Les discours et les intentions bellicistes du président de la République M. Hollande et cette impression désagréable d’un isolement de la France en Europe conjuguée à celle d’un suivisme regrettable à l’égard des Etats-Unis, sont révélateurs d’un état de fait et des contradictions d’une République « qui n’a pas de plan » concret et, surtout, pas de stratégie à long terme, confirmant ainsi l’intuition pessimiste et réaliste tout à la fois d’Anatole France. Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur les velléités d’intervention militaire en Syrie, il faut bien constater que la France apparaît prise à un piège que son président, se croyant plus malin que tout le monde, a lui-même contribué à construire… Persuadé que sa position trouverait un bon accueil en Europe et soucieux de jouer les bons élèves des « droits de l’homme » près des opinions publiques tout en se présentant comme indispensable aux Etats-Unis, M. Hollande, illusionniste s’illusionnant lui-même, a été rattrapé par les réalités géopolitiques qui ne coïncident pas vraiment avec ses désirs…
Le désaveu terrible (dés le début du G20 du jeudi 5 septembre…) de la position de M. Hollande par le président de l’Union européenne M. Van Rompuy montre que, malgré tous les discours européistes prononcés depuis la tentative de création de la Communauté Européenne de Défense (CED) dans les années 50, l’UE n’est pas une garantie fiable d’une défense commune appropriée aux enjeux et aux risques géopolitiques et militaires actuels et à venir : le phantasme d’une Union européenne qui existerait en tant que puissance capable de peser sur le monde s’est largement dissipé et M. Hollande, qui espérait en cette chimère, en est pour ses frais…
Tout comme l’affirmation de ce même M. Hollande qu’il ne ferait pas la guerre si les Etats-Unis renonçaient à s’y jeter est un aveu du triste état de la puissance militaire française désormais condamnée à attendre le feu vert des autres et le soutien effectif de ceux-ci pour pouvoir entrer en action : où est passée l’indépendance française ? Qu’est devenue la capacité militaire de la France ? Est-elle désormais condamnée à ne plus jouer qu’un rôle de supplétif des Etats-Unis, au risque de rompre avec la tradition gaullienne (inspirée des capétiens) d’une liberté d’être et d’action de la France dans le monde ? Par son attitude irréfléchie et précipitée, M. Hollande a porté gravement atteinte à la crédibilité de notre pays et de son armée : triste constat et terrible résultat !
Personnellement défavorable à une aventure militaire en Syrie qui ne ferait qu’appliquer un peu plus « la stratégie du chaos » souhaitée par les Etats-Unis qui y voient aussi un moyen de s’attacher un continent européen proche de la ligne de front, je n’en suis pas moins inquiet des signes désastreux donnés par les incohérences de l’exécutif français et de l’affaiblissement de nos capacités militaires qui semblent nous condamner, si l’on y prend garde, à ne plus pouvoir agir librement, y compris sur notre propre territoire en des temps à venir qui ne sont peut-être pas si lointains que cela…
Les mésaventures « hollandaises » doivent nous inciter à reprendre la formule célèbre, scandée en vain dans les années trente par la vigie Maurras, trop Cassandre pour être entendu à temps, une formule pourtant toujours, plus que jamais, d’actualité : « Armons, armons, armons ! ». Or, c’est celui-là même, l'actuel locataire de l’Élysée, qui veut faire la guerre et qui, dans le même temps, ôte en fait à notre Défense les moyens concrets d’être efficace et pérenne, en réduisant un peu plus les budgets militaires et en freinant le renouvellement des matériels de nos armées… Cela rappelle un autre temps et une même incohérence, celle des années 36-37 et du Front Populaire, qui se soldera, malgré le trop léger sursaut des années 38-39 et le début d’un réarmement inachevé et maladroit car trop précipité et mal pensé, par le désastre du printemps 1940 : cette histoire-là n’a donc rien appris à nos socialistes ? Sommes-nous condamnés, une fois encore, aux mêmes errements et à leur triste cortège de malheurs qui s’ensuit ?
Armons, armons, armons… Oui, décidément, il faut s’y résoudre, et vite ! Non pas pour que M. Hollande aille jouer au petit soldat avec le sang des autres dans le bourbier syrien mais pour permettre à la France d’avoir une parole crédible et de pouvoir montrer sa force sans avoir forcément à s’en servir, la capacité de dissuasion et la crainte que l’on peut susciter chez autrui, surtout chez nos adversaires du moment mais aussi parfois chez nos propres partenaires, étant souvent de bons arguments pour pousser à la négociation et au règlement politique de certains conflits…
Votre propos est comiquement incohérent. Que vient faire ici le malheureux Anatole France ? Quant à la phrase de Maurras, cela reste un rêve, surtout si vous êtes partisan de vous dissocier des Américains. Notre pays n'a plus les moyens de faire la guerre, seul. Si vous ne le savez pas encore - et c'est apparemment le cas - alors voilà qui est bien malheureux, et rend caduque le reste de vos tristes analyses. D'ailleurs, à par la vague référence à Maurras, rien n'est royaliste dans vos divagations; c'est dommage, car c'eût été le seul piment qui aurait relevé ce plat indigeste.
Rédigé par : Lorrain | 06 septembre 2013 à 23:53