Une fois de plus, les producteurs laitiers sont dans la rue à Laval comme en Normandie pour réclamer un juste prix du lait à la production alors même que les grandes entreprises laitières refusent de leur accorder une hausse des prix (pourtant promise lors de la précédente crise du lait d’il y a un an) et, même, souhaiteraient baisser le prix d’achat du lait aux éleveurs ! Le cynisme des industriels est certes choquant mais il s’inscrit dans une logique libérale qui cherche à diminuer les coûts financiers pour dégager plus de profits pour les entreprises et leurs actionnaires, au détriment même des producteurs de base et de leurs conditions de travail et de vie. Ainsi, la parole des industriels du lait semble n’être qu’une « parole en l’air » à laquelle ils ne se sentent même pas tenus, et, plus grave encore, leur signature au bas des contrats écrits, ceux-là même que le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire veut multiplier dans le cadre de sa loi de « modernisation », n’a guère plus de valeur, comme le signale la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait).
De plus, les industriels du lait s’abritent derrière la sacro-sainte loi du marché (sans, néanmoins, en accepter les conséquences qui pourraient les gêner et sans oublier de faire appel à l’Etat en cas de coup dur…) et surtout la liberté économique tarifaire des entreprises : ce libéralisme ultra n’est pas le mieux adapté à la situation de nos sociétés, de nos campagnes et de leurs travailleurs, producteurs ou artisans entre autres. Il faut encore et toujours rappeler que « l’économie doit être au service des hommes, et non l’inverse », et que, particulièrement en ces temps de difficultés, il est nécessaire de ne pas accroître celles des plus fragiles.
D’ailleurs, les industriels du lait semblent oublier que les cours du beurre et de la poudre de lait ont, eux, augmenté de plus de 11 % cet hiver : une augmentation qu’ils n’ont pourtant pas répercuté à l’achat du lait aux éleveurs… Ainsi, et c’est le cas de le dire, les grosses entreprises laitières comme Lactalis veulent « le beurre et l’argent du beurre » sans trop penser à ceux-là mêmes qui en assurent la production !
Dans cette affaire, l’Etat a son mot à dire, non pas pour décider autoritairement du prix du lait mais pour arbitrer le conflit entre les différents partenaires de la négociation, et, surtout, pour faire respecter les engagements pris l’année dernière par les industriels. Mais cette affaire doit aussi être l’occasion pour les éleveurs laitiers de penser à de nouvelles formes d’organisation économique pour échapper à l’emprise de ces grandes entreprises, souvent multinationales de l’agroalimentaire et de la distribution, et retrouver une véritable sûreté et pérennité dans leurs activités agricoles.
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