcel de Corte.
Bien sûr, il ne faut pas se cacher les difficultés d’un tel Aménagement du territoire dans un monde qui pense souvent plus en termes de quantité de produits consommés que de qualité de la vie
Mais il y a urgence à penser cette « nouvelle ruralisation » pour en développer les avantages et en limiter les inconvénients, voire les échecs et dérives toujours possibles.
Là encore, le temps et la décision politique devront se conjuguer pour garantir la réussite de cette « nouvelle ruralisation » et permettre le rajeunissement et la revitalisation de ces campagnes que l’on nomme, parfois encore, « profondes » ou « éloignées », comme pour les dévaloriser au regard de nos contemporains.
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