Vendredi dernier, les étudiants d’Action Française m’avaient invité à traiter de « Royalisme et modernité » en leurs locaux parisiens de la rue Croix-des-Petits-Champs : comme d’habitude, j’ai préparé au dernier moment mon intervention, installé confortablement dans un café proche du « 10 », mes papiers et mes coupures de journaux envahissant la table, ne laissant que la place nécessaire pour la tasse.
En fait, mon intervention a été l’occasion de montrer comment le royalisme, loin d’être une nostalgie, apparaît comme la possibilité de relever les grands défis contemporains : ceux de la question institutionnelle, bien sûr, mais aussi ceux de l’écologie et de l’aménagement du territoire, par exemple. J’ai insisté, en cette période de « Grenelle de l’environnement », sur le fait que la question écologique réintroduisait la notion de « longue durée » dans le discours politique et comment les écologistes conséquents ne pouvaient que se poser, à terme, la question du régime susceptible d’inscrire la préoccupation pour les générations à venir dans sa propre constitution, et qu’ils ne trouveraient, s’ils voulaient concilier « continuité environnementale » et « libertés », que la Monarchie à transmission héréditaire, la plus « naturelle » qui soit, celle qui reproduit le cycle même de la nature et qui le résume dans cette formule rituelle « le roi est mort, vive le roi ». D’ailleurs, ceux qui veulent un « développement durable » ne peuvent vouloir qu’un « Etat durable », un Etat capable de dépasser les contingences ou les envies politiques et électorales du moment pour voir au-delà du simple « temps démocratique », forcément limité, et servir de trait d’union, à la fois entre les peuples de France (lien horizontal) et entre les générations qui se succèdent (lien vertical) sur son espace territorial.
J’ai aussi insisté sur l’indépendance que procure la naissance qui, contrairement aux élections, ne s’achète pas et donne au monarque une position naturelle d’arbitre qui ne doit rien aux clientèles électorales ou aux pressions financières et industrielles. Bien sûr, je parle de la Monarchie « à la française », c’est-à-dire active et éminemment politique, cette Monarchie qui ne se contente pas d’inaugurer les chrysanthèmes mais donne l’impulsion aux grands projets sans pour autant priver le gouvernement et les assemblées (nationale comme régionales et municipales) de leurs pouvoirs de représentation et d’administration des communautés françaises. Cette Monarchie qui répond à la fois à la « demande régionaliste » et à « l’exigence nationale ».
Cette Monarchie, si elle veut être crédible et renouer le lien tranché une dernière fois il y a près de 160 ans (un sacré bail...), si elle se doit d’être audacieuse et de ne pas décevoir, doit aussi prendre en compte les réalités et être éminemment pragmatique, cultivant ses qualités sans négliger celles qui peuvent surgir des forces politiques ou sociales du pays, y compris parmi les oppositions qui, soyons en sûrs, ne manqueront pas.
N’oublions pas que la Monarchie, dont la grande difficulté est, aujourd’hui, l’instauration au faîte de l’Etat, à la magistrature suprême de l’Etat, n’est pas un système « parfait » mais un « moyen institutionnel », politique et humain, pour assurer la vie et la transmission (« critique », c’est-à-dire débarrassée des erreurs passées et des expériences échouées, ou simplement des pratiques ou des idées dépassées au regard du moment considéré) de la société nationale. Vaste programme, s’amuserait le général de Gaulle qui, lui-même, a bien été tenté de refaire cette Monarchie mais s’est contenté d’une régence sans lendemain...
Tout cela reste très utopique surtout pour une monarchie basée sur des principes qui datent de 160 ans ...
Au passage, c'est pas avec des images comme celle-ci que vous allez attirer de nouveaux royalistes ...
Rédigé par : Zoubi | 08 octobre 2007 à 20:41
Réponse à "zoubi" :
Un aménagement et un développement durable pour une durée quinquennale (hors périodes électorales, bien sur), là est l'utopie.
Quant aux "principes" (commencement, loi fondamentale, proposition première, etc..), s'ils ont 160 ans ce sont ceux de la première république mais pas de la Monarchie Française qui elle a plus de 1000 ans.
K.
Rédigé par : klaus | 08 octobre 2007 à 22:15
Réponse à "klaus" :
Justement, après 1000 ans, les moeurs ne sont plus du tout les mêmes ce qui explique entre autres pourquoi nous sommes actuellement une république, donc comment voulez vous instaurer votre monarchie ???
Je suis d'accord sur le point de la continuité, cependant si une mesure prise par un gouvernement n'est pas "orientée" politiquement, pourquoi le gouvernement suivant l'enleverait-elle ?
Rédigé par : Zoubi | 09 octobre 2007 à 19:07
Les murs n'ont rien à voir avec les régimes politiques. Notre culture, comme nos habitudes définissent nos murs et 1000 ans de culture cela ne s'oublie pas.
En ce qui concerne la continuité, je ne vous citerai pas les mesures prisent par certains, modifiées ou supprimées par d'autres, au cours d'une même législature parfois.
Admettez que le consensus ne sera jamais atteint pour prendre une mesure politiquement pérenne. C'est bien là le problème, nous n'avons pas d'arbitre "indépendant et durable" à la tête de l'Etat. Et après avoir examiné les régimes politiques sous tout les angles, j'en suis arrivé à la conclusion qu'il nous faut un roi, une monarchie "à la française".
Rédigé par : Klaus | 09 octobre 2007 à 22:18
Mais qui veut une monarchie aujourd'hui ? On a beau avoir 1000 ans de culture derrière nous, les français sont attachés à l'idée de République, même si cela ne leur dis pas forcément grand-chose.
Il y a juste vous les royalistes, quelques utopistes qui ruminent l'Histoire avec des "Si Louis XV n'était pas mort, la révolution n'aurait pas eu lieu" (dixit JP Chauvin).
Et après tout, que voulez vous mettre en place ? Un gouvernement comme aujourd'hui sauf que c'est un roi et non un président ? ou une répartition des pouvoirs datant d'il y a plusieurs siècles, et une grande inégalité sociale avec des privilèges ?
Rédigé par : Zoubi | 10 octobre 2007 à 20:24
Petite remarque: si j'ai évoqué la mort prématurée de Louis XV et fait l'uchronie de sa survie après 1774, en lieu et place de Louis XVI, cela ne veut pas dire pour autant que je méconnaisse l'histoire réelle mais que je cherche à imaginer les "autres possibilités" qui n'ont pas été effectives et ce qu'auraient pu être leurs conséquences: c'est un exercice intellectuel qui ne me semble pas inutile.
J'ai consacré plusieurs notes et articles à ce que pourrait être une monarchie contemporaine, articles dont je conseille (fort peu modestement, je l'avoue) la lecture. Néanmoins, je répondrai dès que j'aurai un peu plus de temps aux questions et aux objections soulevées dans les commentaires ci-dessus.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 10 octobre 2007 à 23:44
Votre vision du royalisme est quelque peu dispatchée entre les différents articles, y en a t il un où vous résumez ? (Svp mettez un lien)
Rédigé par : Zoubi | 11 octobre 2007 à 16:14