Voici quelques notes prises au colloque de mars dernier sur « L’Action Française », portant sur le royalisme maurrassien dans le Nord. Il me semble que cela peut contribuer à mieux faire connaître l’histoire du courant monarchiste en France et à susciter recherches, réflexions et discussions, non pas en vue d’entretenir une vaine nostalgie du style « c’était mieux avant » mais de penser de nouvelles stratégies politiques et d’engager de nouveaux « chantiers idéologiques ». Les succès mais aussi les échecs et les erreurs d’hier doivent permettre ce nécessaire travail intellectuel et politique.
L’Action Française dans le Nord dans la première moitié du XXe siècle :
Dans le département du Nord, dominé par une zone urbaine centrale (Lille ; Roubaix ; Tourcoing ; Dunkerque ; Douai ; Valenciennes), les espaces ruraux sont « vides » de ligueurs, selon le professeur Jean Vavasseur-Desperriers. Ce Nord, dans lequel l’affrontement entre catholiques et socialistes structure l’espace politique, est une zone active pour l’Action Française qui y apparaît vraiment en 1909 avec la création d’une section à Lille puis à Roubaix et à Tourcoing. Ces efforts militants sont relayés par « Le Nord patriote », dans lequel écrit Robert Havard de la Montagne mais aussi par la présentation aux élections de candidats d’AF, présentation purement symbolique qui vise surtout à gêner les candidats catholiques qui n’ont pas l’approbation de l’AF. Après la guerre et l’occupation de Lille par les troupes allemandes, l’AF présente aussi une liste, ce qu’elle ne renouvellera pas en 1924 et 1926.
L’après-guerre, en particulier les années 20-27, marque l’apogée de l’Action Française dans le Nord, avec la création (entre 1922 et 1925) de sections nouvelles dans la périphérie de Lille, la tenue de nombreuses réunions publiques, avec 900 personnes à Roubaix en 1923 ou 2.000 à Lille en 1925, mais aussi l’existence d’un journal d’AF, « Le fanion » qui deviendra « Le National de Flandre et d’Artois » et tire, en moyenne, à 3.500 exemplaires. Dans le même temps, il y aurait environ 150 camelots du roi à Lille et des comités de Dames royalistes actifs.
Quels sont les terreaux de l’AF dans le Nord ? Deux milieux semblent dominants : d’une part, les facultés catholiques de Lille dont le professeur Gustave Théry est le symbole ; d’autre part, le patronat du Nord, en particulier du textile. La figure qui se détache est alors celle d’Eugène Mathon qui s’est associé à Georges Valois dans son intention de donner un contenu social à l’AF, en particulier par le biais de l’UCF (Union des Corporations Françaises). Contrairement à d’autres régions, l’aristocratie est absente des milieux dirigeants de l’AF du Nord.
Dès avant 1926, l’AF connaît un certain essoufflement, lié à une sorte d’ « épuisement générationnel » mais aussi à la rupture de Valois avec le mouvement d’AF et aux reproches adressés à Mathon de s’opposer au syndicalisme chrétien.
Après 1926 et la condamnation pontificale, l’AF perd de nombreux soutiens dans le milieu patronal et certains de ses anciens dirigeants rejoignent « La Bourgeoisie chrétienne » en 1930. Néanmoins, le mouvement reprend du poil de la bête à la fin de 1933, ce qui se marque par la forte augmentation du nombre de ligueurs, nombre qui atteint environ 1.500 en 1934 pour le département, dont la moitié sur Lille. Ce renouveau est sans doute lié à une certaine radicalisation de l’AF dans les années 30 mais aussi à la persistance d’un véritable « royalisme populaire » qui se recrute parmi les employés plus que parmi les ouvriers. Ainsi, il semble que la condamnation papale de 1926 a « désétabli » l’AF mais qu’elle ne l’a pas détruit. La dissolution de la Ligue d’AF en 1936, quant à elle, poussera de nombreux ligueurs vers les Croix de Feu du colonel de La Rocque
Post-scriptum : ces notes sont évidemment incomplètes et j’espère ne pas avoir commis d’impair dans leur transcription. En tout cas, on peut noter que, dans cette époque de la première moitié du XXe siècle, le journal quotidien « L’Action française » ne suffit pas à maintenir une activité et surtout une action politique concrète, il y faut un mouvement organisé et disposant de relais choisis dans les milieux stratégiquement intéressants pour peser dans une région particulière, parmi les « Français actifs ». « Avoir raison » comme le chante alors le mouvement maurrassien dans « La Royale », ne suffit évidemment pas et cela n’est une force que lorsque cette raison est concrètement diffusée dans le monde politique et dans l’opinion publique. Une leçon à ne pas oublier aujourd’hui pour qui veut exister dans le paysage français
Encore un article très intéressant, surtout pour moi qui suis de Lille... Voisins de la Belgique, je pense que beaucoup de gens du Nord regarde avec une certaine sympathie les familles royales... et demain la nôtre, qui sait...
Rédigé par : Jean-Marie WANTE | 20 avril 2007 à 13:19
Encore un article très intéressant, surtout pour moi qui suis de Lille... Voisins de la Belgique, je pense que beaucoup de gens du Nord regarde avec une certaine sympathie les familles royales... et demain la nôtre, qui sait...
Rédigé par : Jean-Marie WANTE | 20 avril 2007 à 13:19
Encore un article très intéressant, surtout pour moi qui suis de Lille... Voisins de la Belgique, je pense que beaucoup de gens du Nord regarde avec une certaine sympathie les familles royales... et demain la nôtre, qui sait...
Rédigé par : Jean-Marie WANTE | 20 avril 2007 à 13:19
Votre conclusion me parait tout-à-fait pertinente; le royalisme a besoin de s'organiser en réseaux pour pouvoir agir quand les circonstances seront favorables.
Se limiter à la propagande par le biais d' un journal ou d'une revue est insuffisant, je suis bien d'accord avec vous.Il faut imaginer d'autres formes et surtout d'autres méthodes.
Si je prends un exemple historique, De Gaulle ne serait jamais reveu au pouvoir en 1958 sans l'existence des réseaux gaullistes qui sont restés actifs même après la dissolution du RPF en 1953 (il manque une belle étude historique sur les dits réseaux qui sont trop sommairement évoqués par les historiens).
Rédigé par : Lepante | 21 avril 2007 à 18:28