Le jeudi 1er mars, j'étais à Rennes, ma ville natale, pour évoquer ce débat institutionnel qui, s'il n'est pas évoqué comme déterminant dans l'actuelle campagne présidentielle, n'en est pas moins intéressant pour autant : « République ou Monarchie ? » : il est vrai que l'actualité du moment sert largement mon argumentaire...
D'ailleurs, le spectacle présenté aujourd'hui par les candidats à la magistrature suprême de l'Etat n'est guère enthousiasmant, tout comme celui du quinquennat qui s'achève dans une certaine confusion : les oeufs et les banderilles qui fusent de part et d'autre, à Bayonne ou ailleurs, les bons mots et les promesses que l'on avance en étant bien certain de ne pouvoir les tenir, les ralliements et les trahisons..., tout cela donne une image peu honorable de la politique mais qui est assez révélatrice d'une démocratie émotionnelle et communicationnelle dans laquelle les effets de manche et les mouvements de menton comptent plus que les débats d'idées et les propositions concrètes.
Lors de cette conférence rennaise, j'ai insisté sur le grand impensé de cette campagne électorale et des institutions de la Cinquième République mais qui, pourtant, revient régulièrement, sous des formes (ou des camouflages) divers : le temps !
Ainsi, dans l'émission « Les Grandes Gueules » (sur RMC, en semaine du lundi au vendredi) du 28 février dernier, l'un des débats tournait sur la question de l'essence et de son coût et, au-delà, sur celle d'une société de plus en plus métropolisée et rurbanisée à la fois, et sur les perspectives délicates des prochaines décennies. « Comment va-t-on faire dans les dix-vingt prochaines années ? Voilà des questions sur lesquelles on attend les propositions des politiques », disait l'un tandis qu'un autre (ou le même, peut-être : difficile parfois de savoir dans le feu du débat...) rajoutait qu'il fallait « une intervention conjoncturelle sur le court terme, structurelle sur le long terme ». Or, il est difficile de penser le long terme en période électorale mais aussi, plus systémiquement, dans une République fondée sur l'élection de son chef de l'Etat même : il est frappant de constater que, depuis la fin de l'ère gaullienne (qui se poursuit encore un peu avec Pompidou), il n'y a plus de grands projets ni de grandes ambitions, et que « l'Europe » a joué un rôle profondément démobilisateur, les hommes politiques se réfugiant derrière une « construction » qui les incitait à ne plus se charger de grandes initiatives nationales, cette « construction européenne » leur suffisant largement comme « projet » alors qu'elle n'aurait dû être qu'un moyen ou, mieux, un incitateur... Cette paresse politique perdure depuis les années 70, au grand dam de ceux qui voudraient aller de l'avant et qui rêvent d'une ambition française digne de ce nom et de l'histoire française.
La République est prisonnière du temps électoral dans notre pays, d'autant plus que ce repli européen, désormais, prend la forme d'une véritable prison administrative et réglementaire, au nom de la lutte contre une Dette qui, justement, détruit de plus en plus rapidement la maîtrise des Etats sur eux-mêmes et les enferme dans une spirale infernale, les empêchant de faire du temps un allié...
Redonner du temps à l'Etat passe nécessairement par l'inscription de la magistrature suprême de l'Etat dans la durée, et la transmission héréditaire, dynastique en est le meilleur moyen, le plus simple et le plus naturel aussi : c'est un des arguments forts qui militent pour l'instauration d'une monarchie en France, non pour défaire par principe ce qui a été fait par les régimes précédents mais pour initier et impulser les politiques et les stratégies utiles à la pérennité de l'ensemble national et à la présence de la France sur la scène internationale, quels que soient le gouvernement de passage et la crédibilité ou la popularité de celui-ci...
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