Il est de drôles de coïncidences : en voici une qui ferait sourire Léon Daudet qui y verrait peut-être ce qu’il nommait un « intersigne »…
En effet, il y a quelques jours, j’achète sur la Toile un exemplaire du « Panache », revue royaliste illustrée qui vécut de 1902 à 1914, et qui donne, en définitive, de précieuses informations sur le royalisme de cette époque de l’avant-première-guerre, sur ses personnalités et ses actions militantes. Cette revue s’inscrivait, d’une certaine manière, dans la lignée du « Triboulet » des années 1880-1890, de même tendance politique.
En ouvrant la grosse enveloppe matelassée contenant mon précieux achat, je me rends alors compte de la coïncidence : c’est le 5 septembre de cette année que j’ai acheté le numéro du « Panache » du … 5 septembre 1909, celui d’il y a exactement cent ans ! Et, en feuilletant ce journal monarchiste, je repensais à ce siècle écoulé, celui-là même qui a vu la disparition de tant d’empires, la chute de tant de trônes, la violence de la Technique exaltée dans des guerres d’un genre nouveau et d’autant plus brutales, sinistres, dévastatrices, mais aussi l’intrusion envahissante des Machines dans notre vie quotidienne…
Ce siècle fut celui des extrêmes, pour reprendre l’expression de l’historien marxiste Eric J. Hobsbawm, et il a vu le triomphe de l’Argent (mais aussi de la barbarie la plus élémentaire) sur l’honneur et les traditions, sur l’enracinement et le service… Pouvaient-ils penser, ces jeunes rédacteurs royalistes du Panache (dont Georges Bernanos, « notre capitaine »), que leur sang irait se déverser quelques années plus tard dans les sillons de l’Argonne ou les tranchées de Verdun, et que ce sacrifice, en définitive, consoliderait une République récupératrice de la victoire de 1918 et pourtant si peu prévoyante de la guerre de 1914 ? Pouvaient-ils craindre que l’idée royale connaîtrait, malgré toute leur ardeur, tout leur dévouement mille fois renouvelé, une terrible éclipse en cette deuxième moitié de XXe siècle ? Auraient-ils pu imaginer que la France, encore si forte en 1909 malgré le gouvernement républicain si maladroit et agressif, que cela soit sous Briand ou sous un autre, en serait à redouter son ombre et la Commission européenne en 2009 ?
Je feuillette la revue d’un doigt presque tremblant, ému et furieux à la fois des occasions manquées, des tragédies survenues malgré les mises en garde des Maurras et Bainville, Cassandre « inutiles » aux yeux de leurs contemporains, de cette démission républicaine et de la peur de nos politiciens face à la liberté et à l’histoire de notre pays. Cent ans après… J’essaye d’imaginer quel est celui qui, comme moi je le fais aujourd’hui, lisait avidement les comptes-rendus des réunions monarchistes de l’été ou les commentaires politiques, et découvrait les caricatures dénonciatrices des mœurs républicaines et politiciennes : était-il de ces royalistes de tradition qui poursuivaient l’histoire familiale et dont parle si bien Jean d’Ormesson dans son livre « Au plaisir de Dieu » ? Etait-il, au contraire, de ces nouveaux convertis à l’idée royale qui faisaient confiance aux Camelots du Roi pour « étrangler la Gueuse » ? Lisait-il le Panache à la terrasse des cafés ou dans l’autobus, au coin du feu ou sous les combles d’une chambre d’étudiant ? Rêvait-il d’une Monarchie sociale qui accorderait toute leur place aux ouvriers, par la « propriété du métier », ou d’une Monarchie fédérale qui rendrait aux provinces leurs libertés particulières ? Peut-être était-ce, d’ailleurs, une lectrice qui priait, le soir, pour le « retour des lys » ou qui écrivait à ses amis pour les convaincre de la nécessité du Roi « pour la paix et la grandeur de la France » ?
1909 : tout était encore possible, et les guerres n’avaient pas détrompés les espoirs monarchiques…
2009 : est-ce encore possible ? La seule raison semble nous souffler que la Monarchie s’est perdue dans les brumes du souvenir… Mais la nécessité nous impose de ne pas être seulement raisonnable : et notre passion française nous sauve du désespoir ! Si la Monarchie paraît lointaine et difficile à atteindre, cela n’enlève rien à son urgence, et cela n’enlève rien à notre espérance… Rien de grand ne se fait sans passion !
Pour que, au-delà du temps, le rêve politique et historique du lecteur de 1909 devienne une réalité institutionnelle en ce XXIe siècle dont il reste à écrire l’histoire…
Le siècle écoulé montre que pour n'avoir pas voulu de royauté en France, puis en Autriche, nous avons eu la misère ouvrière et à cause de celle ci le communisme et le nazisme.
Le siècle nouveau sera celui de la prise de conscience.
Rédigé par : Philippe Edmond | 15 septembre 2009 à 21:02
Maginfique analyse de ce siècle écoulé,qui s'il peut paraitre nostalgique,doit nous inviter à ne pas baisser les bras,et à continuer notre effort,et ce malgré une société bouleversée,soumise au diktat de la pensée unique!
Haut les Coeurs!
Rédigé par : TL (ex-1°S4) | 23 septembre 2009 à 19:53