Samedi matin, en me rendant à la piscine pour faire ma petite vingtaine de longueurs bihebdomadaires, j’ai eu la surprise, en prenant un raccourci providentiel, de découvrir un square portant le nom de
Jacques Bainville. Mes élèves connaissent bien ce nom, cité abondamment à l’occasion du cours de Première sur la « paix manquée » de 1919 : le livre « Les conséquences politiques de la paix », écrit en 1920, est une référence obligée pour qui veut comprendre comment la paix était « grosse de la guerre future » malgré l’horreur de celle qui l’avait précédée.
Je dois aussi avouer que, gamin, j’ai presque découvert l’Histoire de France dans l’ouvrage intitulé ainsi, dans sa version allégée et illustrée par les dessins de Job, que maman avait elle-même lu une trentaine d’années auparavant, et qui avait été écrit par ce même Bainville qui, tout royaliste qu’il était, trônait (c’est le cas de le dire
) dans toutes les bonnes bibliothèques françaises.
Néanmoins, Jacques Bainville n’aura jamais eu la place qui aurait du lui revenir, celle de Ministre des affaires étrangères et pour laquelle il avait des dispositions évidentes et une ambition certaine : sa place dans le principal quotidien d’opposition au régime de la IIIème République, « L’Action française », le lui interdisait, malgré ses évidentes qualités, reconnues par nombre de parlementaires de l’époque. Bainville restera toute sa vie fidèle à son ami Maurras, dont il était pourtant fort différent, sur le plan du caractère comme de la stratégie politique.
Mais il est des diplomates qui ont lu, qui lisent Bainville, et qui l’avouent parfois haut et fort, celui-ci n’étant pas entaché d’une réputation sulfureuse comme la plupart des auteurs d’Action Française et, donc, ne s’avérant pas aussi compromettant (cela explique d’ailleurs l’existence d’une place à Paris, mais aussi à Vincennes ou d’un square au Chesnay
). Ainsi, l’un des hommes reçus ces jours derniers par le nouvel élu à la fonction présidentielle est un lecteur de Bainville, ce dont il ne s’est jamais vraiment caché (même s’il relativise cette lecture), et son dernier ouvrage a montré un esprit d’analyse et de prévoyance, en somme un esprit éminemment politique et diplomatique qui n’a pas échappé aux monarchistes, toujours sourcilleux sur ce thème de la diplomatie française.
Au fait, petite devinette : qui est-ce ? La réponse dans une prochaine note
A Marseille, il existe une (petite) avenue Jacques Bainville dans le 9° arrondissement.
Il serait intéressant de demander aux lecteurs de ce blog s'ils connaissent d'autres exemples.
Rédigé par : Michel Franceschetti | 15 mai 2007 à 07:16
Vedrine ?
Rédigé par : | 15 mai 2007 à 13:23
Il existe aussi une place et un boulevard Maurice Barrès à Paris.
Rédigé par : Pentagramme | 15 mai 2007 à 19:14
mmouais... vive saint-Bainville qui, mort en 36, n' a pas eu l'occasion de verser dans les divagations de l'AF période 40-45 (trop anti-germaniste en 14, pas assez en 40-45).
Plus sérieusement JP, j'aime beaucoup Bainville mais quelle peut être l'actualité de ses analyses : Mitterrand était parait-il Bainvillien (De Gaulle aussi), d'où son aversion à la réunification allemande, pourtant difficile à ne pas admettre...
Rédigé par : yffic | 15 mai 2007 à 19:32
mmouais... vive saint-Bainville qui, mort en 36, n' a pas eu l'occasion de verser dans les divagations de l'AF période 40-45 (trop anti-germaniste en 14, pas assez en 40-45).
Plus sérieusement JP, j'aime beaucoup Bainville mais quelle peut être l'actualité de ses analyses : Mitterrand était parait-il Bainvillien (De Gaulle aussi), d'où son aversion à la réunification allemande, pourtant difficile à ne pas admettre...
Rédigé par : yffic | 15 mai 2007 à 19:32
Nouvelle mise en page exceptionnelle sur http://hoche.blogspot.com
Rédigé par : Igor Tosk | 15 mai 2007 à 21:57