Les oraux de rattrapage du baccalauréat sont terminés pour le jury auquel j’appartenais et j’ai rendu la feuille destinée au « remboursement de frais » des correcteurs en l’ayant préalablement rayée et en l’accompagnant d’une lettre courte, voire sèche, dont voici la substance :
« Madame, monsieur,
Je me permets de vous écrire pour vous indiquer mon refus de toucher le moindre centime pour avoir corrigé des copies de bac session 2007 et fait passer des oraux de rattrapage le mardi 3 juillet au lycée de Saint-Cyr L’école : en effet, je refuse de cautionner ces « trente deniers » qui me paraissent couvrir ce qu’est devenu le baccalauréat, c’est-à-dire une véritable trahison de l’espérance et de l’intelligence
».
Cette lettre est une réaction de colère devant ce véritable scandale qu’a été la session 2007 : j’ai déjà évoqué dans une précédente note les « consignes confidentielles » qui ont été données aux coordinateurs et qui sont révélatrices de l’état d’esprit qui règne dans l’Education nationale, ou plutôt dans ses instances rectorales et administratives.
Les sujets n’étaient pas d’une grande difficulté, dans l’ensemble, et, selon de nombreux collègues, étaient dans certaines matières, de niveau « troisième »
Je ne serai pas aussi sévère pour toutes les épreuves, mais il est certain que les sujets d’Histoire-Géographie ne présentaient pas de réelle difficulté et qu’il n’était pas nécessaire d’avoir été présent aux cours durant l’année scolaire ou d’avoir beaucoup travaillé les chapitres des manuels pour pouvoir obtenir une note convenable, sachant que, pour l’Académie de Versailles, les inspecteurs pédagogiques régionaux (IPR) sont allés jusqu’à proposer de ne pas sanctionner la paraphrase dans la « réponse organisée » sur les espaces moteurs de la mondialisation ! C’est-à-dire de nier dans la pratique tout ce que nous apprenons à nos élèves durant les années de lycée !
Un de mes anciens élèves, qui a d’ailleurs décroché une mention « Très Bien » qu’il méritait largement (et dont je le félicite), a évoqué ses impressions de candidat au bac 2007, que je vous conseille de lire sur : http://pentablog.over-blog.fr/article-10921779-6.html, et qui confirme, par la bouche d’un des principaux intéressés à cette épreuve, ce que je pense
Dans ma lettre, j’évoque une « véritable trahison de l’espérance et de l’intelligence » que constitue cette session : cela n’enlève rien au mérite de ceux qui l’ont obtenu parfois brillamment (mais certains ont sans doute profité de la « vague »
), bien sûr, et qui sont dans un système dont ils ne peuvent, par la force des choses et des cursus scolaires, s’affranchir pour l’instant (de toute façon, c’est après que tout se passe).
Trahison de l’espérance, car de nombreux élèves d’établissements moins favorisés que mon lycée Hoche se font du bac une idée qui n’est plus, dans la réalité, qu’une illusion et les lendemains qui chantent auxquels l’Education nationale leur fait croire ne sont qu’un mirage qui se perd souvent dans les sables mouvants des universités et des diplômes aujourd’hui nombreux à être sans véritable valeur
Les déceptions qui en résulteront risquent fort de tourner au ressentiment et à la colère sociale
Trahison de l’intelligence, car le bac créé il y a presque deux cents ans (en 1808) par Napoléon 1er ne couronne plus des compétences ou des savoirs mais les « efforts » des candidats comme nous l’expliquait un IPR d’Histoire il y a quelques semaines, sans juger des qualités intellectuelles et du travail véritablement accompli
Du coup, la dévalorisation du bac devient de plus en plus criante et ne sont plus prises en compte pour l’entrée dans certaines grandes écoles (les inscriptions étant souvent antérieures au bac lui-même et fondées sur les dossiers scolaires et sur les résultats de Première et des deux premiers trimestres de Terminale) que des notes qui précèdent l’épreuve du bac tandis que, pour d’autres, ce sont les mentions qui sont déterminantes, et non plus la seule obtention de l’examen
Alors, que faire ? Supprimer le bac ? Le réformer ? La question est posée et j’espère que la réponse sera rapide sur le plan pratique pour arrêter le scandale
c'est courageux de dire tout haut ce que les gens pensent tout bas ; il n'y a qu'à constater le niveau ridiculement bas des bacheliers qui entrent dans le monde du travail .
