La Monarchie n’est pas forcément l’antithèse de tout ce
qui fait une République aujourd’hui, bien sûr, mais elle a des fondations et
souvent des fondements, des raisons d’être et d’agir différentes, ne serait-ce
que par définition : quand la République (comprise ici dans un sens
restrictif, historiquement et politiquement, et particulièrement dans notre
pays) est « l’absence de Roi » (suivant la formule d’Anatole
France), la Monarchie se caractérise, au regard du cas français et des exemples
européens, par la règle de la transmission héréditaire de la magistrature
suprême, du père au fils dans la meilleure configuration, règle résumée par
deux formules que les légistes français ont souvent rappelée : « Le
roi est mort, vive le roi ! » et « le roi ne meurt jamais »,
cette dernière formule rappelant que « l’Etat demeure toujours »
(Louis XIV sur son lit de mort), au-delà de la mort physique de son dépositaire
du moment.
Ce mode de transmission du Pouvoir est à la fois le plus
simple, le plus naturel, mais aussi le plus contesté aujourd’hui dans notre
société politique et par ce que l’on pourrait qualifier d’idéologie dominante
fortement teintée d’un individualisme qui s’accommode mal d’une règle et d’une
autorité qui lui échappent, ne devant rien, dans leurs applications, à la
volonté individuelle pure. Car le choix des électeurs n’est pour rien dans la
montée sur « la première place », symbolisée longtemps par le
trône, d’un homme qui s’est apparemment juste donné la peine de naître, et de
« naître roi » avant que de le devenir concrètement,
statutairement, politiquement. La naissance est à la fois l’argument fort et
même principiel des monarchies, et son handicap dans l’Opinion publique :
mais il est la base de l’autorité monarchique.
En fait, la naissance, aujourd’hui comme hier et sans
doute demain, échappe aux jeux de clientèle et de concurrence pour la
magistrature suprême : le futur roi n’a pas choisi de « naître
roi », mais il n’est pas libre, dans une Monarchie « à la
française », de renoncer aux responsabilités que cela impose. A partir
de sa naissance, alors que la vie suit son cours et avant que la mort ne
« libère » le trône de son prédécesseur, souvent de son propre père,
le Dauphin (puisque c’est ainsi qu’on le nomme en France) est entretenu dans cette
ambiance particulière qui fait de lui celui qui « attend »,
sans être pressé (car un fils n’espère pas la mort de son père…), et qui est
préparé (et se prépare) à la tâche politique de régner : il apprend le
métier de roi sans savoir, d’ailleurs, s’il l’exercera un jour, mais plus
encore, quand il l’exercera. Dans cette situation, aucun choix, ni pour le roi
ni pour le Dauphin ! Mais, paradoxalement, c’est cette absence de
choix, c’est le fait de s’en remettre à la nature et à la vie familiale, à la
filiation, qui permet la plus grande liberté à la Monarchie, à la magistrature
suprême de l’Etat en monarchie.
Cher Mr Chauvin,
"il apprend le métier de roi ": on peut apprendre mais ne pas savoir appliquer...tous les dauphins ne sont pas faits pour régner...
"Cette absence de choix, c’est le fait de s’en remettre à la nature et à la vie familiale, à la filiation, qui permet la plus grande liberté à la Monarchie"
Il existe pourtant bien des moyens d'accélerer le processus naturel. Et bon nombre de frateries royales ont été divisées voire en conflit par amour du pouvoir...
Si au 21e siècle les héritiers semblent savoir attendre leur tour d'accéder au trône, ce ne fut pas toujours le cas...
Bonne Journée.
Rédigé par : Thibaut | 04 août 2009 à 09:06