J’ai évoqué hier mon désaccord avec la position du président Sarkozy sur la question du travail dominical et je constate que le débat, même en cette période estivale et malgré la surmédiatisation (parfois à la limite de la « religiosité »…) des funérailles de Mickaël Jackson, reste vif et occupe au moins les députés et les politiques, mais aussi inquiète de nombreux employés qui en témoignaient ce matin sur les chaînes de radio. Ce qui m’a marqué, d’ailleurs, c’est le nombre de personnes qui dénonçaient le fait que, en définitive et malgré les discours lénifiants des grandes surfaces, le « volontariat » mis en avant par les promoteurs du « travail dominical » était un leurre… Cela me rappelait la loi Le Chapelier et le décret d’Allarde de 1791 qui, au nom de la « liberté du travail », ont en fait institué un libéralisme qui ne profitait qu’à ceux qui avaient les moyens (matériels) de l’exercer : ce qu’un catholique social allait résumer au XIXe siècle sous la formule : « Le renard libre dans le poulailler libre »…
Le quotidien « Le Monde » (mardi 7 juillet 2009) soulignait d’ailleurs lui aussi les ambiguïtés de ce volontariat : « La question du « libre choix » du salarié auquel l’employeur demande de travailler le dimanche reste posée, compte tenu du lien de subordination de l’un à l’autre. » Tous les témoignages des salariés que j’ai entendus allaient dans ce même sens : comment refuser, soit lors d’un entretien d’embauche soit dans l’entreprise elle-même, une telle « demande » alors que c’est l’employeur qui embauche, qui fait les horaires et permet l’avancement de l’employé ? Un des intervenants racontait comment, dans son entreprise de grande distribution, les pressions étaient telles qu’il l’avait, au bout de compte, quittée, contraint et forcé, pour le simple fait qu’il ne voulait pas sacrifier sa vie sociale et familiale…
Le royaliste fidèle que je suis se rappelle que, à la fin des années 80, c’est le « cercle Saint-Louis » (cercle qui regroupait les lycéens royalistes du lycée Saint-Vincent de Rennes, sous la houlette de Pierre-Nicolas, aujourd’hui devenu prêtre) qui, le premier dans la ville, avait collé des affichettes pour défendre le caractère particulier (et reposant…) du dimanche : à l’époque, les gens avaient haussé les épaules en nous disant que, à part ce qui était déjà ouvert pour des raisons de nécessité publique ou de tradition (boulangeries, cafés, etc.), voire de mise en valeur du patrimoine, la question ne se posait pas et ne se poserait jamais, et l’on nous affirmait que nous, éternels Cassandre, nous nous alarmions en vain… Comme quoi !
A ces quelques lignes, j’adjoins le texte défavorable à la banalisation du travail du dimanche, texte rédigé et publié par le prince Jean de France, Dauphin de ce qui n’est pas encore un royaume… Il parle de « plus haut » que moi mais avec des mots simples et qui me semblent particulièrement justes.
Tribune du Prince Jean de France :
Faut-il généraliser le travail le dimanche ? Évidemment non. Et je constate avec bonheur que bon nombre de Français, quelles que soient leurs convictions, quelles que soient leurs responsabilités, se prononcent contre un projet dont les conséquences seraient économiquement et socialement néfastes.
- économiquement, rien ne permet d’affirmer que cette mesure créera de l’emploi. Il faut redouter, au contraire, qu’elle ne mette en péril les commerces de proximité et de centre-ville, dont beaucoup souffrent déjà de la concurrence de la grande distribution. Il faut aussi redouter que les salariés n’en tirent aucun profit réel et qu’à terme leur pouvoir d’achat n’y gagne rien : tôt ou tard, les entreprises reprendront dans la semaine ce qu’elles auront donné le dimanche.
- Mais surtout cette mesure mettrait en péril l’équilibre des familles, trop négligé par les pouvoirs publics. Elle précipiterait la désagrégation des communautés naturelles et, finalement, de la société en gênant l’organisation d’activités non marchandes essentielles à l’équilibre – et au bonheur – des hommes et des femmes de notre pays : rencontres sportives, manifestations associatives, repas de famille, loisirs culturels, sans omettre les pratiques religieuses.
L’objection que seuls les volontaires pourront travailler le dimanche ne tient pas. Au contraire, les chefs d’entreprise seront incités à privilégier l’embauche de demandeurs d’emploi prêt à travailler le dimanche sur ceux qui ont charge de famille et veulent s’occuper de leurs enfants ce jour-là. C’est la logique économique qui prévaudra sur l’intérêt de la société.
Il existe bien d’autres façons de relancer l’activité économique sans que les Français attachés à leur vie de famille en fassent les frais. Le taux d’occupation des jeunes et des seniors, on le sait, est l’un des plus faibles d’Europe. C’est un gâchis. Voilà un point sur lequel l’Etat doit peser de tout son poids : réformer le système éducatif de sorte que les jeunes convenablement formés qui arrivent sur le marché du travail n’y trouvent pas que des portes closes ; et favoriser l’emploi des « seniors » dont les entreprises se séparent trop souvent après 50 ans alors qu’ils sont à un niveau optimal de compétence et d’expérience.
Mais la question du travail le dimanche – après celle du lundi de Pentecôte – n’est pas seulement une question économique : c’est un choix de civilisation. Ne privons pas les hommes et les femmes de notre pays du droit de se reposer, à l’issue d’une semaine de travail souvent difficile. Ne privons pas les parents et les enfants du bonheur de se retrouver en famille. Ne privons pas les croyants de la faculté de pratiquer leur religion. Ne soumettons pas nos vies à la tyrannie de l’argent-roi et du time is money.
Parce que l’homme est bien plus qu’un consommateur, parce que la vie respecte le travail, mais est aussi bien plus que le travail, sauvons le dimanche.
Jean de France.
Il n'est pas possible de ne pas relever le paradoxe qui consiste à prôner (à juste titre) l'instauration et non pas la restauration de la monarchie en France et de persister à manipuler l'état civil des princes pour une seule cause: il n'y a pas plus de prince "Jean de France" que de prince "Louis-Alphonse de France"; nous ne connaissons que Jean d'Orléans (ce qui n'est pas infâmant)et Louis-Alphonse de Bourbon. D'autre part il n'y a pas de Dauphin en France depuis qu'il n'y a plus de roi. Et encore, souvenez-vous, le fils aîné de Louis-Philippe d'Orléans roi des Français était appelé "prince royal", selon la volonté expresse de son père et ainsi que l'avait prévu la Constitution de 1791.
Rédigé par : Parella | 09 juillet 2009 à 13:49