Rédigé par : DANIEL | 04 juillet 2007 à 20:22
J'ai donné quelques cours de France, pour des éleves de 1ère, le niveau est bas. Ils n'ont aucune culture literraire, et ne savent pas placer un auteur dans un courant de pensée et son époque.
Rédigé par : partisan blanc | 05 juillet 2007 à 16:04
Comme si l'on ne le savait pas déjà... Chaque année est pire que celle d'avant... Enfin bon, ce n'est pas pour ça que je vous écris cher M. Chauvin...
Après plusieurs jours d'attente insoutenable, THYSS, a réussi à mettre en ligne les photos de Monseigneur "Vous- même" (comme vous me l'avez écrit sur ce qui me sert de Blog) en salle 225, pendant la remise des prix du concours du Chauvin, ou vous avez été l'unique et génial vainqueur...
Sur ce, bonnes vacances, et n'oubliez pas que comme chaque année, "Il faut les 85%"...
THYSS...
Rédigé par : THYSS | 06 juillet 2007 à 13:38
Monsieur Chauvin,
je serais heureux de vous inviter à la soirée de lancement de la communauté des lecteurs de Maurice G Dantec.
Contactez-moi via l'email que je viens de laisser à l'emplacement prévu.
Rédigé par : Festivus festivus hunter | 06 juillet 2007 à 16:34
Bravo JP,
J'espere que tu nous raconteras l'épilogue avec l'éducnat... RDV au GLR!!!!
J'aurais quelques gribouillis à te montrer j'espere....
A R
Rédigé par : charvet | 06 juillet 2007 à 18:30
Yop ^^
Moi j'ai profité sans aucun scrupule de la vague, et, ayant assisté à moins de la moitié des cours, ai eu mon bac avec 11 de moyenne... Sans avoir la moyenne dans aucune de mes matières clés, c'est à dire les scientifiques.
Comme quoi... Le niveau est plus que bas :)
Rédigé par : Hugo | 18 août 2007 à 23:21
Le baccalauréat a-t-il, maintenant, une valeur ? C'est une question que les élèves et les professeurs se posent de plus en plus. Le terme "valeur" nous paraît ici suffisamment explicite, il n'est pas nécessaire de faire preuve de prolixité à ce sujet, tout le monde comprend. De plus, lorsque nous lisons votre article à propos des lettres confidentielles, nous comprenons pourquoi le "coup de gueule" était inévitable.
Certaines universités, me semble-t-il, souhaiteraient faire des concours pour les admissions des élèves. Ceci est (parfaitement) compréhensible lorsque nous considérons que le niveau global de l'épreuve qui attend chaque lycéen régresse de plus en plus.
Un petit mot à propos de Pentagramme, j'ai lu à l'instant son compte-rendu et la petite définition "adjonction" est quelque peu surprenante ; du moins, il faut que chaque candidat comprenne et, apparemment, ceci n'est pas forcément le cas pour tout le monde, ou peut-être les professeurs ont-ils préféré s'assurer que le sujet était suffisamment clair et compréhensible (n'y voyez aucune prétention de ma part et aucun mépris).
Reprenez-moi si j'ai tort, mais, d'un certain côté, j'ai l'impression qu'il y a, outre les notations "gentilles", un certain regroupement des notes vers les mêmes fourchettes de moyennes. C'est quelque peu étonnant et cela dénature l'épreuve qui voit son intérêt limité.
Heureusement, il existe les mentions. (Par ailleurs, elles ont été établies -ou réétablies- pour le Brevet des Collèges, et la mention "très bien" permettrait à l'élève de choisir librement son lycée, ce qui paraît quasi-impossible au vu des procédures nécessaires ; or il ne s'agit pas de cela ici...) Revenons au baccalauréat. Comme le diraient certains lycéens, "il ne faut pas viser le bac. Il faut viser la mention". Prétention ou strict nécessaire pour avoir un diplôme de valeur ?
Enfin, il est rare que les professeurs aient l'audace de contester le "système" qui paraît si bien pour d'autres (un jour, on arrivera à 100% de réussite au baccalauréat)... Bravo pour ce "coup de gueule", car, généralement, certains professeurs préfèrent se taire pour sauver leur peau (assurément...). Louable...
Terminons par une citation que vous reconnaîtrez sans peine : "Louis XIV a vécu deux cents ans et a été décapité." Un jour, l'histoire sera réécrite par la jeunesse ;-)
Rédigé par : Sixte P.a.a. | 22 août 2007 à 22:16