Sur la Toile se déroulent de nombreux débats, y compris autour de la Monarchie : voici quelques bribes de discussions qui peuvent éclairer mes positions sur ma vision du régime monarchique, celui que je souhaite pour la France :
A propos de la monarchie et de l’unité nationale :
Un intervenant s’appuie sur le cas de la Belgique pour contester l’idée que le roi puisse être un arbitre et le symbole de l’unité nationale :
Dans le même temps, plus près de chez nous, nous sommes en train d'assister à un déchirement de la Belgique entre les Flamands (dans la partie nord la plus riche et la plus dynamique de Belgique) et au sud les Wallons francophones. Déjà la Wallonie et la Flandre ont leur propre parlement.
Si les Wallons sont très royalistes et attachés à l'unité du pays, les Flamands sont quant à eux de plus en plus favorables (regardons les résultats en hausse du parti nationaliste flamand, le Vlaams Belang) à une république flamande.
Dans ce cas précis, le roi ne joue pas le rôle d'arbitre et semble au contraire cristalliser les oppositions entre ces deux peuples.
On voit bien que la monarchie en elle même ne résout pas les problèmes des sociétés mais comme en République, il faut une véritable volonté (et une vision) politique que Raman IX, le roi de Thaïlande, possède mais que la dynastie belge ne semble plus avoir.
Ma réponse : Le cas de la Monarchie belge est intéressant car elle doit faire face à la poussée de certains ethno-nationalismes, en particulier flamand, et elle est effectivement en première ligne car "supprimer la monarchie, c'est supprimer la Belgique" comme le dit le Vlaams Belang. En fait, le roi Albert II et sa famille sont plus actifs qu'on le croit généralement mais ils sont gênés par un certain esprit du temps qui pousse en avant les communautarismes au risque de défaire l'unité de la Belgique. Les discours récents du roi sont d'ailleurs fort explicites contre les dérives racistes de certains Flamands qui se veulent républicains car ceux-ci savent bien que, de par son essence, la monarchie dépasse les barrières communautaires et joue le rôle d'un trait d'union nécessaire. A lire, à ce propos, le livre de Paul Vaute, "Voie royale", qui fait la description la plus fine qui soit de la monarchie belge, de sa nature et de son fonctionnement.
En tout cas, cela rappelle que la monarchie, si elle doit sublimer par nature les différences et diversités d'opinion d'une nation, n'est pas pour autant un facteur "neutre" de l'unité de ce pays mais la « condition active de l’unité nationale » : si celle-ci vient à disparaître, le pays ne dispose plus de sa colonne vertébrale, à moins d’en imposer une, fondue dans l’acier de l’autoritarisme, voire du totalitarisme
L’histoire des nations d’Europe est pleine de ces drames causés par l’élimination des monarchies, le plus souvent au nom d’un funeste « principe des nationalités » hérité des idées de la Révolution française.
Dans le cas français, il est marquant de constater que la République n’a pu s’imposer que par la destruction de tout ce qui lui était opposé et des libertés provinciales, communales comme professionnelles. Maurras, à la suite des royalistes du XIXe siècle, a repris le combat contre « l’uniformisation jacobine » en lui opposant la notion de « monarchie fédérative » évoquée, en particulier, dans son ouvrage « L’étang de Berre », tout comme il avait défendu l’idée, reprise de son ami provençal Arnavielle, du « roi des provinces unies », du roi trait d’union et principe actif de l’unité des diversités, de ce roi qui sublime les différences pour mieux assurer la vie de l’ensemble national sans pour autant opprimer les « libertés du pays réel » : c’est parce que l’Etat royal est indépendant des factions, qu’il ne leur doit rien, et qu’il est fort de cette liberté première, qu’il rend possible, y compris dans les tempêtes, une véritable décentralisation et non une simple déconcentration qui ne pourrait qu’attiser les séparatismes et les identitarismes
Un de mes amis royalistes (du www.royalartillerie.blogspot.com ) intervient à son tour :
On néglige trop souvent l'influence des familles royales dans nos monarchies people.
