Je me suis rendu samedi après-midi à un salon de « vieux papiers » et, bien sûr, je n’ai pas assez résisté : je suis reparti avec un sac plein de vieilles revues, brochures et livres royalistes
Une trentaine de numéros de la revue mayennaise d’Action française, puis du Cercle Chambord (après la dissolution de février 1936) intitulée « Le Maine », datées des années trente jusqu’à la guerre de 39 ; une brochure de tout petit format écrite par Firmin Bacconnier et, je crois, diffusée alors à près d’un million d’exemplaires, intitulée « Manuel du royaliste » ; un livre (du même format) de correspondance du Comte de Chambord, édité en 1871 ; une brochure reproduisant un discours de Maurras prononcé à Lyon en 1911 ; un extrait d’un ouvrage des années 1880 sur le chouan normand Louis de Frotté ; etc.
En fait, il ne s’agit pas de collectionner les « vieux papiers » royalistes pour les amasser dans des boîtes archives, mais de trouver et de regrouper le maximum de documents pour, dans un deuxième temps, les reproduire puis les mettre, bientôt, à disposition, par le biais de la Toile, des chercheurs et des curieux de l’histoire du royalisme français. D’autre part, cela est aussi l’occasion de publier des études dans la revue « Lys rouge », spécialisée dans la présentation des archives monarchistes et dans la mise en perspective de celles-ci, et de les diffuser dans le monde universitaire en France comme à l’étranger.
L’histoire du royalisme en France est souvent méconnue car, durant de longues années, elle a purement et simplement été négligée par le milieu universitaire (sauf de brillantes exceptions comme Michel Denis, Eugen Weber ou Stéphane Rials), plus attiré par les « vainqueurs » de l’Histoire que par ceux qui, non contents d’avoir été « balayés » par les vents furieux des événements passés, semblaient ne plus survivre qu’à travers quelques « chapelles de ressentiment »
Et pourtant ! A lire les textes politiques d’un Chateaubriand, écrivain romantique et polémiste brillant de « l’ultracisme » monarchiste sous la Restauration et la Monarchie de Juillet ; ceux d’un Bainville, véritable « diplomate de la plume » sous la IIIème République ou, évidemment, d’un Maurras, brillant et parfois injuste, voire aveuglé par ses passions ; ceux encore de Pierre Boutang, le philosophe « gaullo-monarchiste », ou de mes amis Nicolas Portier et Nicolas Kessler dans les années 1990 ; etc ; que de richesses d’idées, de positions et de propositions ! Patrick Louis, historien du royalisme, remarquait dans un de ses ouvrages que le royalisme français, contrairement à d’autres fidélités monarchistes dans le monde, avait une véritable épaisseur idéologique et que, au-delà de sa discrétion politique actuelle, il avait irrigué de nombreux courants et mouvements politiques dans notre pays, jusqu’à inspirer le fondateur de la Vème République et les institutions mêmes
Cela étant, bien que travaillant actuellement sur l’histoire des royalistes de l’après-seconde-guerre (publication en 2008, si tout va bien
), je n’en oublie pas les enjeux d’aujourd’hui, qui sont de rendre au royalisme lisibilité, visibilité et crédibilité, dans une France qui semble très éloignée des idéaux capétiens : alors que les monarchistes de 1871 ou de 1925 parlaient de restaurer la Monarchie, pas encore, alors, si éloignée dans le passé de leur propre temps, je pense qu’il vaut mieux chercher à instaurer ce « nouveau régime » que doit être l’Etat dynastique, cette « nouvelle Monarchie » dégagée de la grande ombre portée, majestueuse et pesante à la fois, de l’ « ancienne », une nouvelle Monarchie qui, sans oublier les leçons du passé et les fidélités du présent, devra surtout enraciner sa légitimité dans l’avenir et les services à rendre au pays. L’enjeu est d’importance
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Rédigé par : phentramine | 30 janvier 2007 à 17:35
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Rédigé par : vicoden | 26 février 2007 à 03:53