Mercredi soir, le Journal télévisé de Canal+ annonçait l’extinction désormais officielle (mais déjà annoncée en décembre 2006, dans l’indifférence générale) du dauphin d’eau douce de Chine, le « baiji », une espèce sans doute très ancienne qui avait gardé des traits de ses lointains ancêtres terrestres mais qui n’a pas eu le temps de livrer tous ses secrets avant de disparaître à jamais, victime de la pollution, du trafic maritime et de la construction du grand barrage des Trois-Gorges sur son fleuve, le Yang-Tsé-Kiang. C’était pourtant une espèce protégée depuis 1970, mais cela n’a évidemment pas suffi devant les intérêts économiques d’une Chine en pleine expansion et en passe de devenir la principale puissance industrielle du monde.
Jeudi matin, l’ourse slovène « Franska », introduite en 2006 dans les Pyrénées pour permettre la pérennité de la présence multimillénaire des ours dans les Pyrénées, est morte d’un « banal » accident de voiture... En fait, la souche pyrénéenne des ours est déjà éteinte, d’une certaine manière, car la dernière ourse d’origine purement pyrénéenne était la fameuse « Canelle », tuée en 2004 par un chasseur. Il reste aujourd’hui 19 plantigrades dans les Pyrénées, tandis qu’on en comptait environ 150 il y a un siècle : je me souviens d’une photo de 1906 où des paroissiens, pour défendre leur église contre les « inventaires » décrétés par la IIIe République dans sa phase la plus anticléricale, avaient à leurs côtés, solidement tenus en chaîne, deux ours dressés sur leurs pattes arrières...
Bien sûr, les temps ont changé et l’espace des hommes et de leurs activités s’est redéployé, souvent au détriment des territoires « naturels » et de leurs occupants sauvages. Les conditions mêmes de l’élevage pastoral, dans lequel la présence humaine est moins importante que jadis, sont souvent antagoniques de l’existence même de grands prédateurs et cela explique la colère, plus ou moins justifiée (le débat n’est pas vraiment clos...), de nombreux éleveurs inquiets pour leurs troupeaux. En même temps, il n’est pas inutile de rappeler que la réintroduction d’ours, artifice en soi (mais n’est-ce pas nécessaire si l’on veut maintenir une présence de plantigrades dans les Pyrénées ?), a entraîné le recours à une autre espèce animale, elle aussi jusque là en voie d’affaiblissement (comme de nombreuses espèces d’animaux domestiques désormais négligées car peu « rentables »...), le chien patou.
La biodiversité ne doit pas devenir un « musée », cantonné à quelques zoos ou réserves, aussi vitales soient-elles : elle doit être une réalité vivante et enracinée et les hommes doivent lui accorder des espaces suffisants pour lui permettre de se maintenir et de s’exprimer, en France comme ailleurs. Malheureusement, dans une société qui privilégie son « bon plaisir », l’animal sauvage apparaît, au mieux comme un jouet, au pire comme un ennemi à détruire.
La France a la chance de posséder une flore et une faune sauvages très diverses, dont nos concitoyens n’ont pas toujours conscience et qu’ils n’imaginent pas, pour la plupart, en danger. Et pourtant ! La faune des étangs, par exemple, est menacée par la pollution comme celle des littoraux par la pêche intensive (y compris par les amateurs vacanciers) ou le ramassage systématique et sans précaution des coquillages.
L’une des grandes tâches actuelles de l’Etat doit être de permettre la sauvegarde de la biodiversité et la préservation des espaces naturels : en somme, « sauvegarder l’héritage »... Mais, et il faut reconnaître que M. Chirac a joué un rôle non négligeable dans une certaine prise de conscience au niveau international, la France doit aussi montrer l’exemple et, là où c’est possible, initier une nouvelle politique mondiale de l’environnement : le « souci environnemental » est aussi un « souci » éminemment politique, et, comme le disait Bernanos (et ce n’est pas Nicolas Hulot qui le démentira), là aussi, « le monde a besoin de la France ». La puissance ou l’influence d’un pays ne se mesure pas seulement en termes de PIB ou de PNB mais par les initiatives concrètes, y compris dans des domaines qui peuvent sembler « peu porteurs » : c’est l’honneur de notre pays d’être là où se joue le sort de l’humanité toute entière, et d’y imprimer sa marque, nécessaire... C’est un honneur qu’elle ne doit pas fuir mais assumer, gravement et sûrement. Pour ceux qui viendront après nous...
Je pense que le principal problème au retour de grand prédateur (ours, loup) reste l'exploitation des ovins pour leur viande et non pour leur lait. Cela conduit à avoir des toupeau plus grands, donc plus attacable. La réintroduction de L'ours est un moyen de se poser la question de l'exploitation que nous faisont de la montagne... Il y a certainement des évoultions à faire dans le métiers pour favoriser la cohabitation: chiens de garde, bénévole/employés pour garder les troupeau la nuit...
Vous avez raison pour la résponsabilité de france concernant notre patrimoine naturel. On le voit en Guyan ou en Nouvelle-calenonie, des écosystème rares sont menacé. les protégé serait une façon de nous excuser de l'exploitation outranciére que nous avons faite en Afrique noire... Il suffit de comparer le patrimoine biologique de nos anciennes colonies, et celui du kenya, ou de la Tanzanie pour comprendre quesur ce point les anglais on été plus visonaire que nous.
Rédigé par : Xavier | 19 août 2007 à 18:28