Une rencontre de balle-au-pied est souvent l’occasion de débordements, et c’est aussi un révélateur des problèmes de notre société, de ses conflits internes, de ses errements parfois : ainsi la finale de la coupe de la ligue, samedi 29 mars, qui opposaient l’équipe du Paris Saint-Germain à celle de Lens. Une immense banderole salement injurieuse pour les Nordistes, plus connus aujourd’hui sous le nom de Ch’tis grâce au film de Dany Boon, a été déployée dans les travées du stade par des partisans du PSG, provoquant une saine colère des responsables sportifs et politiques présents et une poussée de fièvre du maire de Lens et de ses collègues du Nord.
Cela faisait suite aux très violents incidents survenus dans un cadre qui n’avait rien de sportif sur l’île de Mayotte, dans l’archipel des Comores, île qui est française et a refusé, dans les années 70 et par référendum, une indépendance que les autres îles des Comores ont approuvée et dont elles ne cessent, depuis, de se mordre les doigts. Là-bas, jeudi dernier, des manifestants d’origine anjouanaise (selon les autorités locales mahoraises) se sont livrées à une véritable « chasse aux Blancs » qui visait les Français de métropole, au motif que le gouvernement français avait exfiltré le président de l’île voisine d’Anjouan renversé la veille par des troupes venues de la Grande Comore. Plusieurs métropolitains ont été blessés, certains grièvement, et l’ambiance sur cette île pourtant calme d’ordinaire est désormais lourde de menaces.
Dans ces deux événements, c’est la France qui est visée et touchée, et en particulier son unité et son caractère de « composé » souligné par Jacques Bainville il y a presque un siècle dans sa magistrale « Histoire de France ». Si la réponse peut être la répression, ce n’est qu’une réponse insatisfaisante et à court terme. La vraie réponse est politique et c’est l’Etat qui doit reprendre l’initiative en rappelant que la France est plurielle et qu’elle est, en même temps, une unité au-delà des différences, qu’elles soient ethniques, linguistiques ou religieuses. C’est parce que l’Etat ne sait plus incarner la parole et l’unité du pays que de tels actes « séparatistes », de haine et de bêtise, sont possibles. Et, à force de vanter à tout crin « l’Europe, l’Europe, l’Europe », on a oublié ce qui constitue encore la meilleure médiation entre les hommes de l’hexagone et de son outre-mer, leurs appartenances familières et « identitaires » et l’universel : la nation française, son histoire, son être éminemment politique…
Les « séparatistes » parisiens comme les clandestins anjouanais (ces derniers qui confondent la France et « les Blancs ») méritent une réponse politique ferme qui ne soit pas que « théorique » : mais on ne reconstituera pas le rideau déchiré de notre unité par quelques paroles, il y faut aussi une forte volonté politique et, surtout, beaucoup d’amour, voire de la passion, celle que Bernanos éprouve quand il parle de la France, notre pays, celui qui est riche de ses diversités et fort de son unité particulière, celle que l’histoire a forgée au fil d’un millénaire… Sans amour, la France n’est plus…
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