J'étais hier matin à Mantes-la-Jolie, quelques copies (1ère S8...) et journaux sous le bras. J'en ai profité pour me promener dans le centre-ville et visiter la superbe collégiale construite à partir de 1150 et qui, malgré les destructions révolutionnaires de 1794 et les bombardements de 1944, a gardé beaucoup de sa majesté et de sa beauté. "L'injure des hommes" fût parfois plus rude que celle du temps... mais qu'importe! La pierre est une "matière vivante", pourrait-on dire, puisqu'elle porte, elle est, l'histoire des hommes et de leurs passions, de leurs espérances ou de leurs illusions, de leur foi ou de leur désespoir, de leurs violences... Dans les statues décapitées de la façade, il y a l'écho du malaise de ces révolutionnaires qui voulaient créer un "Homme nouveau" en oubliant (ou en niant) leurs pères, ces hommes réels qui les avaient précédé. "Du passé, faisons table rase": Maurras, à la suite des royalistes du XIXe siècle encore épouvantés du déchaînement de la Révolution, affirmait: "Je hais ce programme d'amnésie". Néanmoins, il ne niait pas cette Révolution comme fait puisqu'elle avait eu lieu et constituait la fondation événementielle du "mythe républicain". Il s'agissait pour lui de renouer le fil de l'Histoire française tranché par le couperet jacobin. C'est toujours la préoccupation des royalistes d'aujourd'hui qui accordent beaucoup, trop parfois, d'importance à l'Histoire.
Il ne s'agit pas, pourtant, de cultiver la nostalgie d'un "âge d'or" monarchique (du type "C'était mieux avant"...) ou le ressentiment à l'égard de 1792. Le rôle d'un royaliste contemporain est de comprendre l'Histoire et ses enjeux, et d'en tirer des expériences et des leçons, sans jamais oublier que "l'inattendu" est l'un de ses principaux acteurs.
Il me semble aussi qu'elle est un formidable instrument de l'"inclusion", de l'appartenance nationale. N'est-ce pas celui-là qu'il faut mettre en valeur pour donner aux jeunes de notre pays, y compris des "banlieues chaudes", des raisons d'aimer cette France qui, souvent, ne leur apparaît que sous les formes tristes du béton des cités et celles, clinquantes et trompeuses, du "spectacle de la consommation facile" ? Faire connaître le patrimoine historique de Mantes-la-Jolie, ville royale sous Philippe-Auguste, le vainqueur de Bouvines (date de naissance, dit-on souvent, du sentiment national), aux collégiens et lycéens du Mantois, n'est-ce pas une manière de rendre vivant cet héritage, de leur en montrer les richesses et les potentialités, et de leur en "confier les clés", pour qu'ils se l'approprient et l'intégrent à leur vie propre, à leur "construction personnelle" ?
Avant de quitter Mantes-la-Jolie, j'ai remarqué les "armes" qui figurent sur les plaques de rue de la ville: une fleur-de-lys qui, sur sa droite, se transforme en arbre aux branches et aux feuilles conquêrantes. Quel beau symbole de cette France qui reste, malgré tout, un royaume à l'avenir toujours possible, toujours renouvelé et renouvelable, de génération en génération. De quoi ne pas désespérer de la France...
Vasi la tu ve mfr découvrir la téci de mantes la jolie. wesh les mecs téma la téci c t un tocha avan nik sa mere !
Rédigé par : Le baroudeur | 27 novembre 2005 à 12:33
" ah la la la la la life is wonderful " comme dirait mraz :o)
Sinon, n'est-ce pas un peu dangereux de rester trop longtemps en adoration devant des symboles, un peu comme les révolutionnaires oubliaient "leurs pères, ces hommes réels qui les avaient précédé" ?
Rédigé par : Matthieu | 27 novembre 2005 à 22:25
Rassurez-vous, je ne suis pas en "adoration devant des symboles" mais je ne me méconnais pas leur force: en Mai-68, un slogan proclamait : "On n'est pas amoureux d'un taux de croissance" et c'était vrai. Par contre, les hommes, n'étant pas que des "animaux économiques", se nourrissent aussi de nourritures spirituelles et intellectuelles. Ils savent aussi, heureusement, rêver. C'est aussi un moyen d'aborder les réalités et de ne pas désespérer, et c'est fondamental.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 28 novembre 2005 à 18:39