Les chiffres donnés il y a quelques jours par le Réseau de transport d'électricité sur la consommation électrique en France sont fort significatifs et auraient mérité une plus grande publicité à l'heure où la question énergétique est devenue déterminante pour l'avenir des sociétés et, au-delà, de la planète, et qu'elle est rentrée dans les programmes de géographie de Seconde...
« La consommation d'électricité continue de progresser en France », résumait le journal « La Croix » dans son édition du 21 janvier dernier, en expliquant ensuite qu'elle avait progressé en 2010 de 5,5 % pour l'ensemble du pays mais de 7 % pour les ménages, de 3,7 pour la grande industrie et de 3 % pour les PME. « Cette augmentation est clairement une tendance de fond. Première raison, le nombre de foyers qui se chauffent à l'électrique continue de progresser, ce qui demeure une spécificité française avec un tiers des logements équipés. Mais il y a aussi l'arrivée des nouveaux usages, notamment les équipements de télécommunication qui poussent à la consommation. » Ainsi, malgré toutes les campagnes en faveur des économies d'énergie, malgré la crise qui touche les classes moyennes fortes consommatrices de nouvelles technologies énergivores et malgré la rengaine sur « le développement durable » (oxymore ?), rien n'y fait : notre dépendance à l'électricité augmente toujours !
Or, cela a des conséquences, parfois fort ennuyeuses pour l'économie comme pour l'écologie : par exemple, l'achat d'électricité chez nos voisins (lors de quelques épisodes climatiques rigoureux, en particulier) alors même que notre pays reste encore (mais de moins en moins) exportateur.
Alors, que faire pour ralentir la progression de la consommation électrique, en attendant mieux, c’est-à-dire la diminution de cette même consommation ?
Sans doute faudrait-il déjà que l’Etat commence par balayer devant chez lui ! Depuis quelques années, l’informatique est devenue « incontournable » dans les établissements scolaires : partout sont installés des ordinateurs, des tableaux numériques, tandis que, dans le même temps, on n’incite plus les élèves à chercher dans les rayonnages des bibliothèques les trésors qui s’y trouvent, que l’on renonce à conseiller la lecture des livres et des encyclopédies papier, préférant conseiller systématiquement (ou presque) les ressources de la toile alors qu’il faudrait, justement, apprendre la variété des sources documentaires et de leur support… Ce n’est qu’un petit exemple parmi d’autres, bien sûr !
Mais, que faire pour enrayer la progression chez les particuliers ? Certes, il y a toutes ces campagnes dites d’information pour inciter les consommateurs à être plus économes de l’énergie, mais, si elles ne sont pas inutiles, elles ne sont visiblement pas suffisantes. Alors, faut-il augmenter le prix de l’électricité de façon notable pour alerter les consommateurs ? Je doute que cela soit très efficace et, surtout, cette mesure est fondamentalement injuste puisqu’elle pénaliserait d’abord les moins favorisés de nos compatriotes.
En fait, la question nous renvoie surtout au mode de vie que favorise la société de consommation qui, par principe même, pousse à consommer toujours plus et, en particulier toujours plus individuellement, même si cela se traduit par un « endettement énergétique » de plus en plus marqué. Sans doute mutualiser certaines demandes électriques peut-elle aider à diminuer la consommation générale en diminuant la consommation individuelle, mais cela n’est pas forcément simple car des habitudes désormais bien établies ne se perdent pas si facilement. Mais il faudra bien y réfléchir, au risque sinon de voir bientôt notre pays perdre son indépendance électrique, obligé d’attendre des autres son « électricité quotidienne », cette forme de dépendance qui nous scotche parfois devant l’ordinateur ou la télé même lorsque nous n’y trouvons aucun plaisir, au lieu de prendre le temps de se promener, de lire, de parler aux autres…
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