Quelques débats récents sur la question de la neutralité à l’école m’ont conduit à évoquer Marcel Pagnol qui, lui-même fils d’instituteur de la IIIe République, ne croyait guère à cette supposée neutralité, expliquant dans son ouvrage « La Gloire de mon père » que « tous les manuels d’histoire du monde n’ont jamais été que des livrets de propagande au service des gouvernements », ce que je peux aisément confirmer au regard de ma propre expérience, autant comme élève qu’aujourd’hui comme professeur…
Dans ce même livre, Pagnol dénonce, avec esprit et un brin d’amertume, cette subjectivité républicaine qui, pourtant, a été un outil important de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’identité nationale », identité qui se voulait collective mais oubliait la part provinciale (il faudrait d’ailleurs en parler au pluriel…) de ce qui formait « l’identité de la France », et maquillait les aspects les plus sombres de cette République qui se voulait « universelle » à défaut d’être « plurielle »… : « Les écoles normales primaires étaient à cette époque de véritables séminaires, mais l’étude de la théologie y était remplacée par des cours d’anticléricalisme (…). Les cours d’histoire étaient élégamment truqués dans le sens de la vérité républicaine. (…) Les normaliens frais émoulus étaient donc persuadés que la grande Révolution avait été une époque idyllique, l’âge d’or de la fraternité poussée jusqu’à la tendresse : en somme, une expérience de bonté. Je ne sais pas comment on avait pu leur exposer – sans attirer leur attention – que ces anges laïques, après vingt mille assassinats suivis de vol, s’étaient entreguillotinés eux-mêmes (…). »
L’Histoire est cruelle…
Merci
Rédigé par : Philippe Edmond | 19 avril 2011 à 20:35
Je ne crois pas que Marcel Pagnol fustige la république dans son texte. À mon sens il fustige d'avantage la façon dont la république a été instauré dans les moeurs francaises, à l'aide d'une instrumentalisation de la vérité historique. Sur ce point, Marcel Pagnol exprime de l'amertume envers une école qui au lieu d'être un lieu de connaissances, est un lieu de propagande où l'on nourrit l'ignorance à travers cette "subjectivité républicaine". Faut-il pour autant penser que Marcel pagnol, lui même fils d'un instituteur de la IIIeme république était anti-républicain ? La vraie question demeure si aujourd'hui encore le passé monarchique de la France continue d'être discriminé face à la république.
Rédigé par : Quentin | 07 mai 2011 à 20:56