La Chine est devenue une puissance économique de premier plan et un partenaire recherché par les multinationales du Nord : aussi, elle fait l’objet de toutes les convoitises et de toutes les attentions, voire de toutes les flatteries
Les Jeux olympiques qui s’y préparent seront, nous dit-on, une occasion formidable de faire avancer la cause des libertés dans ce vaste empire : il y a du travail, comme le montrent quelques anecdotes (pas si anecdotiques que cela, d’ailleurs
) récentes.
En voici trois, tout à fait révélatrices :
1. Samedi dernier, dans l’après-midi, le grand portrait de Mao qui surplombe la place Tienanmen, à Pékin, a été « vandalisé » par un chômeur, venu de la province musulmane du Xinjiang, qui a lancé sur cet immense tableau un projectile enflammé et provoqué un début d’incendie. Ce « crime » de lése-Mao risque de valoir à son auteur, Gu Haiou, un passage sans doute assez long dans les geôles chinoises : le précédent « profanateur », qui avait maculé de rouge ce même portrait, a passé 17 ans en prison
2. Le dalaï-lama subit, comme le souligne un article paru mardi 15 mai dans « Le Monde », un véritable boycott de la part des dirigeants européens tout comme de l’ONU qui a négligé d’inviter le chef spirituel des Tibétains, prix Nobel de la Paix, au Sommet du Millénaire, suite aux pressions du gouvernement chinois
Pendant ce temps, le Tibet continue de subir le joug chinois et, plus grave pour l’avenir même de la civilisation tibétaine, l’implantation massive de populations chinoises sur son territoire, dans l’indifférence générale et le silence diplomatique d’une Union européenne et des Etats du Nord qui pensent, d’abord, à leurs « contacts privilégiés » avec le Marché chinois
3. Le société Google a accepté toutes les contraintes posées par le gouvernement chinois pour pouvoir exister et se développer en Chine, c’est-à-dire, en fait, une véritable censure du moteur de recherche pour les internautes et, encore plus inquiétant, un contrôle de ces mêmes internautes et de leurs écrits et communications sur la Toile. La société Yahoo fait de même pour « sauver » ses investissements dans l’Empire du Milieu
Les actionnaires de ces sociétés ont approuvé, au nom de l’intérêt de leur entreprise respective, ces censures sans que cela émeuve les bonnes consciences qui, dans notre pays, hurlent périodiquement au « fascisme » à la simple évocation de certaines personnalités ou idées politiques
Ainsi, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes
Les affaires continuent
Or, je ne suis pas certain que le refus d’aborder ces dossiers avec les dirigeants chinois soit la meilleure solution. Autant je pense qu’un « boycott des Jeux olympiques » n’aurait guère de sens ni d’efficacité, autant je suis favorable à ce que l’on rappelle, diplomatiquement mais fermement, ses devoirs de respect des droits humains au gouvernement chinois. Sans doute faut-il le faire habilement et sans aller forcément à l’affrontement direct, mais il ne faut pas transiger sur certains thèmes humanitaires et politiques, au risque pour les pays se voulant démocratiques d’apparaître alors comme des « faux jetons » juste bons à dénoncer les dictatures ou les atteintes aux libertés une fois que les régimes liberticides sont sur le point de défaillir ou qu’ils sont déjà passés et trépassés
Sur cette question comme sur d’autres, sans doute faut-il être prudent, mais cela ne signifie pas être absent ou tout laisser passer, même par habileté
L'attitude mercantile que vous dénoncez est le produit direct du capitalisme, qui "valorise" toutes les valeurs.
Rédigé par : Catoneo | 17 mai 2007 à 14:26