Depuis des décennies, je recherche et collecte les documents issus du monde royaliste des années 1870 à nos jours, et j’en suis parfois bien encombré, au risque de les oublier. Mais le travail d’écriture sur ordinateur me permet aussi d’en retrouver la trace et, mieux encore, de les étudier ou de les valoriser, à travers quelques extraits appropriés à l’actualité. Ci-dessous, quelques lignes issues d’un article de 1933 sur les fonctionnaires… (Un article déjà publié il y a une quinzaine d’années, et réactualisé en ce lendemain de grèves et de manifestations des fonctionnaires.)
En rangeant de vieilles revues retrouvées au fond d’un de mes nombreux cartons d’archives, je n’ai pu résister à la tentation d’ouvrir l’une d’entre elles, le numéro de mars 1933 du Bulletin mensuel des groupes d’Action Française de la Mayenne intitulé « Le Maine ». Bien m’en a pris ! En la feuilletant, je suis tombé sur un article dont certaines lignes sont d’une brûlante actualité, en ces temps de crise et de grèves à répétition, mais aussi d’inquiétudes, en particulier des fonctionnaires : « Ce n’est pas à l’Action Française qu’on crie : « A bas les fonctionnaires » ; il est d’un régime sain d’honorer, de bien traiter ses fonctionnaires ; trop nombreux ? Certes ; trop lourds au budget ? Sans doute ; à qui la faute ? Aux institutions, pas à eux. Il est aussi d’un régime sain de protéger, d’encourager le commerce, l’industrie, la terre : à force d’user les richesses des individus on ruine le pays. Mais il est d’un régime fol de susciter les jalousies, d’attiser les rivalités, d’exciter des intérêts qui semblent opposés ; la République s’y emploie actuellement avec une science remarquable de l’intrigue et de la félonie. Habiletés, manœuvres, ficelles, qui ne remplissent pas les coffres. » En quelques phrases, tout est dit !
En tout cas, fonctionnaire moi-même, je n’ai fait grève que deux fois en 32 ans de carrière (l’une pour protester contre l’agression d’une collègue aux Mureaux où j’enseignais ; l’autre contre M. Allègre, ministre de l’Éducation nationale de M. Jospin…), car je ne suis pas persuadé que cela soit, désormais, le meilleur moyen de se faire entendre et, d’autre part, j’ai toujours refusé de cesser le travail pour des raisons salariales : certes, les professeurs ne sont pas très bien payés, au regard de leur travail effectif qui ne s’arrête pas aux portes de la classe ni aux jours de cours. Mais de nombreuses possibilités se font jour désormais pour nous permettre de « gagner plus », en particulier en s’investissant dans des projets éducatifs ou en assurant des heures supplémentaires pour les élèves en difficulté ; bien sûr, ce n’est pas toujours suffisant ni même très clair (administrativement parlant), mais ce sont des ouvertures intéressantes pour la suite, et il serait dommage de ne pas saisir ces opportunités.
D’autre part, notre « privilège », et pour le coup il me semble intéressant de le préserver plus que de demander une improbable augmentation salariale, c’est le temps libre qui, à mon avis, remplace aisément les sous que nous n’avons pas de manière suffisante… Et puis, je ne vais pas me plaindre aujourd’hui car je fais un métier que j’ai toujours voulu faire, qui est une véritable vocation pour moi, et je suis un prof heureux !
Post-scriptum : la première mouture de cette note a été publiée en novembre 2007 : je constate que, en quinze ans, rien n’a changé en mieux ! Une preuve supplémentaire de l’inefficacité et du fixisme d’une République qui, à chaque nouveau président, à chaque nouveau gouvernement, nous berce de mots qui ne sont, en somme, que les oripeaux des illusions : non, décidément, la République, fondamentalement, ne change pas ! Vivement « autre chose », que j’imagine fleurdelysée…