C’était dimanche dernier la fête des Pères, et j’y ai pensé à travers un incident survenu sous mes yeux quelques jours auparavant, sur la place du marché de Versailles.
Je sirotais un café froid en terrasse de mon bar préféré et bien connu de mes élèves lorsque, à quelques mètres de moi, aux tables de la pizzeria, un jeune homme se mit à frapper maladroitement un serveur qui, surpris, réagit avec la plus grande vigueur au point de faire saigner son agresseur, avant de se rendre compte de la situation réelle : le jeune agresseur était retenu par un vieux monsieur qui, en fait, était son père et qui réussit à le faire se rasseoir alors que la table du restaurant avait basculé. En fait, le jeune homme était un handicapé mental (formule horrible
mais je n’en connais pas d’autre) invité par son père pour une sortie qui était sûrement exceptionnelle : le vieux monsieur, la chemise éclaboussée par une tasse de café qui avait été renversée pendant la courte bagarre, parlait avec une grande patience à ce fils qui, hagard, se raccrochait à lui comme un petit enfant. Cette scène était poignante, véritablement poignante, et lorsque le vieil homme entraîna son fils qui se jeta à nouveau sur des consommateurs en tentant de les frapper de ses poings malhabiles, je croisais son regard à la fois plein de désespoir et de peur que l’on s’en prenne à cet enfant qui, malgré son handicap et ses gestes d’une maladroite violence, était, envers et contre tout, le sien
Cette scène n’a duré que quelques dizaines de secondes et, déjà, ces deux personnes frappées, chacune à leur manière, par un destin cruel s’éloignaient, le visage tuméfié et sanguinolent du fils appuyé sur l’épaule du vieil homme son père.
L’amour d’un père pour son fils : dans un monde qui, souvent, frappe par son indifférence entre les êtres même les plus proches, ce sentiment est le plus beau qui soit
Enfin des paroles censées ...
Rédigé par : Zoubi | 22 juin 2007 à 00:39
Très beau , et très touchant passage.
J'ai perdu mon père en 1991, mais c'est comme si c'était hier.
C'est pourquoi, je suis particulièrement ému par l'intelligence et la sensibilité dont vous faites preuve ... encore une fois.
Amicalement
Rédigé par : Hervé | 03 juillet 2007 à 14:32