Dans la nuit de jeudi à vendredi, aux alentours de minuit, je suis allé retirer de l’argent au distributeur d’une banque située rue de la Paroisse, à Versailles. Dans le hall de celle-ci, accessible jour et nuit, une personne sans-abri s’était réfugiée, profitant de la chaleur de l’endroit qui contrastait avec la température extérieure, alors fort basse. Lorsque je suis entré, cette personne, d’un âge indéterminé et qui n’avait rien d’un ivrogne ou d’un « malpropre », s’est levée de son lit improvisé, un simple manteau posé par terre, avec une mine désolée et s’est excusée de sa présence : mais c’est moi qui était le plus gêné, ma carte bleue à la main, et je lui ai juste souri en lui indiquant qu’il ne me dérangeait pas. Je suis reparti, le laissant à sa solitude, en espérant qu’il ne serait pas chassé de son abri de fortune (d’infortune, devrai-je dire
) par quelque « agent de sécurité » envoyé par la banque dans la nuit.
Ainsi, la semaine même où l’abbé Pierre s’endormait dans l’éternité et où la grande presse l’encensait sans retenue, de manière parfois indécente (l’abbé Pierre vanté par ceux qui n’ont jamais regardé les plus pauvres autrement que de très loin et encadré par des publicités parfois de mauvais aloi
), cette anecdote me rappelait qu’ « il y a toujours plus malheureux que soi » et que le problème des sans-logis n’est pas un simple spectacle pour journalistes en manque de scoop, mais une triste réalité, toujours présente, et qui ne touche pas que des marginaux volontaires mais aussi de simples gens qui, pour telle ou telle raison, bonne ou mauvaise, se retrouvent sans le sou et sans le secours d’une famille, ce qui aggrave les choses dans de nombreux cas.
Bien sûr, se plaindre ou regretter ce qui est ne suffit pas, et la pauvreté est de tout temps : mais ce qui me choque est l’indifférence de notre société de consommation qui, à de rares exceptions près, ne sait plus donner gratuitement ; qui compte à défaut d’aimer et d’aider
Et que dire de cette grande hypocrisie qui consiste à idolâtrer l’abbé Pierre pour éviter d’avoir à l’écouter et à l’entendre : or, le plus important n’est-il pas de poursuivre ce travail, cette vocation qu’il a incarné si longtemps, se servant des mécanismes médiatiques d’une société qui, trop souvent, vit de l’image sans le sens ?
En tout cas, il me semble que l’Etat doit jouer un rôle important pour aider au soulagement des misères, mais sans tomber dans l’assistanat qui est la pire des choses car il couvre la paresse et non le désir de s’en sortir et d’exercer sa liberté dans un sens positif. Ce n’est pas tant l’argent qui manque que la volonté, dans les instances gouvernementales ou les milieux économiques, de mener une politique sociale digne de ce nom, susceptible de permettre à chacun, selon ses compétences et ses aptitudes, de trouver sa place dans la société. Cela ne se fera pas sans efforts de la part de l’Etat, mais il serait vain et malsain qu’il n’y ait que lui qui fasse ces efforts nécessaires au traitement de la question sociale : son rôle est également de s’assurer que chacun, personne ou institution, entreprise ou administration, travaille dans ce même sens, qui est aussi celui du Bien commun.
"ce que vous ferez au moindre d'entre les miens c'est à moi que vous le ferez." a dit Notre Seigneur, c'est ainsi que je vis le combat politique, à l'image de Saint Louis et de tous ces hommes qui ont dirigé la France dans cet esprit. Que notre pauvre action ramène la fille ainée de l'Eglise à sa véritable vocation exercer la Charité politique pour son peuple et réparer la lumière du phare qu'elle se trouve être pour arrêter de montrer les récifs aux nations et leur remontrer la route pour arriver à la sécurité du havre.
Rédigé par : Chantal de THOURY | 30 janvier 2007 à 12:22
J'ai tendance à penser que dépolitiser la misère la fige.
Les Compagnons d'Emmaüs, les Restos du Coeur, sont des entreprises en pleine croissance, presque des succès. C'est effrayant. Cela revient à chasser l'Etat de ses responsabilités, pour ensuite un jour de grand froid hurler contre sa négligence.
Faut-il réintégrer la misère dans les budgets de l'Etat pour la faire baisser ?
Il y aurait au moins une ardente obligation d'aboutir pour être réélu.
Rédigé par : Catoneo | 30 janvier 2007 à 16:07