Dans le cadre de la préparation du « Grenelle de l’environnement », les débats et les propositions, plus ou moins réalistes, se multiplient : celle qui a soulevé le plus de réactions, souvent indignées, évoquait la réduction de la vitesse maximale des voitures sur autoroute à 120 km/h. En effet, de nombreux automobilistes y ont vu une atteinte insupportable à leur liberté, ce que démontraient les propos d’auditeurs sur RTL lundi 17 septembre, parfois très courroucés, au-delà même du raisonnable. Cela montre surtout la difficulté d’envisager sereinement une politique écologique et de persuader les citoyens-consommateurs de la nécessité de « faire des efforts » dès que leur mode de vie semble devoir en être affecté ou, simplement, modifié. Cela prouve aussi la dépendance de nos contemporains (toutes générations confondues) à l’égard de la voiture, confondue avec l’expression même de la liberté individuelle.
Sur cette proposition même, que dire ? D’abord, ce n’est pas la première fois qu’est évoquée la réduction de la vitesse maximale sur autoroute : il y a quelques années (en 2001, je crois), la proposition portait sur 115 km/h, ce qui avait déjà provoqué un hourvari dans l’Opinion automobiliste. Pourtant, en ces temps de hausse des prix des produits pétroliers, de la réduction des ressources mêmes et, surtout, de la dégradation de la qualité atmosphérique (et pas seulement aux abords des grandes villes) qui entraîne souvent des problèmes de santé (en particulier pour les enfants ou les plus faibles), une telle mesure, si elle s’avère insuffisante, n’est pas forcément inutile, en particulier si l’on se rappelle que 36 millions de véhicules roulent en France, sans compter les touristes de passage et les déplacements professionnels de nombreux étrangers dans notre pays. Le quotidien « La Croix » signalait, dans son édition du lundi 17 septembre, que « les efforts entrepris n’ont pas suffi à enrayer le dérapage continu du secteur des transports qui a augmenté ses rejets de gaz à effet de serre de 22 % en quinze ans ». Et le journal de préciser les choses dans un article fort précis et intéressant : « 47 % des voitures neuves vendues en France l’an dernier émettent moins de 140 g de CO2 par kilomètre, le seuil européen en 2008 selon l’accord volontaire passé entre la Commission et les constructeurs. Mais, dans le même temps, les cylindrées augmentent, la climatisation se généralise et 25 % des véhicules neufs émettent plus de 160 g/km, et même caracolent au-delà des 250 g. » Ainsi, les efforts d’économie sur les carburants sont-ils annihilés par la propension tendanciellement forte à vouloir plus de confort en voiture et à ne plus savoir se passer de climatisation (le même problème se pose pour l’habitat
).
Du coup, au regard de la situation actuelle, la proposition de réduire la vitesse maximale sur autoroute n’est pas particulièrement scandaleuse, même si s’en contenter serait tout aussi néfaste que ne pas la mettre en uvre, même de façon provisoire ou transitoire. Il faut d’ailleurs noter que, cette année, une campagne pour réduire sa vitesse automobile, et donc sa consommation énergétique, a été initiée sur les chaînes de radio, sans grand succès, preuve que l’information et la prévention ne suffisent plus si l’on veut l’efficacité sur le plan environnemental et des économies d’énergie. Faire appel à la responsabilité de chacun doit être privilégié mais il revient à l’Etat de donner l’impulsion pour mettre chacun devant ses responsabilités et devoirs civiques.
Personnellement, j’ai fait l’expérience de rouler à 115-120 km/h sur autoroute lors de mes (rares) incursions sur celle-ci cet été, en particulier entre Le Mans et Paris : sans avoir l’impression de perdre du temps, j’ai effectivement constaté que ma consommation d’essence restait fort raisonnable et les hausses successives de celles-ci ne m’ont, du coup, guère affecté, d’autant que j’ai roulé tout le reste du temps sur des nationales et des départementales sur lesquelles la vitesse autorisée oscille entre 50 (dans les villages) et 110 (sur les « quatre voies »), économisant ainsi et aussi les (chers) péages d’autoroutes, celles-ci trop souvent surchargées lors des grandes migrations estivales...
Nous verrons ce que deviendra cette proposition lors des réunions du « Grenelle de l’environnement ». Mais il faudra aussi se pencher sur le principe même des autoroutes et sur la proposition d’un moratoire sur la construction de celles-ci, proposé (toujours dans « La Croix ») par le socialiste Joseph Spiegel, président de la communauté d’agglomération de Mulhouse et membre du Grenelle environnemental. Tout comme il faudra poser la question de la rurbanisation et celle, fondamentale pour les décennies qui viennent, de l’aménagement équilibré des territoires de France, véritable enjeu politique, économique, social et écologique. Ce « Grenelle de l’environnement » peut, si l’Etat le veut, marquer un véritable tournant dans la politique environnementale. Mais la République, souvent proie des « nouveaux féodaux » (les groupes de pression économiques ou particularistes, par exemple), osera-t-elle « penser et agir » en véritable Etat digne de son nom ? La réponse dans quelques semaines
bonjour, rien a voir avec votre article, mais ublog va fermé, je suis régulierement votre blog. vous allez changer d'hébergeur? si oui lequel?
bonne continuation.
Rédigé par : zuby | 21 septembre 2007 à 08:44