La semaine passée devait être la semaine de « l’insurrection civique pour le climat », promise et initiée par le groupe Extinction Rébellion, mais elle s’est plutôt soldée par un échec assez retentissant, malgré un soutien médiatique certain mais désormais un peu ironique, voire agacé : il semble que le discours « septembriseur » de Greta Thunberg à la tribune de l’ONU ait marqué la fin de la bienveillance à l’égard de sa croisade, pourtant honorable au regard de son ambition affichée d’alerte sur les questions environnementales, et que, désormais, le « reflux écologiste » soit prévisible malgré les dangers qui s’accumulent sur notre pauvre planète, bien mal en point depuis que les sociétés humaines ont basculé dans un consommatorisme débridé et « individualiste de masse ». Le fait que le prix Nobel de la Paix, que l’on annonçait comme destinée à la jeune militante suédoise dans cette semaine particulière, ne lui ait pas été attribuée malgré ces pronostics qui le lui offraient sans concurrence, est sans doute le symbole de ce reflux et de ce retournement en cours.
Faut-il se réjouir de la fin (provisoire ?) de cette illusion écologiste ? Je n’en suis pas certain, car il est à craindre que ce soit tout le souci environnemental et la réaction écologique tellement nécessaire à notre avenir et à celui de la beauté du monde, mais aussi à notre propre humanité aujourd’hui menacée par l’horreur transhumaniste, qui soient ainsi oubliés, en attendant de nouvelles catastrophes et pas seulement en Amazonie… Mais il faut repenser le combat écologique, et le raisonner sans forcément le dépassionner, l’ordonner sans le formater : en ce sens, l’écologie intégrale, si chère aux royalistes (et née dans leurs milieux au début des années 1980), est sans doute la meilleure proposition écologiste possible et la plus complète, même si elle n’est pas la plus facile et si ses formes peuvent être multiples, complexes et parfois encore mal définies, malgré les réflexions initiales de Jean-Charles Masson, premier théoricien de celle-ci (1), et celles de ses successeurs monarchistes (2), jusqu’aux catholiques lecteurs de l’encyclique Laudato Si’, le texte écologiste le plus lu et diffusé sur la planète.
L’écologie intégrale est la reconnaissance du « souci environnemental » comme étant celui, éminemment politique, de la recherche du bien commun des sociétés en lien avec leur environnement et avec la nature profonde des hommes, loin des définitions idéologiques qui réduisent les personnes à des individus égaux et interchangeables quand elles n’existent, en fait, que par leurs actions et interactions avec le milieu naturel qui les nourrit et qui les fait (et voit) vivre. Elle est autant défense de la biodiversité végétale et animale que de l’espèce humaine comme partie intégrante de celle-ci, avec cette particularité que cette dernière a la capacité de domination sur le reste de la Création, pour employer la terminologie religieuse commune aux religions du Livre, mais que cela lui donne le devoir de protéger tous les autres êtres vivants et leurs milieux, dans leur variété : protection des autres espèces (et de la sienne propre) et humilité devant les mystères et richesses de la vie, devant ses cycles et sans négliger d’en corriger les effets si ceux-ci risquent d’attenter à la pérennité de l’ensemble. C’est pourquoi l’écologie intégrale ne cherche pas à créer un « homme nouveau » mais considère ceux d’aujourd’hui tels qu’ils sont, non pas par impuissance car elle cherche à changer leurs comportements quand ils sont inappropriés au bien commun ou à l’équilibre écologique, et cela sans pour autant céder aux facilités du fatalisme…
Est-ce un hasard si l’écologisme intégral conclue à la Monarchie royale, pouvoir le plus « naturel » qui soit au regard de la transmission de la magistrature suprême de l’Etat, le fils succédant au père, avec tous les liens filiaux et les différences qu’il y a du père au fils, comme dans toutes les familles humaines ?
Notes : (1) : les premières occurrences de « l’écologisme intégral » apparaissent dans le mensuel Je Suis Français, publié par les royalistes marseillais d’Action Française, dans deux articles de 1984. Dans ceux-ci écologisme équivaut, plus largement, à écologie, même si, à bien y regarder, l’écologisme est ce qui doit permettre à l’écologie d’advenir et d’être une mise en pratique de la théorie par l’Etat politique.
(2) : en particulier Frédéric Winkler, ancien rédacteur de la revue Le Paysan biologiste dans les années 1980-90, et aujourd’hui dans les colonnes de Libertés, publication du Groupe d’Action Royaliste, et les jeunes plumes toulousaines de l’Action Française, entre autres…
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