Le baril de pétrole a franchi la semaine dernière la barre symbolique de 100 dollars. Cela n’est pas forcément une mauvaise nouvelle si les Etats en profitent pour impulser une nouvelle politique de l’énergie et des transports basée sur la sobriété et le partage, la mise en commun des modes de déplacement, dans la mesure du possible et le respect des libertés de chacun. En somme, cette hausse prévisible des prix de l’énergie peut même apparaître comme une véritable chance si nos entreprises, soutenues par une action intelligente des pouvoirs publics, savent saisir l’occasion de faire avancer la recherche et de développer des alternatives au « tout-pétrole ». Pour l’instant, les marques françaises sont en retrait par rapport aux sociétés japonaises comme Toyota, qui a joué précocement la carte de la voiture hybride, ou par rapport à la marque indienne Tata qui vient de prendre en main la commercialisation prochaine de la voiture à air comprimé, créée par un ingénieur français qui n’a pas trouvé parmi nos entreprises nationales de débouché… (Voir la note suivante : http://www.leblogauto.com/2007/02/mdi-moteurs-a-air-comprime-en-inde.html ). C’est là que l’on peut regretter l’absence d’une politique audacieuse et « colbertiste » de l’Etat telle que celle pratiquée sous la présidence de Gaulle : le libéralisme français trouve là une de ses limites, périlleuse à moyen terme si l’on n’y remédie pas.
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Post-scriptum : je me permets de renvoyer à la lecture d’une note ancienne écrite il y a quelques mois sur le livre « Le plein, s’il vous plaît » de Jancovici et Grandjean : http://jpchauvin.typepad.fr/jeanphilippe_chauvin/2007/08/le-plein-sil-vo.html .
Je ne vois pas où la limite du libéralisme, puisque l'Etat profite pleinement de la population en surtaxant l'essence.
Si les voitures françaises ne sont pas compétitives c'est qu'elles n'ont pas compris le marché de l'écologie.
Rédigé par : Partisan_Blanc | 08 janvier 2008 à 09:38
Effectivement, les marques françaises ont "raté" le marché de l'écologie, faute d'avoir anticipé l'importance de l'enjeu malgré tous les avertissements... Et cela continue! C'est assez dramatique mais ne désespérons pas complètement, les grandes entreprises françaises ne sont pas totalement suicidaires et elles vont bien finir (enfin, j'espère...) par réagir.
Quant aux taxes sur l'essence, j'en ai déjà parlé dans ma précédente note (le plein, s'il vous plait), et je pense qu'elles ne sont pas exagérées au regard des enjeux. D'autre part, j'évoquais une "limite du libéralisme" dans le fait que l'Etat a trop laissé les entreprises à elles-mêmes et aux exigences de profit immédiat des actionnaires, sans impulser de véritable politique d'ensemble sur le plan industriel et automobile. D'où mon souhait d'un véritable colbertisme industriel en France, tant que cela est possible.
Rédigé par : Jean-Philippe Chauvin | 08 janvier 2008 à 10:12
Le colbertisme gaullien a eu des échecs retentissants.
Peut-être notre "retard" est-il dû au syndrôme de la Troisième Voie, ou le cul entre deux chaises. Nous choisissons Le Marché sans vraie culture capitalistique et notre ploutocratie est finalement peu capitalisée puisqu'elle emprunte aux banques pour régner. C'est le fil rouge du désastre du Crédit Lyonnais.
Quand un Américain sort une idée il trouvera assezfacilement un capitaliste capable de mettre 1 ou 2 milliards de dollars sur la table, et foncer avec lui pour ramasser la galette.
Ici, on fait un tour de table en réunissant les tartarins du CAC40 (que des employés!) et la bancassurance. La précaution est la règle, sauf si l'Etat fonce lui-aussi.
Ceci explique d'ailleurs la ruine des projets gaulliens.
Peugeot avait LA voiture hybride dans les cartons sur la base des moteurs HDI mais d'autres priorités, obligées par la pénurie de capital disponible.
Citroën a la "voiture essentielle" en prototype construit, c'est-à-dire débarrassée de ce qui ne sert pas. Cette voiture est géniale et totalement issue du BE Citroën donc sans licences à payer ; mais elle ne sort pas, parce que ... trop tôt, pas au point, faut voir,... en fait pas d'autofinancement disponible !
La France n'a pas de grand capital à la mesure de ses légitimes ambitions, et son Etat est en banqueroute virtuelle !
Alors le colbertisme, expliquez-moi ...
Rédigé par : Catoneo | 08 janvier 2008 à 11:03
Pour avoir eu une smart en l'an 2000 (déjà), je peux confirmer : il ne suffit pas d'avoir des capitaux et un produit inventif. Il a fallu deux-trois ans pour que les gens considèrent oui, c'était une idée écologique et de bon sens, quand on roule seul, d'avoir une voiture plus courte consommant moins d'énergie, limitée à 135 km/h par le constructeur. Encore aujourd'hui il il a des gens qui se demandent comment j'ai pu aller plusieurs fois à Nice à avec. Alors des industriels d'avant-garde oui, mais un peuple curieux d'invention et de progrès, dynamique et croyant à l'avenir, c'est nécessaire aussi. Faire la voiture à air comprimé chez ceux qui en ont besoin, d'une voiture légère et économique, c'est plus astucieux. Vive les Indiens !
Rédigé par : fabsmart | 09 janvier 2008 à 08:04