Jadis, la IIIème République avait été ébranlée, en vain d'ailleurs pour ses opposants, par de nombreux scandales qui, au fil du temps, s'étaient banalisés, chacun espérant bien en tirer un petit profit... De la République vertueuse évoquée par Robespierre en 1793, il ne restait qu'un "idéal" clamé mais peu pratiqué, et cette situation pouvait se résumer par la formule assassine:"grands principes, petite vertu".
Il semble que l'Union européenne puisse supporter pareille formule: après les scandales de la Commission Santer, ceux autour d'Eurostat sous la Commission Prodi, voici l'affaire Péchiney (numéro 2, si l'on se souvient de la 1ère qui atteignit jusqu'aux cercles proches du pouvoir Mitterrand) qui, elle aussi, concerne la période Prodi. Cette nouvelle affaire de "délit d'initiés", qui visiblement touche les services de la Commission européenne eux-mêmes, risque à nouveau de décrédibiliser un peu plus une "construction européenne" dont les principaux profiteurs sont moins les citoyens que quelques hauts fonctionnaires de l'UE (baptisés par la rue les "eurocrates") pourtant prompts à faire la morale aux "peuples qui votent mal".
Soyons lucides: il y a, il y aura toujours, tant que l'homme sera l'homme, des scandales et des corruptions plus ou moins graves. Mais le vrai scandale est que ceux qui demandent aux citoyens de faire des efforts et qui "réglementarisent" nos sociétés, parfois sans tenir compte des traditions culturelles ou des réalités sociales, ceux-là qui se veulent à la pointe de "l'Europe en marche" donnent le mauvais exemple: le pouvoir, quel qu'il soit, fixe des devoirs qu'il est indispensable d'assumer et de pratiquer sous peine de tomber dans l'usurpation.