Un des lecteurs de ce blog a laissé un long commentaire il y a quelques semaines sur le thème de la mondialisation, et j’ai promis de lui répondre dans les semaines qui viennent, dès que j’aurai un peu plus de temps (donc après les corrections de copies
) pour travailler sérieusement mes textes. Mais j’ai trouvé dans le courrier des lecteurs du quotidien « La Croix » (mardi 16 janvier 2007) une lettre de Xavier Thery fort intéressante sur ce même sujet et dont il me semble utile de citer quelques extraits :
« La mondialisation est, comme la langue d’Esope, la meilleure et la pire des choses. Oui, la mondialisation, en développant les échanges, permet aux pays de se spécialiser dans leurs activités économiques les mieux placées. Permet-elle, avec une baisse des prix, une hausse générale des niveaux de vie ? Ce n’est pas évident. Les bénéfices vont aux intermédiaires et à de grosses entreprises en situation de quasi-monopole, voir le pétrole et les industries alimentaires. Dans les pays en retard de développement, il n’est pas du tout automatique que la mondialisation améliore la situation des plus pauvres. Dans les pays riches, les conséquences sociales peuvent être dramatiques, car, dans sa fonction de producteur, l’homme a besoin d’un minimum de stabilité et de sécurité.
« En s’inspirant des anciennes corporations on peut préconiser :
1. Des entreprises où la direction est l’émanation du capital pour 50 % et du personnel pour 50 %, capital et personnel fonctionnant en collège. La concurrence entre les entreprises subsiste !
2. Des organisations professionnelles fortes à l’échelon national et, si possible, international.
3. L’Etat, l’Europe ou des organismes internationaux dûment mandatés assument le droit de contrôle de l’organisation économique. Ils peuvent faire jouer des procédures douanières ou autres.
« Oui à une vie économique organisée et régulée. Non à une concurrence sans frein et à l’argent-roi. »
Cette lettre ne diabolise pas la mondialisation, qu’il serait d’ailleurs plus exact de qualifier, au regard de ce qui est évoqué, de « globalisation », c’est-à-dire de « marchandisation» et d’uniformisation des rapports humains et sociaux au monde, comme l’a défini un de mes collègues du lycée Hoche. Mais elle en montre avec justesse les limites et les leurres, qui tiennent à la nature même de l’économie actuelle, orientée vers la croissance sans frein des « besoins » que crée la Société de consommation, celle qui repose sur la formule « Consommer pour produire » et qui s’avère, en définitive, coûteuse pour l’environnement et l’équilibre de nos sociétés et de ses membres.
Ce qui m’a aussi fortement intéressé dans cette lettre, c’est le recours de son auteur au souvenir des anciennes corporations : il y a là une piste de réflexion, aujourd’hui désertée, qu’il conviendrait, peut-être, d’emprunter pour voir ce qu’il y a moyen d’en faire et si elle peut répondre aux défis et aux inquiétudes de notre temps. Je me souviens qu’il y a quelques vingt cinq ans je lisais une petite revue royaliste intitulée « Notre avenir français » qui maintenait, difficilement, les idées « corporatistes » en cherchant à les adapter aux temps contemporains : c’était avant que l’on parle de mondialisation ou de globalisation. A l’époque, la question sociale ne me motivait pas vraiment, car les urgences me semblaient alors plus exclusivement politiques : mais les temps ont changé et les données aussi
En tout cas, cette lettre m’a donné l’envie de me renseigner plus précisément, non par nostalgie mais par curiosité, sur ce que furent les corporations dans l’histoire, du Moyen-âge à la Révolution qui les a définitivement abolies en 1791, ouvrant par cela l’ère du capitalisme sans frein...
J'ai toujours été (je pourrais le prouver) contre l'Europe et mes enfants s'offusquaient de mes déclarations; je comprends à travers leurs commentaires actuels qu'ils reconnaissent sans me l'avouer (le père - les fils...) que j'avais raison. La mondialisation (toutes corporations confondues, bien sûr) est venue "saboter" les belles intentions des législateurs européens. Le problème est la circulation des masses monétaires. L'argent n'a jamais circulé aussi rapidement. Récemment les grands regroupements financiers ont été très utiles pour toutes sortes de développements, mais il est temps de revenir à des proportions plus justes en matière de structures économiques. Il existe des pays miséreux soumis à des régimes, corrompus, implacables qui maintiennent le couvercle sur la marmite, sans que l'on puisse les chatouiller sous les bras pour leur faire lâcher prise; il existe aussi des pays ou la main d'oeuvre esclave permet des bonds en avant spec taculaires, sans aucun respect pour les règles du jeu jusqu'alors appliquées par les nations; il existe enfin des pays parvenus à un niveau de gestion tout-à-fait convenable, mais qui, au nom du partage voient leur standing se déliter à grande vitesse : nous en sommes! On a longtemps ergoté sur la frilosité des français, mais je suis obstinément convaincu que la frilosité est devenue une qualité, s'agissant du devenir de la France.
Rédigé par : LOUXOR | 24 janvier 2007 à 21:30
Le même jour une approche différente de la globalisation sur Royal-Artillerie, en rebond d'un entretien du prince Jean à Valeurs Actuelles.
Oser relever le défi global, c'est ici :
http://royalartillerie.blogspot.com/2007/01/penser-global.html
Rédigé par : Catoneo | 25 janvier 2007 à 16:29