Dans "La Croix" datée du lundi 31 octobre, un article de Jacques Duquesne critique "l'obsession du court terme" en politique comme en économie avec des mots souvent fort justes; en voici quelques extraits significatifs:
"Ils ne pensent tous qu'à 2007. (...). Un spectacle déplorable qui (...) conduit surtout à s'interroger sur une Constitution qui fut taillée sur mesure pour le général de Gaulle, et, plus encore, sur la réforme récente qui a réduit à cinq ans la durée du mandat présidentiel. Comme si notre haut personnel politique ne vivait pas déjà, dans l'obsession de la réélection, c'est-à-dire du court terme".
Comment pourrait-il en être autrement dans un système politique qui privilégie l'effet d'annonce, le spectaculaire, le "zapping" électoral, tout en abandonnant ses responsabilités d'Etat et son rôle propre, ses éminentes obligations politiques, au sens noble du terme? Comme me disait un vieux Camelot du Roi il y a peu: "Ils veulent tous en croquer, du pouvoir. Ils sont républicains et ils ne pensent qu'à s'asseoir sur le trône de l'Elysée ou, pour les moins ambitieux, sur un fauteuil ministériel: ambiance IIIe-IVe République..." C'est aussi ce qu'évoquait dans un autre style le film "Le Président" avec Jean Gabin, un film fort critique à l'égard des moeurs politiques parlementaires...
Mais cette "obsession du court terme" touche aussi le monde de l'Economie, avec des conséquences tout aussi désastreuses, en particulier sur le plan social: l'actuelle toute-puissance des actionnaires repose sur l'obsession du profit rapide, sans "au-delà social", ce qui explique le peu d'investissements et de stratégies véritables de certaines "grosses valeurs" boursières... Résultats: "Pour être bien cotés en Bourse, il leur faut distribuer beaucoup aux actionnaires. Et baisser leurs coûts de production aux dépens des hommes et de la qualité". Le "cauchemar social", dont la Chine est l'exemple aujourd'hui emblèmatique, est la terrible démonstration de la "dictature" de cette fameuse formule de Benjamin Franklin, "Time is money" (Le temps, c'est de l'argent)...
Le rôle des royalistes, et des hommes de bonne volonté qui croient que l'Argent ne doit pas être ni devenir la seule finalité de l'économie, consiste à redonner au Politique sa place, toute sa place mais rien que sa place, face à une économie en voie d'ensauvagement. Rendre aussi à l'Etat son "temps long": la succession héréditaire propre au principe monarchique français n'est qu'un moyen, mais le moyen nécessaire, de rompre avec cette funeste "obsession du court terme"...
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