Comme certains le savent déjà, je suis fort fâché contre l’Education nationale et, surtout, contre l’hypocrisie qui peut y régner, en particulier quant à cet examen du baccalauréat qui n’est plus qu’un rite vidé de son sens premier et condamné à n’être qu’une triste mascarade dont nos élèves sont les premières victimes alors qu’ils mériteraient plus de soins et de considération. Je suis certes très content de la réussite de mes élèves et des autres, mais je suis furieux contre cette institution scolaire qui dévalorise le travail des professeurs en dévaluant sciemment le bac et sa qualité : certains me disent que cette stratégie de l’Education nationale vise à « démocratiser » l’accès aux études supérieures, je leur réponds que cela n’est ni à l’honneur de la démocratie ni à celui de l’Education nationale !
Comme prévu et déjà annoncé ici, je refuse d’être payé pour cette correction de 50 copies et pour les oraux de rattrapage de ce mercredi matin, et je m’en explique dans la lettre ci-dessous transmise au centre de paiement des examens :
Madame, monsieur,
Considérant que le baccalauréat n’est plus qu’une triste mascarade, en particulier au regard de la teneur des sujets proposés et des consignes démagogiques et antipédagogiques données aux correcteurs, le plus souvent oralement,
je vous indique, par la présente lettre, mon refus d’être payé pour mes corrections de cette session 2009 (50 copies) : je refuse les « 30 deniers » versés par l’Education nationale pour ce bac 2009 qui n’est rien d’autre qu’une double trahison, celle de l’intelligence et de l’espérance.
Trahison de l’intelligence, car le bac créé il y a 200 ans par Napoléon 1er ne couronne plus des compétences ou des savoirs mais les « efforts » des candidats (comme l’expliquait un IPR d’histoire il y a deux ans) sans juger des qualités intellectuelles et du travail véritablement accompli…
Trahison de l’espérance, car de nombreux élèves d’établissements moins favorisés que celui où j’enseigne se font du bac une idée qui n’est plus, dans la réalité, qu’une illusion : d’où les désillusions postérieures, les ressentiments et un triste gâchis…
Professeur d’histoire-géographie de l’enseignement public, je le suis par vocation, passionné par mon métier comme par les matières que j’enseigne, par ce devoir de transmission et d’éveil des intelligences : ainsi, cette mascarade d’examen me navre et me paraît être une insulte à l’honneur de la fonction et de la mission confiées par l’Etat à mes soins comme à ceux de mes collègues.
D’autre part, en période de crise et de disette financière, au moment où nos collègues enseignants de Lettonie, pays de l’Union Européenne, voient leur traitement presque divisé par deux (!), à l’heure où tant de nos concitoyens, souvent parents d’élèves ou anciens élèves, souffrent du chômage et d’une perte importante de revenus, il me paraît indécent de toucher une prime pour la correction d’une épreuve malheureusement vidée de son sens et de sa portée originels.
Je tiens à signaler que ce refus d’être payé pour mes corrections de 50 copies du bac (session 2009) est et reste un acte individuel, assumé et revendiqué seul : il n’engage aucun de mes collègues, bien sûr, mais veut signifier que je préfère renoncer de moi-même à ce petit privilège financier, au nom de mes convictions professionnelles et de l’honneur de ma vocation.
Veuillez recevoir, madame, monsieur, mes salutations distinguées.
Monsieur,
Ne gardant pas un grand souvenir de l'Ecole de la République, tant à cause des professeurs aux ordres que des longues heures d'ennui qui firent des années de grisailles, je m'étonne que vous usiez encore vos fonds de culottes dans cette institution castratrice. Mais qu'à votre âge, vous vous réveilliez aigri et révolté dénote un sacré retard à l'allumage...
Je ne vous salue pas, ESCLAVE.
Rédigé par : François GUYARD | 22 juillet 2009 à 08:25
Je suis très fier d'être professeur d'histoire, une vocation que je tiens sans doute de mes parents universitaires. Que l'école de la république soit parfois un carcan et sûrement une "matrice" de l'idéologie dominante ne m'empêche pas d'y garder ma liberté de parole et de pensée, parfois à mes dépens, mais j'assume totalement !
Je vous laisse tout loisir de me traiter d'"esclave", ceux qui connaissent mon parcours au sein de l'éducation nationale (en tant qu'élève puis en tant que prof) savent ce qu'il faut penser de votre jugement...
De plus, ma devise personnelle est : "La liberté, ça ne se renifle pas, ça se respire"... Et je la pratique assidument...
Avec un petit clin d'oeil que d'aucuns comprendront, Spartacus Chauvin vous salue bien.
Bonjour chez vous !
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 22 juillet 2009 à 12:39
Le bac est-il une mascarade ? Je ne le crois pas. Je suis un de vos collègues. J'enseigne la philosophie depuis 25 ans.
Le niveau a-t-il baissé ? Je fais un constat: les bons élèves
n'ont jamais été aussi bons, les mauvais n'ont jamais été aussi mauvais.
Les écarts se creusent. c'est cela qui doit inquiéter. On a l'impression que le bac ne représente
*plus* grand chose en lui-même: il y a ceux qui le prennent en passant, pour qui c'est une formalité et qui crèvent les plafonds, et ceux qui
l'ont à l'arrache et qui ont un niveau de culture pitoyable. Cela a
toujours été ?
Mais il me semble que sans le baccalauréat ce serait bien pire et que ce n'est pas ce combat qu'il faut mener.
Je préfèrerais avoir des classes *plus nombreuses* mais *plus homogènes* pour préparer mieux les élèves à l'examen. Ce serait mieux à la fois pour l'intelligence et pour l'espérance.
Bien cordialement
Rédigé par : François Elie | 22 juillet 2009 à 18:53