La France sort d’une longue période électorale qui a vu se succéder la présidentielle, « la reine des élections » dans le système de la Ve République, et les législatives qui, conformément à une « habitude » politique, donnent au nouvel occupant de l’Elysée une majorité parlementaire suffisante pour appliquer, s’il le souhaite, ce pour quoi une majorité d’électeurs l’a choisi. Mais, si M. Sarkozy a été élu en mai dernier avec une confortable avance sur sa rivale Mme Royal, celle-ci déclarait quelques jours après qu’elle était prête pour la « revanche » en 2012 tandis que le Président laissait entendre qu’une bonne décennie lui serait nécessaire pour mener à bien son ouvrage : la prochaine élection à la magistrature suprême est déjà le nouvel horizon politique, comme le confirment les pronostics parus dans la presse et indiquant les préférences des Français quant au candidat à opposer au Président sortant
Ainsi, la République apparaît, en particulier depuis l’adoption du quinquennat, en situation de « présidentielle permanente » : il n’est pas certain que le débat politique y gagne en qualité et en profondeur, ainsi borné entre les ambitions des uns et des autres à vouloir conquérir le poste de « calife » alors que celui-là même n’a pas encore pris la mesure de ses fonctions.
Toute cette agitation ne semble guère avoir affecté M. Sarkozy qui se pose en véritable réformateur de la vie politique et des institutions de ce pays en pratiquant une habile ouverture, au risque de mécontenter ses propres soutiens, et en convoquant une Commission de treize personnalités (qualifiées, sans doute un peu gravement et trop vite, de « sages »
) chargée de réfléchir à une nouvelle architecture institutionnelle qui, sans changer le « numéro » de la République, en transformerait tout de même le sens et le nature, sans doute (si l’on suit les précédentes déclarations de l’hôte de l’Elysée) vers une présidentialisation du régime.
En mettant en place cette commission, M. Sarkozy déclarait faire appel aux compétences et aux opinions les plus diverses sur cette question si importante des institutions françaises : cela n’est pas, en soi, une mauvaise idée et c’est une occasion pour les monarchistes, même s’ils sont absents de cet organisme, de faire valoir leurs arguments pour la fondation d’un nouveau régime et, plus précisément, d’une Nouvelle Monarchie dont ils parient que l’instauration aurait comme avantage de rendre des forces à notre pays face aux défis de la globalisation.
Dans notre temps et notre monde, quels sont les éléments qui donnent une « valeur ajoutée » à la Monarchie et en font, non pas seulement une option « sympathique » mais une nécessité politique ?
Tout d’abord, il convient de préciser que, si nous ne méconnaissons pas les monarchies étrangères (elles-mêmes aussi variées que les formes de République sur la planète, et diversement appréciées, à ce titre, par les royalistes français), il s’agit de traiter du cas français, de la particularité et de la personnalité de notre pays et de son histoire à nulle autre pareille : la Monarchie française, si elle a pu lorgner ses voisines, n’en a jamais fait des modèles à suivre tout comme les monarchistes, s’ils ont pu (et peuvent) s’enthousiasmer pour ou s’appuyer sur des exemples étrangers qui confortent leurs thèses, n’en tirent que des leçons et des illustrations sans en faire des « obligations », ce qui serait contraire au sens même de la tradition royale française, indépendante par excellence de toute puissance extérieure.
Bien sûr, la Monarchie semble lointaine dans notre histoire nationale puisque le dernier roi en exercice, Louis-Philippe, a quitté les Tuileries en 1848 et que le trône fut alors réduit en cendres par des émeutiers qui allaient, sans le savoir, amener au pouvoir, quelques mois après, celui qui fut à la fois le premier président élu au suffrage universel masculin et le « second empereur » dont la dictature bonhomme allait mener à la défaite de Sedan et à l’occupation de la France par les troupes prussiennes (entre autres malheurs)
Ainsi, il faut bien reconnaître que les arguments historiques, aussi probants soient-ils, n’ont-ils guère d’impact positif sur les esprits de nos contemporains, souvent « formatés » intellectuellement sur des critères « républicains » (le terme plus exact serait « républicanistes » même s’il n’a pas encore trouvé sa place dans le dictionnaire
) qui ne laissent guère de prise aux arguments monarchistes « classiques », du type « les rois qui ont fait la France » : car, si cette formule est tout ce qu’il y a de plus vraie sur le plan territorial et si son pendant (« elle se défait sans roi ») l’est tout autant, nos contemporains, s’ils peuvent même souvent l’admettre, n’en tirent rien d’autre qu’une sorte de reconnaissance qui ne fait des règnes capétiens, valois et bourbons, que des passages désormais « passés »
S’inclinant à Saint-Denis sur les tombeaux des rois, ils ne voient plus les souverains que comme des statues appartenant à une époque glorieuse et tellement lointaine qu’elle semble se confondre avec les brumes de l’imaginaire ou du légendaire, du type Aragorn, roi vaillant du « Seigneur des anneaux »
D’autre part, la France leur semble une telle évidence, trouvée dans leur berceau, qu’ils n’en voient plus la longue maturation, construction et existence, et qu’ils n’en ressentent même plus la fragilité ou, parfois, l’utilité, préférant le rêve européen ou les délices du néo nomadisme de la mondialisation.
Et puis, presque 160 ans sans roi, c’est un temps fort long pour des générations qui vivent de plus en plus dans une sorte de « temps accéléré », voire de « présent perpétuel », et, du coup, c’est la République, qu’elle soit la troisième, la cinquième ou la treizième, qui est devenue la tradition et qui semble se confondre avec l’histoire de notre pays. Bien sûr, cela n’enlève rien à la vérité historique qui n’est guère à la gloire de la République quand on la compare à la Monarchie ; bien sûr, il est important de mieux connaître notre passé, sans préjugé ni faiblesse, et d’en montrer les grandes lignes de force et comment la Monarchie a souvent su affronter ce que la République a préféré ne pas voir au risque d’entraîner le pays dans des catastrophes dont il paye encore le prix, ne serait-ce que moral ; bien sûr, il faut démonter la « matrice républicaine » par excellence que constitue souvent l’Education nationale, en particulier à travers les manuels d’histoire dont on a parfois l’impression qu’ils ont été rédigés non pour instruire mais pour « formater » les jeunes intelligences au service d’une République et de ses fameuses (et fumeuses) « valeurs », plus hypocrites qu’autre chose
; bien sûr, tout cela est nécessaire mais ce n’est pas cela qui pèse vraiment, aujourd’hui, dans le débat politique et, en bons « empiristes organisateurs », il nous faut le comprendre et en tenir compte.
La dispute institutionnelle enfle à mesure que le nouveau président déborde de ses fonctions "coutumières" pour tirer le char de l'Etat à meilleure vitesse.
Une commission est installée sous la direction de M. Balladur - c'est celle à laquelle vous faites allusion - et la qualité des "commissaires" créera un buzz médiatique durable. C'est le moment, du moins dès la rentrée de septembre, de promouvoir "notre" réforme institutionnelle au milieu du bruit politique. C'est le moment de se concentrer sur cet axe de propagande, et ne pas se laisser distraire par d'autres combats peut-être virtuels.
Mais pour ce faire il faut un schéma étatique "lu et approuvé" par les responsables de la Cause royaliste. Je ne connais de complètement établi que celui de l'Alliance Royale.
Va-t-elle le promouvoir sur la place publique, sans attendre l'adoubement ? S'est-elle mise aussi en vacances pendant que le pouvoir travaille ? (c'est de l'humour)
Rédigé par : Catoneo | 26 juillet 2007 à 18:50