Je suis avec beaucoup d’intérêt le voyage du pape Benoît XVI en France et j’ai commencé à faire une véritable « revue de la presse » sur cet événement, non pas tellement pour les déplacements pontificaux eux-mêmes que pour les discours prononcés et le sens de ceux-ci, sur les plans théologique et idéologique, mais aussi pour les rencontres symboliques, comme celles avec les représentants des familles politiques et religieuses, dans leur diversité, de notre pays.
Ainsi, la rencontre avec les représentants de l’islam de France est-elle un moment important, même si les positions des uns et des autres restent souvent éloignées, voire antagonistes.
Justement, c’est l’occasion de rappeler ici que c’est le rôle de l’Etat, en France, d’assurer le libre exercice des cultes, mais de le faire de façon politique, c’est-à-dire au-delà des institutions religieuses et sans préjuger de leurs conceptions ou de leurs pratiques, et en préservant l’espace public et civique des empiétements trop « particularistes » qui risqueraient de mettre à mal l’unité française. En même temps, il ne me semble pas interdit, loin de là, de reconnaître la place éminente de la religion catholique dans la formation historique et spirituelle de la France : d’ailleurs, la présence dans nos campagnes de multiples calvaires et chapelles, des villages construits autour de l’église, mais aussi l’imprégnation de notre société par les conceptions chrétiennes, parfois dévoyées ou détournées au fil de l’Histoire, en sont les preuves flagrantes. On peut critiquer cet état de fait, on ne peut le nier et le méconnaître : sans le baptême de Clovis, la France est incompréhensible.
L’Etat, aujourd’hui, n’a pas, me semble-t-il, à être « catholique », car cela serait lui enlever une position d’arbitre au-dessus des communautés qui forment l’ensemble national, qu’elles soient religieuses, « ethno-culturelles » ou politiques : mais cela ne signifie pas que l’Etat soit indifférent ou oublieux de sa mémoire et de ses racines.
En France, l’Etat doit d’abord être politique, comme le rappelait constamment l’agnostique Maurras : c’est la condition de sa légitimité et de sa force. Mais, là encore, cela ne l’empêche pas de rappeler d’où vient la France sur le plan spirituel, et d’entendre ce que le pape dit : il ne serait d’ailleurs pas inutile que l’actuel président soit attentif aux propos pontificaux si heureusement critiques du règne de l’Argent…
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