« Le royalisme pour une vraie démocratie » : c'est le thème du prochain « Banquet Camelot du Roi » du Groupe d'Action Royaliste qui aura lieu au moment même du second tour des élections législatives. Certains ont été surpris par le titre du Banquet, me citant les formules ironiques de Georges Bernanos sur cette fameuse démocratie amnésique de ses propres promesses ou « mère des totalitarismes » comme évoquée dans son discours d'après-guerre à la Sorbonne. Mais il y a sans doute malentendu sur la compréhension de l'intitulé du banquet, et cela tient à la polysémie du terme démocratie et à ses pratiques différentes ou revendiquées par nombre de « démocrates » autoproclamés qui confondent leur opinion avec l'obligation de croire ce qu'ils disent...
Le mot démocratie a une longue histoire et celle-ci n'a pas toujours été heureuse. Née à Athènes sous le nom d'isocratie (« le pouvoir de l'égalité »), la démocratie est, dès ses origines, critiquée et contestée : certains y voient le risque d'une trop grande arrogance de la cité au détriment de toute raison et humilité, et les discours de Périclès (autant que sa violence à l'égard de ceux qui remettaient en cause l'hégémonie d'Athènes sur le monde grec) sont empreints d'une ambiguïté que le témoignage favorable de Thucydide ne dissipe pas entièrement. Maurras y voyait, d'ailleurs, la cause des malheurs d'Athènes et de sa disparition politique au cours du quatrième siècle avant Jésus-Christ.
Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que le mot réapparaisse puis s'impose dans les deux siècles suivants, aussi bien dans le vocabulaire politique que dans la hiérarchie des systèmes ou des idéologies politiques, mais avec des confusions qui, parfois, sont à la fois voulues par ceux qui les commettent et subies par ceux qui les entendent... La Démocratie écrite avec un grand « D » est d'abord une idéologie avant même que d'être des institutions : celle qui fait du « démos » (le peuple des citoyens reconnus comme tels, ce qui peut limiter leur nombre et écarter nombre de sujets du Droit...) la source de toute légitimité et de toute souveraineté mais, en démocratie représentative, la réserve à quelques uns dans la prise de décision finale et empêche le « pays réel » de pouvoir peser sur ce qui, pourtant, le concerne parfois directement. Ce n'est donc pas notre définition d'une « vraie démocratie » telle que nous la pensons et la souhaitons pour notre pays.
Dans la lignée d'un La Tour du Pin et des grands décentralisateurs du XIXe siècle, jusqu'au « premier fédéraliste de France » tel que se définissait Maurras en 1950, nous souhaitons une vraie représentation du « pays réel » et une décentralisation des pouvoirs au bénéfice des régions, des communes mais aussi des quartiers et des professions, des universités et des lycées, entre autres. Il s'agit bien de réactiver les multiples républiques françaises qui font vivre la nation en ses diverses composantes et en toutes ses dimensions. Cela a bien peu de choses à voir avec cette République, même cinquième, qui découpe et recoupe au seul gré du Pouvoir central et sur un coin de table les régions françaises (ainsi que l'a fait M. Hollande un soir de 2014), sans aucun égard pour les souhaits des provinciaux eux-mêmes et au mépris de l'histoire de celles-ci et de la nation. Les Bretons, par exemple, ont souffert et souffrent encore de ces décisions prises à Paris, et, s'ils dénoncent un jacobinisme qui reste la colonne vertébrale de la République, ils n'en tirent pas encore toutes les conséquences institutionnelles mais sentent confusément que la démocratie dite française (que l'on pourrait qualifier, plus véridiquement, de « parisienne » et « parisianiste ») n'est pas la « vraie démocratie », du moins celle qui permettrait une forme de reprise en main par eux-mêmes des décisions s'appliquant à la Bretagne, mais plutôt une sorte de « démocrature » administrative, contrôlée depuis Paris et adoubée par les institutions européennes de Bruxelles.
Ainsi, la définition de la démocratie que nous revendiquons n'est pas celle du gouvernement d'un « pays légal » politicien, administratif et centraliste, sur le « pays réel » (et nous continuerons, invariablement, à dénoncer cette démocratie-là), ni d'une gouvernance mondialisée qui vanterait de grands principes moraux pour mieux détruire toute tradition et résistance locales (n'est-ce pas là le fameux « globalitarisme » qui s'étend sous le couvert de mondialisation et de modernité ?), mais bien plutôt celle d'une redistribution des libertés et pouvoirs concrets des « pays réels » aux citoyens par le biais d'institutions (et d'élites, pourquoi pas ?) locales, politiques comme professionnelles, et par leur pratique régulière sous des formes diverses et adaptées à notre temps (et, donc, à l'ère numérique sans tomber néanmoins dans les excès d'une virtualité parfois desséchante).
Nous ne proposons pas forcément un « projet clés en main », mais bien plutôt des axes de réflexion et d'action dans les domaines politique, économique et social, avec la forte intuition, soutenue par l'expérience de l'histoire et de la pratique des sociétés humaines en France, que seule une Monarchie fédérative, fort trait d'union entre tous les éléments de la pluralité française, peut, simplement, permettre la mise en place et l'exercice plein et entier de cette démocratie ou, plutôt, de ces démocraties réelles, autonomes, vives et mesurées à la fois, de proximité comme d'efficacité. En somme, ce que n'a pas su (ou voulu) faire la République, qu'elle soit jacobine ou girondine...
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