Dans le cadre du « Grenelle de l’environnement » les discussions vont bon train et les propositions sont nombreuses, même si elles ne trouvent pas toujours une oreille attentive près des médias qui se passionnent plus pour les histoires de couples des politiques, de ceux qui gouvernent comme de ceux qui s’opposent (doublement, parfois
), et n’évoquent guère les discussions préparatoires et constitutives de la négociation entre les différents acteurs économiques et politiques concernés par la « question environnementale ».
L’une des propositions avancées la semaine dernière par la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) a surpris (agréablement) les partisans de Nicolas Hulot et tous ceux qui, conscients des problèmes de pollution et d’encombrement, cherchent à trouver des solutions adaptées à la situation actuelle, solutions pas toujours définitives mais le plus souvent progressives et évolutives pour préparer le terrain à d’autres mesures à plus long terme. Ainsi, la FNTR propose-t-elle la réduction de la vitesse maximale des poids lourds à 80 Km/heure et l’interdiction pour ceux-ci de dépassements sur autoroute, tout en demandant, dans le même temps, l’autorisation de superpoids lourds de 44 tonnes.
Ces propositions qui permettraient de diminuer sensiblement (mais pas encore suffisamment, sans doute) les rejets de CO2 dans l’atmosphère et la consommation énergétique sont un premier pas et montrent que même les groupes de pression des routiers commencent à prendre conscience des enjeux environnementaux. Mais ces propositions seront bien vaines si elles ne s’accompagnent pas d’une augmentation sensible du fret ferroviaire et d’un renforcement marqué des possibilités et disponibilités du ferroutage : or, la même semaine, la SNCF annonçait la suppression du fret ferroviaire dans 262 des 1550 gares fret de son réseau, prétextant que c’était ces gares désormais sacrifiées qui, par la pratique du « wagon isolé », plombaient les bilans de l’entreprise. C’est d’ailleurs tout à fait vrai, en tout cas à ce jour. Mais les régions les plus touchées par ces mesures sont celles du Sud-Ouest et du Centre qui risquent de se retrouver de plus en plus isolées alors qu’elles devraient profiter d’une véritable politique consciente et intelligente d’aménagement du territoire. Certes, la SNCF annonce, en contrepartie, qu’elle va se recentrer sur le « haut-débit ferroviaire » pour le fret mais la concurrence rude avec de nouveaux opérateurs sur les mêmes lignes (depuis l’ouverture à la concurrence de mars 2006) risque de la fragiliser plus encore si elle n’accélère pas sa stratégie de conquête près des entreprises de transports routiers et de la Distribution, entre autres.
La grande difficulté est, qu’aujourd’hui, dans le cadre d’une concurrence qui se veut de plus en plus libre (et « sans limites ») et ne raisonne plus qu’en termes économiques et non en termes environnementaux et d’aménagement du territoire (éminemment politiques en définitive
), la SNCF est piégée par des impératifs qui lui font, de plus en plus, s’écarter des devoirs qui étaient les siens et reconnus comme tels quand elle était une véritable entreprise publique nationale qui s’adressait à des « usagers » et non à de simples « clients »
On touche là à l’un des enjeux du Politique pour les années prochaines : reconquérir sa place et son rôle dans la société pour indexer l’économique sur le social et l’environnemental, et non l’inverse, qui serait catastrophique et finirait de faire de l’Etat un simple artifice, un instrument coercitif aux mains de patriciens et de réseaux clientélistes qui oublieraient l’intérêt commun pour ne penser qu’à leurs intérêts particularistes.
La République, piégée par la « démocratie émotionnelle » (doit-on s’appesantir encore sur le spectacle de la dernière présidentielle, ou sur la « pipolisation » de la politique française, entre Cécilia et Ségolène ?), semble bien incapable de relever les défis contemporains, se contentant d’être « gestionnaire » plus ou moins heureuse de notre pays sans se risquer à « oser plus loin »
Si je suis royaliste, c’est justement pour rendre au Politique sa liberté et sa dignité, et lui permettre de remplir son rôle, au-delà, voire parfois contre, des forces économiques ou financières qui ne doivent pas être maîtres du jeu social. Puisque la République n’est plus ce qu’elle se voulait ou prétendait être jadis (parfois avec plus de suffisance et de morgue que de réalité), il faut bien des défenseurs du Politique, de l’Etat et du Service : les royalistes sont de ceux-là
Voilà pour mon adresse.
http://lathyssosphere.blogspace.fr
Amicalement, THYSS
Rédigé par : THYSS | 13 septembre 2007 à 17:47