La salle des profs et le « bar » sont des endroits stratégiques au lycée pour saisir l’état d’esprit des enseignants, et je ne manque pas de m’y rendre régulièrement, aux récréations comme après les déjeuners à la cantine, autre lieu de discussions et de confrontations.
Ce qui est frappant dans les propos d’avant-deuxième tour, c’est l’impression qu’aucun des deux candidats finalistes ne recueille un vote d’adhésion mais plutôt un vote d’opposition « à l’autre », un vote fataliste
A croire qu’aucun collègue n’a voté au premier tour pour ces deux-là ! Il est vrai que François Bayrou est passé par là et qu’il a visiblement incarné un « vote protestataire utile », concept dont il me semble qu’il faudra suivre l’évolution après avoir assisté à sa naissance en ce premier tour du 22 avril dernier.
Lors de plusieurs discussions, j’ai assisté à de véritables propos de défoulement, pas toujours très argumentés, mais qui opposaient ceux qui ne voulaient pas d’un « névrosé » et ceux qui refusaient une « incapable »
A tel point que lorsque j’ai dit, dans cinq ou six de ces débats informels, « Vivement le Roi », je n’ai pas rencontré autre chose qu’une indifférence polie ou une sorte d’approbation résignée, mais parfois aussi des hochements de tête fort révélateurs, en tout cas aucune vraie contradiction
En fait, l’idée d’un Roi est d’autant plus « acceptable » aujourd’hui que les finalistes n’ont pas une vraie popularité mais semblent être les conséquences d’un « système » qui n’offre qu’un choix dit « utile » et non plus d’un vrai désir et qu’il paraît que les sondages ont plus sûrement « fait le suffrage » (sans pour autant pouvoir être exactement confondus avec lui, ce qui serait exagéré et surtout dangereux
) que les idées et les propositions des candidats eux-mêmes.
Ainsi, cette élection et ses résultats premiers ont-ils en grande part décrédibilisé une « matrice » républicaine qui, malgré la forte mobilisation électorale et la vigueur de l’opposition Royal-Sarkozy, ne répond pas aux attentes de ceux-là mêmes qui se sont exprimés et vont le refaire la semaine prochaine. Lorsque le vote prend les couleurs du dépit et de l’amertume, on peut être certain que c’est le principe même de cette forme de désignation présidentielle qui perd, aux yeux des citoyens, une part de sa légitimité et qui, par la même occasion, risque de susciter une sorte de désobéissance civique à l’égard, non seulement du vainqueur du second tour, mais de l’Etat lui-même, ce qui peut s’avérer fort inquiétant si on le confond avec la République qui n’en est qu’une forme possible et, je l’espère, non définitive
Je suis un fervent défenseur de l’Etat, d’un Etat arbitral, souverain et fédératif, et non de cette République qui, comme on le voit ces jours-ci un peu plus que d’ordinaire, inscrit la division et la soustraction dans son principe même : que d’énergies perdues dans ce « combat des chefs », dans cette querelle des ambitieux qui résume, dans une tragi-comédie digne de carnaval, l’échec d’une République qui avait tant promis et tant fait espérer
Et il est indéniable que le roi a toujours proné le bien être de ses sujets, et bizarrement ils se sont révoltés ...
Rédigé par : Zoubi | 01 mai 2007 à 14:33