La voiture électrique est-elle la solution aux problèmes de pollution et de dépenses énergétiques ? L’engouement récent manifesté lors du dernier salon automobile de Paris repose la question mais la réponse est complexe et pas totalement satisfaisante.
D’abord, le développement de cette voiture, en France, « exigerait une nouvelle centrale nucléaire » (voire deux si l’on atteint les 1,4 millions de véhicules électriques en 2020, contre moins de 10.000 aujourd’hui), comme le titre le journal « Les Echos » du vendredi 26 décembre 2008. Est-ce forcément la meilleure solution quand on apprend, dans le même temps, que les réserves d’uranium nécessaires au fonctionnement des centrales sont limitées à une trentaine d’années alors que la demande de cette matière première se fait de plus en plus pressante ? Sans doute vaudrait-il mieux veiller à mieux utiliser l’électricité quotidiennement produite, par une politique d’économies plus volontariste et efficace, pour permettre de « digérer » l’arrivée sur la place des voitures électriques.
D’autre part, il faudrait accélérer en France la recherche sur les batteries des voitures électriques car le lithium utilisé actuellement est lui aussi une ressource limitée et non-renouvelable.
De plus, les entreprises automobiles françaises ont accumulé un certain retard en ce domaine des énergies non-pétrolières, au risque de se voir dépasser par des entreprises des pays émergents comme la Chine ou l’Inde.
Un autre souci se fait jour : le fait que les entreprises automobiles françaises soient de plus en plus aux mains d’actionnaires pour qui le profit compte parfois plus que les moyens et les délais nécessaires pour le pérenniser… La recherche risque d’être alors gênée par cette politique de court terme qui, en définitive et conjuguée à l’inadaptation aux nouvelles conditions énergétiques et économiques, a entraîné la perte des géants états-uniens comme General Motors…
A moins que l’Etat, en échange d’aides et de facilités pour l’industrie automobile française, pose ses conditions et garantisse le long terme. Le fait qu’il soit, par exemple, actionnaire de Renault pourrait aider à cette politique et favoriser une stratégie d’ensemble, en particulier sur la recherche, la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables (en reliant cela, d’ailleurs, aux perspectives ébauchées par le Grenelle de l’environnement), la relocalisation des unités de recherche et de production en France, etc. En somme, d’une pierre deux coups (au moins…).
Encore faudrait-il que l’Etat dispose lui-même d’un temps qui ne soit pas celui, limité par les échéances électorales, de la seule démocratie présidentielle : un mandat présidentiel ne suffira évidemment pas à la pérennisation de cette vaste politique à la fois énergétique, industrielle et sociale. Et une élection risque de défaire ce que les précédents locataires de l’Elysée et de Matignon auraient pu mettre en place… Là encore, la pérennisation a plus de chances de se faire par l’établissement d’un Etat dont la magistrature suprême serait indépendante des jeux partisans et clientélistes, serait libre, par la succession héréditaire, des intrigues et des démagogies électoralistes… En somme, une Monarchie, audacieuse et soucieuse, par nature, du lendemain et du surlendemain…
Pour en revenir à la voiture électrique, elle ne peut être qu’une solution parmi d’autres mais l’erreur serait de limiter les possibilités énergétiques alternatives aux hydrocarbures à la seule électricité, en particulier d’origine nucléaire : il faut voir plus loin et plus large, essayer d’autres pistes, tenter d’autres aventures de recherche et, sans doute, repenser même le rapport des hommes à la mobilité, en privilégiant, peut-être, des mobilités moins individuelles et, en tout cas, moins dépensières et moins gourmandes en énergies quelles qu’elles soient.
Au-delà du débat purement énergétique, cela ouvre d’autres débats, de société en particulier : il n’est pas inutile de s’y intéresser…
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