La question de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est revenue sur le devant de la scène depuis l'annonce faite par le président de la République d'un référendum local sur ce sujet. Pour l'heure, le projet même de référendum pose moult problèmes et divise jusqu'au gouvernement, entre un ministre de l'environnement (le terme d'écologie ayant étrangement disparu de l'intitulé du ministère de Mme Royal) favorable au vote de plusieurs départements (Loire-Atlantique et départements limitrophes) et un autre ministre, en accord avec son ancien ministre de l'Intérieur devenu Premier ministre, qui veut limiter le vote au seul département nantais : en fait, quelle que soit la solution retenue, elle ajoutera au mécontentement ambiant et à l'impression d'amateurisme de ce gouvernement et du chef de l’État...
Pendant ce temps, les derniers agriculteurs présents sur la zone prévue pour l'aéroport attendent avec inquiétude et sans impatience leur expulsion désormais exécutoire : les semaines qui viennent seront déterminantes, et chacun fourbit, du côté de la République estampillée Vinci comme de celui des paysans enracinés et de leurs alliés « zadistes », ses « armes ». Bien sûr, le combat paraît bien inégal mais les moyens de l’État ne suffisent pas toujours, comme l'a montré le précédent de l'automne 2012, quand les forces de l'ordre ont rencontré une résistance digne, dans sa forme sinon dans son fond, des Vendéens de 1793 : le bocage de Notre-Dame-des-Landes s'est avéré un véritable piège pour des « bleus » bien équipés mais peu habitués au combat des bois... Sans doute ont-ils appris depuis, et leur prochain assaut risque d'être plus efficace, en particulier en cet état d'urgence qui permet quelques « arrangements » et la mise au frais de quelques potentiels « résistants » avant de lancer l'opération d'expulsion elle-même : aucune heure de la nuit n'est plus protégée pour les fermiers et les occupants de la ZAD.
Cela fait des années que je milite contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes mais il me semble que le dénouement est désormais proche, qu'il soit favorable ou défavorable à Vinci et à ses obligés politiques : la République qui ne veut pas se déjuger joue son va-tout tout comme les opposants qui sentent bien qu'il leur faut tenir encore le terrain pendant quelques mois, en espérant que le vote consultatif soit hostile au projet ou que la prochaine présidentielle, dans le temps électoral ou dans ses conséquences, rebatte les cartes à leur avantage.
En attendant, les arguments contre le projet d'aéroport doivent être à nouveau aiguisés, démontrés et diffusés : c'est une bataille de chiffres, de faits et de réalités comparés et, au-delà, de propositions et d'idées, voire de civilisation ! Oui, de civilisation, car ce sont deux modèles de vie qui s'affrontent à travers ce projet, celui d'une société de consommation toujours insatisfaite et jamais rassasiée, éternellement pressée, fondée sur l'individualisme de masse et le profit sans conscience, le néo-nomadisme et un libéralisme sans frein, et celui d'une société de convivialité, de service et de partage, de traditions et d'enracinements, capable de prendre son temps et de respecter son prochain, y compris celui à venir... Dans son encyclique « Laudato si' », le pape François livre quelques pistes pour une écologie intégrale que le royaliste que je suis peut reconnaître comme une « vieille tradition » française et monarchique, non la nostalgie d'un « Avant » meilleur et illusoire mais d'une éternité qui n'oublie jamais de se renouveler...
A Notre-Dame-des-Landes se joue le sort de quelques arpents de terre mais aussi et surtout, le destin d'une société, la nôtre : que l'aéroport se fasse et ce sont bien plus que des tritons, des libellules et des oiseaux qui souffriront ! C'est la possibilité d'une résistance au triste « monde qui vient » qui sera sérieusement entamée : il est, ainsi, des combats qu'il ne faut pas perdre et pour lesquels il faut s'engager, en citoyens soucieux de préserver « cet avenir que tout Français bien né souhaite à sa patrie »... Bien sûr, dans ce combat, certains alliés de circonstance n'auront pas les mêmes intentions ni les mêmes principes. Qu'importe, puisque nous le savons ! Maurras, ce royaliste conséquent, n'hésitait pas, lui, à invoquer « le compromis nationaliste » (y compris avec des adversaires politiques) quand les choses essentielles étaient en jeu. Ce Martégal, défenseur de l'étang de Berre menacé par l'industrialisation abusive à l'aube des « Trente Glorieuses », aurait sûrement écrit ce soir quelques belles et coléreuses pages pour défendre ces mares et ces bois de Notre-Dame-des-Landes menacés par le bitume d'une République qui ne cesse jamais, encore et toujours, de défigurer la France, notre royaume !
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