Outre le facteur de cohésion nationale, ces familles servent de repères et de modèle quand les temps l'exigent. Le roi de Siam est dans ce rôle. Le roi des Belges est intervenu efficacement contre les désordres des institutions dans les affaires de moeurs. Dans les vieilles monarchies nordiques (Pays-Bas compris) l'attitude de la famille royale en temps de guerre a été d'un grand secours moral aux affligés et au Danemark efficace tout court - le roi y fut un héros. Par contre celle du père d'Albert II fut mal acceptée, ce qui prouve en creux son influence.
Et plus récemment en Espagne, c'est bien le côté évènementiel de la famille royale qui a "décalé" les fermentations fascisantes en les ringardisant. Mais on aurait pu attendre de la reine Sophie le mot de trop qu'on lui aurait aussitôt pardonné, sur les lois décadentes du gouvernement Zapatero. En revanche l'implication (toujours indirecte) du roi dans le paysage basque est positive. Il est aussi leur roi, puisque titré "Roi de toutes les Espagnes". Dès qu'ils en seront vraiment convaincus les Basques se calmeront. (
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Il n'est pas impossible qu'on puisse substituer un jour prochain au président quinquennal actuel dont l'élection provoque un tumulte dévalorisant pour la fonction de chef d'Etat et un drainage d'énergie insupportable, une sorte de secrétaire perpétuel de la Nation qui ne s'userait pas dans la politique du quotidien, mais représenterait plus dignement le pays et serait son point fixe par rapport auquel les communautés diverses se parleraient. (
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Post-scriptum : les textes ci-dessus sont tirés de commentaires publiés sur mon blogue il y a quelques mois, mais il m’a semblé intéressant de les republier sous la forme de cette note pour les livrer au plus grand nombre.
La monarchie fédérative du modèle maurrassien réorganiserait le tissu institutionnel décentralisé actuel.
C'est un dispositif qui n'a jamais été débattu devant le peuple et ses promoteurs se sont retranchés derrière les élections régionales périodiques pour laisser croire à une large acceptation ; exactement comme il en fut des institutions européennes légitimées par les élections au parlement de Strasbourg. La première consultation populaire sur l'essence même du Projet (mai 2005) lui fut fatale.
Qu'adviendrait-il si la décentralisation était mise en débat ? Il n'est pas sûr qu'elle l'emporte, aussitôt qu'auront été discutées les fabuleuses dérives auquelle elle a donné lieu et le coût administratif exorbitant qu'elle a généré.
Souvenons-nous de temps en temps que l'égalité de traitement promulguée par la Constituante a été accueillie par des transports d'allégresse dans les provinces qui ne voulaient plus des innombrables disparités de l'Ancien régime.
C'est un vrai problème.
Rédigé par : Catoneo | 25 août 2007 à 15:13
La situation de la Belgique est plus complexe encore... De par mes origines belges et selon les témoignages d'amis que j'ai dans les deux communautés du pays, je peux dire que si la classe politique se nourrit de ces tensions entre les deux communautés, une grande majorité du peuple Belge tient à l'unité du pays... D'ailleurs, suite à la crise politique qui secoue actuellement le pays, bon nombre d'observateurs reconnaissent que le peuple n'est pas du tout attiré par le séparatisme... Que le Roi reste une valeur sûre pour le pays... Un nouveau "parti", B+, qui milite pour l'unité du pays rencontre un succès grandissant, même parmi les hommes politiques flamands... Alors, le vote "Vlaams Belang" me direz-vous ? Je le vois un peu comme chez nous le vote FN... Un vote protestataire, un repli face à une situation de crise mondiale... Face à des peurs qu'on agite un peu partout dans nos pays... Peu de belges semblent d'ailleurs préoccupés par cette nouvelle crise politique... Comme si chez eux aussi, le monde politique et la population étaient chacun dans un monde différent... Mais eux, ils ont le Roi et la Famille Royale, véritable ciment du pays... Nous n'avons pas, hélas, encore cette chance...
Rédigé par : Jean-Marie | 26 août 2007 à 11:47