C'était ce dimanche le traditionnel hommage au roi Henri IV organisé depuis déjà quelques années par le Groupe d'Action Royaliste sur le Pont-Neuf, devant la statue du Béarnais. Mais le contexte était, cette année, doublement particulier, du fait de l'élection présidentielle et des événements de Toulouse, et les discours s'en sont aussi fait l'écho, y compris le mien...
« Le peuple français est un composé », ai-je rappelé à la suite de Jacques Bainville qui ouvre sa célèbre « Histoire de France » par cette réflexion qui mérite, non pas une actualisation, mais une simple explication adaptée à notre temps. Le meilleur exemple de la véracité de cette formule bainvillienne est sans doute la diversité des cibles frappées par le tueur qui, en définitive, donne un bon aperçu, non dans les proportions mais dans les particularités, de la pluralité française : des militaires, un professeur, des élèves, des adultes et des enfants, des juifs, des musulmans, un catholique... Tous, ils sont la France, d'une manière ou d'une autre.
Le caractère exceptionnel de la tuerie, sa sauvagerie et la détermination froide de l'assassin ainsi que sa mort spectaculaire, ont choqué le pays tout entier, étonné de voir surgir de son propre sol un pareil « monstre » : un tel rejet par ce dernier de la France doit nous faire réagir, non par la haine (qui signerait, en fait, la victoire du terroriste), mais par le renforcement de l'unité française, renforcement qui passe par une approche volontariste du « vivre ensemble » et par l'incarnation de l'Etat et de la nation en une famille « mère ». Sans doute l'enseignement a-t-il un rôle à jouer dans la visibilité et la réalisation toujours renouvelée, au fil des générations successives, de cette unité. Mais il faudrait aussi en finir avec cette sorte de masochisme national qui, parfois, semble vérifier le titre d'un livre de Maurras, « Quand les Français ne s'aimaient pas »...
Quant à l'union nationale voulue par le Chef de l'Etat pouvait-elle longtemps survivre aux enjeux (et aux jeux) de l'élection présidentielle ? Cela était peu probable, même si les principaux candidats, le temps d'une cérémonie, ont mimé cette union avec une certaine sincérité, avant que de reprendre, une fois les cercueils éloignés, leurs stratégies respectives.
Le roi Henri IV n'était pas un roi neutre et, avant même d'être roi reconnu par tous (y compris d'une certaine manière par son assassin, pourrait-on dire...), il avait dû reconquérir le pays aux mains des factions et leur imposer « sa » paix avant que de refaire l'unité autour du Trône, en incarnant véritablement celle-ci, par une politique de pardon et d'oubli des offenses qui avaient été faites à sa personne et à la fonction qu’il assumait… Cette politique n’est guère possible dans une République qui « se joue aux élections » et dans laquelle l’unité n’existe que de façon temporaire et exceptionnelle, malheureusement souvent à l’occasion de catastrophes comme celles de Toulouse et Montauban.
L’intérêt d’une Monarchie qui n’a pas d’élections à faire et à gagner, c’est d’être, par essence, le symbole fort d’une unité au-delà des partis qui s’affrontent pour gouverner tandis que le souverain règne et arbitre à l’intérieur, et représente la France à l’étranger.
Mieux vaudrait de vrais débats politiques de fond lors d’élections législatives que ce spectacle, certes commandé par la Société « distractionnaire » (selon le mot de Muray) mais si paralysant pour l’action de l’Etat durant de longs mois. Si l’on veut l’unité plutôt que la division à la tête de l’Etat, il y faut un monarque royal ! Ce n’est pas une simple opinion, c’est plutôt un constat et un souhait…
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