Mardi 1er janvier, premier jour d’une année qui en annonce 366… Il est presque 8 heures et Paris est désert, à peine troublé par quelques rares voitures sur l’avenue de Rivoli. J’entre dans la cour du Louvre, palais des rois capétiens : là encore, personne, et même les pigeons semblent avoir pris congé… Ambiance tout à fait irréelle, vraiment particulière.
Je crois en la force des symboles comme Mitterrand croyait aux forces de l’esprit : aussi, au milieu de cette cour que nos rois d’antan traversaient pour se rendre à leur paroisse de Saint-germain l’Auxerrois, je lance à forte et intelligible voix, à trois reprises, comme une formule magique destinée à changer les formes de notre monde (au moins politique…), celle qui résume ma fidélité et mes espérances : « Vive le Roi ! ». Dans cette cour immobile, les mots s’appuient sur les murs pour rebondir et finir en roulement de tambour, comme si j’étais cent voix à la fois…
Toujours dans cette cour déserte, j’entonne à tue-tête le refrain de « La Royale » que n’entendront, cette fois encore, que les pavés et les murs et, peut-être, quelques vigiles cachés derrière les fenêtres du Louvre.
8 heures sonnent de je ne sais où, comme pour mettre un terme à cette cérémonie symbolique, et me voilà reparti vers le Quartier latin, sifflotant gaiement sur le pont des Arts et devant l’Académie française, reprenant le chant de « la Jeunesse Royaliste » composé par Théodore Botrel à la fin du XIXème siècle et le « Vive Henri IV », hymne traditionnel des monarchistes d’avant l’Action Française, sans oublier « le chant des Camelots du Roi » en arrivant rue Saint-André-des-arts (en particulier devant le 33…). Puis, je finis mon petit périple « de fidélité » devant la statue de celui qui en représente l’exact inverse, par ses multiples revirements et corruptions, et que les républicains, sans honte, ont voulu honorer au cœur du Paris des intellectuels, le régicide Danton… S’installer au pied de cette crapule et déployer les épreuves du numéro de « l’Action Française » à paraître est un acte, là encore, éminemment symbolique et un rien provocateur…
Tout cela s’est fait dans un Paris désert, avec pour seuls témoins quelques moineaux et corbeaux, et les multiples fantômes de l’Histoire qui hantent cette ville et en font aussi le charme.
Acte inutile ? Sans doute au regard de l’efficacité politique immédiate mais cette forme de rituel n’est pas, pour moi, négligeable, et il faut des temps consacrés à la méditation et à l’expression personnelle de cette fidélité qui anime tant ma vie et éclaire mes engagements.
Pour que cette année 2008 ne soit pas désespérante…
Bonne année 2008, cher monsieur Chauvin.
Votre premier janvier donne envie de se lever plus tôt. :)
Rédigé par : Catoneo | 03 janvier 2008 à 10:09
Etre royaliste, c'est revenir en arrière et refaire les erreurs du passé. C'est refuser le changement quand bien même il s'impose à vous. Il n'y aura plus jamais de monarchie en France, et c'est tant mieux : soyons progressistes les amis !
Rédigé par : Layart | 30 janvier 2008 à 19:53
Etre royaliste, c'est marcher avec tous les siècles et ne pas se contenter d'un hypothétique sens de l'Histoire dont on connaît trop les impasses... Le changement, oui, mais encore faut-il qu'il ne mène pas au pire. La Monarchie a cet avantage de ne pas "trier" l'Histoire et d'en assumer tous les aspects, bons comme mauvais, sans chercher à écraser une partie de la population ou d'humilier une tradition politique.
La Monarchie n'est pas une nostalgie mais bien une espérance à construire, et une alternative politique aux errements d'un système républicain qui se perd dans le people et les excès du super-capitalisme. Le véritable progressisme c'est de savoir remettre en cause les grands principes quand ils tournent à vide et d'imaginer "autre chose" que ce qui, aujourd'hui, oublie les hommes et, en particulier, les plus faibles...
Au regard de l'actualité, je suis plutôt fier d'être royaliste, et j'ai de bonnes raisons pour cela...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 30 janvier 2008 à 22:53
J'ai souvent remarqué à la lueur des thèses qui critiquent les différents systèmes et. ou conventions actuel(le)s, que ce soit en politique ou ailleurs, que les "réac'" ne savait que mettre en exergue les défauts et failles du système, quand bien même il n'en proposait pas d'autres, ou bien de manière trop vague. Critiquer la république, en soi, n'a rien de répréhensible, mais le devient lorsqu'on prône un retour à la monarchie dont les supériorités sont quasi-éludées au profit de remises en cause acerbes et virulentes. Plutôt que de vouloir dénoncer les "errements" d'une république qui se cherche aujourd'hui en 2008, il vaudrait mieux pour être éloquent s'appuyer sur les avantages que la monarchie pourrait procurer par rapport à la république. La monarchie, ça signifierais se couper politiquement du reste de l'Europe et du monde. Je pense que quand bien même les monarchistes défendent l'existence d'une démocratie dans leur système, je ne vois dans le retour à la monarchie qu'un changement de fonctions, où ce seront d'autres personnes qui représenteront les pouvoirs, dans un système quasi-identique. Vous l'avez déjà, votre roi, votre super-président. Et que ce soit un prince de la Haute-Cour de Monsabert ou Sarkozy, on ne pourra éviter la "peoplisation" comme vous dites. C'est ce que je voulais dire quand je parlais de changement qui s'impose à nous : on peoplisera le roi comme on l'a fait pour la classe politique actuelle, à moins de museler la presse. Je crois que les monarchistes ne sont pas en phase à leur époque, voilà tout. Ce n'est pas en changeant de système que cela changera quoi que ce soit. Les évolutions du XXIe siècle s'imposeront à nous, et ce n'est pas parler de déterminisme historique que d'affirmer cela. La monarchie doit accompagner l'histoire elle aussi, s'y adapter. Et en l’occurrence, s'y adapter, c'est disparaître ; et ce n'est que pure chimère que de croire à la viabilité du système monarchiste. Et si on prône le monarchisme sans le roi, on a (sans faire d’amalgames) affaire à du nationalisme.
Rédigé par : Layart | 31 janvier 2008 à 17:35
Je crois que c'est Berthold Brecht qui disait que "seul celui qui propose a droit à la critique" : c'est pourquoi je ne me contente pas de critiquer le système actuel et d'avancer de nombreuses propositions dont il ne me semble pas qu'elles soient utopiques, loin de là (cf, par exemple, mes notes sur l'éducation ou sur le "souci environnemental", sur les banlieues ou sur l'agriculture, etc.)
Je lis vos critiques avec intérêt et elles me semblent mériter quelques réponses que je ferai dans les jours prochains, dès que j'aurai fini les paquets de copies qui encombrent mon bureau...
Comme dit la formule, "ce n'est qu'un début, continuons le débat"...
Cordialement.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 31 janvier 2008 à 23:06
Avec plaisir, je vous souhaite bien du courage avec vos copies d'histoire ! Il est toujours intéressant d'alimenter le débat, je suis toujours prêt à m'enrichir de nouveaux horizons politiques ...
Rédigé par : Layart | 01 février 2008 à 06:56