En économie comme en politique, il n’y a pas de fatalité et l’actualité nous en donne encore des exemples récents : le fabricant Vuarnet, contrairement à de nombreuses marques, a décidé de rester en France pour fabriquer ses lunettes de sport et il a même ouvert la semaine dernière une nouvelle usine à Arbent, dans l’Ain. Comme le signale « La Croix » dans son édition du 8 octobre, « ce choix (...) mérite d’être salué. Bien des marques de luxe n’ont aucun scrupule à faire fabriquer à très bas coût en Extrême-Orient pour vendre à prix d’or dans des boutiques très cossues. Vuarnet cependant n’agit pas seulement par sens moral ou civique. Fabriquer en France est l’assurance d’une grande qualité des produits, d’économies sur les coûts de transport et de protection contre les risques de pillage des secrets de fabrication ».
En quelques mots sont évoquées les qualités d’une fabrication et d’une vente « au plus près », en France : il faut aussi, en ces temps de « Grenelle de l’environnement », souligner l’intérêt d’une proximité entre le lieu de production et celui de consommation, car c’est tout autant de CO2 en moins rejeté dans l’atmosphère, et cela devrait engager à ouvrir d’autres chantiers comme, par exemple et sans tomber dans ce seul paradigme mais en l’exploitant intelligemment, celui de la « relocalisation » de certaines activités industrielles ou, même, agroalimentaires. En effet, est-il normal de délocaliser des entreprises au risque d’entraîner des mises au chômage dans notre pays et la perte de savoirs faire parfois ancestraux, tout cela pour le bénéfice de quelques rentiers actionnaires ou des retraités états-uniens ?
Comme on le voit, produire au maximum ce que l’on consomme en France, loin d’être une simple maxime « nationaliste », est aussi un devoir écologique tout comme il est une garantie de voir respectées des règles sociales « oubliées » dans de nombreux pays du Sud qui ne s’embarrassent pas de considérations morales sur la condition ouvrière. Certains rétorqueront que cette pratique économique nous fermerait les marchés étrangers : mais cela est moins certain si la qualité française reste une référence (et une obligation) et si nous en faisons un point fort de notre « carte de visite ». D’autre part, il est des productions, en particulier agroalimentaires, qui sont attachées à nos terroirs et qu’il s’agit de promouvoir auprès de consommateurs français aujourd’hui plus sensibles à une nourriture de qualité et plus « naturelle ».
Bien sûr, cela remet en cause certaines habitudes prises depuis quelques décennies, mais notre pays comme ses citoyens y ont tout à gagner.
La France a une particularité qu'elle partage d'ailleurs avec la Chine, c'est de se nourrir d'abord de produits frais non industrialisés, même si la lutte des usines est rude pour les faire changer d'idée et passer au prêt-à-bouffer anglo-saxon.
Avec la croissance du bio, cette prédisposition sera la meilleure garantie de "produire français", si quand même on arrive à écraser les marges empilées entre le producteur et le consommateur final, de façon à ce que nos produits ne soient pas torpillés par des fruits et légumes transportés en masse du Chili par exemple !
Rédigé par : Catoneo | 10 octobre 2007 à 19:08