Cette semaine était celle des devoirs sur table de mes classes de seconde, cette fois en géographie : les études d’ensemble documentaire portaient sur la marée noire du Prestige, celle de 2002 (sujet commun aux deux classes), mais aussi l’insécurité alimentaire dans le monde (pour l’une des secondes) et la sous-alimentation en Afrique (pour l’autre). Ces thèmes étaient, sont et risquent de rester pour longtemps encore, d’actualité, malheureusement : deux marées noires ont souillé le mois de novembre (sur les côtes américaines et en Mer noire) et « les Restos du cœur » viennent de rouvrir les portes ces dernières semaines tandis que plus de 820 millions de personnes souffrent quotidiennement de la faim dans le « Sud » (35 millions dans les pays du « Nord »)… Tristes réalités à l’heure où nos grands magasins regorgent des derniers produits « high-tech » ludiques et où les écrans de télévision débordent des publicités clinquantes pour l’inutile et le gadget…
En fait, je ne reproche pas à mes contemporains de vouloir s’amuser, mais je reproche à notre société d’être devenue, selon le mot de Philippe Murray, « distractionnaire », et de négliger ses devoirs à l’égard des plus faibles mais aussi des générations futures. Je lui reproche de n’avoir que la consommation comme fin alors que la qualité de la vie ne se mesure pas à la simple accumulation d’objets, Dieu merci. De plus, cette société de consommation qui s’étend avec tous ses excès à la Chine littorale et à l’Inde urbaine apparaît, de plus en plus, comme une société de « consumation » qui brûle plus d’énergie et de ressources végétales comme animales qu’il n’est raisonnable de le faire, au risque de faire peser sur les générations suivantes les conséquences redoutables de cette insouciance gaspilleuse, y compris la guerre, celle qui naît plus de l’envie encore que du simple manque.
Face à ces enjeux, que peut faire le Politique ? Il me semble qu’il lui revient de reconquérir le terrain qu’il a laissé prendre à l’Economique, en tout cas dans le domaine de la Décision. Si, en France, cela me paraît devoir passer par l’établissement d’une Monarchie à transmission héréditaire, symbole d’un Politique indépendant (mais non pas oublieux ou antagoniste) de la sphère économique, il est évident que cela ne suffira pas. Néanmoins, sans doute faut-il méditer cette phrase de Bernanos que Nicolas Hulot a repris à son compte dans ses déclarations récentes sur la valeur d’exemple et d’entraînement de la France sur la scène internationale : « Le monde a besoin de la France ». Dans l’Histoire, notre pays a pu donner l’exemple, pour le meilleur comme aussi pour le pire, d’un modèle de civilisation ou de révolution, et « conquérir les esprits et les coeurs » du monde entier, ou d’une grande partie de celui-ci : il n’est pas impossible que l’Histoire, d’une certaine manière, se « rejoue » demain. Encore faut-il que, d’abord, la France se donne les moyens étatiques de sa présence active au monde : on en revient toujours au point de départ : « Politique d’abord donc, en France, son corollaire : Monarchie d’abord ».
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