Une information est passée quasiment inaperçue dans la presse française et, pourtant, elle me semble révélatrice de l’intérêt que peut avoir une Monarchie sur le plan international. Voilà ce que nous apprend le journal « Le Monde » dans son édition du mardi 7 novembre :
« Le roi d’Espagne Juan Carlos jouera les médiateurs entre l’Argentine et l’Uruguay.
(
) A l’issue du sommet ibéro-américain qui s’est tenu à Montevideo, du 3 au 5 novembre, le roi d’Espagne Juan Carlos a accepté une mission pour tenter de trouver une issue au conflit autour d’usines de cellulose, qui empoisonne depuis plus d’un an les relations entre l’Argentine et l’Uruguay (
)».
Ainsi, même à l’extérieur de son pays, le roi d’Espagne est considéré comme le meilleur et le plus impartial des arbitres, comme celui dont la parole et la décision peuvent dénouer un conflit diplomatique parce qu’il est à la fois indépendant des parties en présence et considéré comme l’autorité morale la plus importante de l’ « hispanidad » (l’hispanité, ou l’espace hispanique d’Amérique dans ce cas). En somme, il joue le rôle moral (et, en fait, éminemment politique même s’il ne s’agit pas de la politique politicienne ou parlementaire) que peut jouer le souverain du Commonwealth (aujourd’hui la reine Elisabeth II), et cela dans la sphère d’influence d’un monde hispanique qui tient une place de plus en plus importante sur la scène américaine, y compris, d’ailleurs, états-unienne. Bien plus que le simple souverain de la seule Espagne, le roi Juan Carlos est considéré comme l’arbitre, le médiateur possible et historiquement « naturel » entre les nations hispaniques. Il est vrai que, depuis le rétablissement de la Monarchie en Espagne après la mort du général Franco, la famille royale n’a cessé de renouer et de resserrer ses liens historiques et politiques avec ses anciennes colonies et d’apparaître comme un facteur d’équilibre sur le continent américain, en particulier face au géant états-unien, et cela quels que soient les aléas et les alternances de la politique intérieure espagnole.
Il y a là, sans nul doute, une réflexion à mener pour notre propre pays et la possibilité formidable qu’assurerait, sur la scène internationale et en particulier dans l’espace francophone de nos anciennes colonies aujourd’hui indépendantes et amies, la présence d’une famille royale. D’ailleurs, c’est ce que reconnaissait, dans sa préface au livre d’Yves Lamarck intitulé « Monarchie et politique étrangère », l’ancien conseiller du président François Mitterrand, Régis Debray, lorsqu’il évoquait la « Communauté francophone mondiale, cette famille d’orphelins épars, sans force car sans prestige ni représentation »
En écrivant cela, et sans forcément le vouloir (quoique
), Debray condamnait la République qui oublie de donner une vraie famille à la Communauté francophone mondiale, une famille qui représente et qui défende les intérêts de la francophonie et des pays qui y sont attachés, en Amérique comme en Afrique
et segolène meditation
Rédigé par : Anne Archaud | 09 novembre 2006 à 15:02
- Il est nécessaire de raisonner sur la question du (comment dire) monarchisme en France pour actualiser sans cesse les arguments en faveur d'un régime dynastique, il reste que l'opinion publique (à 99,99%) a le coeur républicain. Comment faire pour amener soixante millions de France (je fais simple ou une majorité d'entre eux ou encore une poignée significative) à la monarchie dynastique ? On a sûrement besoin de "thinck tank" royalistes indépendants de l'extrême-droite et du maurrassisme. Une fondation pour financer ces "thinck tank" feraient l'affaire. Instruire et attendre que l'opinion bascule... En 2006, il n'est plus question de renverser la République mais la perfectionner en la couronnant...
Rédigé par : CB | 09 novembre 2006 à 17:07