L’écrivain Bertrand Poirot-Delpech, académicien marqué à gauche, vient de mourir la semaine dernière. En recherchant dans mes archives personnelles, fort mal rangées puisque j’en ai égaré une grande partie, enfermée dans des caisses et dossiers qu’il me faut ouvrir pour retrouver quelques souvenirs qui n’intéressent sûrement que moi, j’ai retrouvé une lettre que je lui avais envoyée en mai 2002 et à laquelle il m’avait répondu d’une petite carte sympathique et anodine. Tout compte fait, il me semble que ma missive a gardé une bonne part de son actualité, près de 5 ans après : comme quoi
Je la reproduis ci-dessous :
« (
) Votre plaidoyer pour une langue, en particulier politique, claire et exacte m’a profondément réjoui. En effet, il me semble que si la politique a perdu beaucoup de son intérêt et, disons-le, de son charme, c’est effectivement parce que l’image, en notre démocratie émotionnelle, prime désormais sur l’idée et le sens des mots. On peut aussi regretter que l’incantation remplace le débat et la réflexion.
Travaillant dans un collège difficile des Mureaux [c’était en 2002], je n’utilise pas beaucoup le terme de « République » lorsque j’enseigne l’éducation civique, car ce terme me semble trop galvaudé et a, sans doute depuis deux siècles, perdu son véritable sens originel de Res publica, de « bien commun », tel que l’évoquait Jean Bodin en vantant les mérites de l’Etat monarchique. Je préfère, lorsque j’évoque les valeurs de notre pays, parler de valeurs civiques ou humanistes, valeurs que la République n’a pas toujours respectées : les lois xénophobes de 1793, les horreurs perpétrées dans l’Ouest à la même époque, les coups d’Etat du Directoire contre ses adversaires « contre-révolutionnaires », mais aussi les attitudes de lâcheté au moment de la guerre d’Espagne, de Munich en 1938, ou de Budapest en 1956
Sans tomber dans les « repentances » douteuses, j’ai trop de respect pour la mémoire collective du pays et pour la dignité des hommes pour utiliser un terme revendiqué par trop de gens qui s’en servent comme d’un alibi ou d’un parapluie à défaut de montrer l’exemple du respect d’autrui
Les colères de Georges Bernanos, il faut le dire, manquent à notre temps : qui osera continuer son combat ? Vos propos sévères à l’égard des états-majors des partis sont, en tout cas, un appel à ne pas désespérer de l’Intelligence française face au mépris des nouveaux féodaux. (
) »
Malgré les accents si peu « de gauche » de ma missive, Bertrand Poirot-Delpech n’avait pas été gêné pour me répondre qu’il me remerciait « d’avoir deviné le plaisir et l’encouragement que me donneraient les approbations d’un lecteur tel que vous ». Et il ajoutait : « J’ai apprécié vos réflexions sur les difficultés de l’éducation civique ». Comme quoi ! Malheureusement, le temps m’a ensuite manqué pour entamer un véritable dialogue avec cet écrivain à la culture tout à fait remarquable, et qui aura marqué de nombreux lecteurs du « Monde » dans lequel il tenait une chronique hebdomadaire, parfois injuste mais toujours bien écrite
les interfaces de blogspot sont bien plus belles que les "u-blog" mais bon, il faut un compte google pour ça!parce que les pubs gratuites et la bande jaune "steve McQueen", ça ne va pas vraiment avec le reste
Rédigé par : el porquero | 22 novembre 2006 à 19:21
J'en suis bien conscient mais il est vrai que j'accorde plus d'importance aux textes qu'à la forme du blog: mais je pense bientot utiliser une autre plate-forme pour mon blog... J'en reparlerai.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 23 novembre 2006 à 12:51