Avec le recul, il me semble que la crise des banlieues, qui a tourné aux émeutes le mois dernier, est une "crise multiple": crise sociale, crise urbaine, crise des valeurs et du sens, crise des institutions politiques... Elle joue surtout un rôle de révélateur et de "miroir grossissant", parfois déformant, de notre société et de son fonctionnement, mais aussi de son idéologie "individualiste de masse" et de sa morale consumériste...
Ni révolte, ni révolution, les émeutes n'avaient pas de fond politique et, sans doute, même pas de revendication sociale, malgré les efforts de certains journalistes d'appliquer sur ces événements une "grille d'analyse" rassurante mais, en fin de compte, pas toujours crédible. Ce qui ne veut pas dire qu'elles n'avaient pas de sens, mais que les émeutiers n'avaient pas de discours autre que celui, mimétique, des médias et celui, qui leur est propre, de la "susceptibilité narcissique", de cette susceptibilité qui semble le moyen de s'approprier une identité "d'opposition" à autrui, à ce qui est "hors-les-quartiers".
Cela pose le problème même du sens de cette "dissociété" (selon le mot de Marcel de Corte) qui privilégie l'individu désaffilié à la personne et à la société, et qui semble incapable d'inscrire sa pratique dans autre chose qu'une sorte de "présent permanent".
En inscrivant le politique dans la "longue durée" dynastique, la Monarchie active "à la française", sans avoir le "remède-miracle" à tous les problèmes de notre temps, ouvre la possibilité d'une politique véritable des villes et de leurs périphéries, d'une politique sur le long terme et non plus de ces "vaines expériences" remises en cause à chaque alternance gouvernementale. Le "chantier des banlieues" est trop important pour le livrer encore aux seuls démolisseurs ou démagogues de tout acabit.
parce que le principe de définir des endroits (des lieux) mis à l'écart (au ban) des centres villes ça date de quand???
C'est sû qu'en terme d'individualisme les royalistes savent de quoi ils parlent...
Pouark!
Rédigé par : | 13 décembre 2005 à 19:14
Jusqu'à la fin du XIXe siècle les différences sociales ne se remarquaient pas au quartier habité mais à l'étage de résidence : la mixité sociale existait. Ce qui n'empéchait pas l'existence de faubourgs, eux aussi mixtes (maisons de campagnes et maisonettes de jardiniers et ouvriers).
Rédigé par : Lafarge | 14 décembre 2005 à 10:19
une crise sociale, urbaine , institutionnelle, une crise de valeurs , de sens.... OK OK Cette crise n'est-elle pas aussi une crise ethnique et religieuse ? D'aucun aura vu cette video où les émeutiers crient "Allah Akbar" "Ici c'est Jérusalem" mais également "Sarkozy sale juif".
Il ne faut pas occulter certains aspects de cette crise.
Rédigé par : pvlatortue | 14 décembre 2005 à 13:23
L'individualisme de masse n'est pas vraiment la tasse de thé des royalistes, mais bien plutôt des idéologues de la Révolution qui l'inscrivent même dans la loi, comme dans les lois d'Allarde et Le Chapelier de 1791 par exemple. D'autre part, je ne saisis pas exactement le sens du 1er commentaire (anonyme) sur cette note: j'ai beau relire ce que j'ai écrit, je ne vois rien qui soit "déplacé". "Définir" me semble important pour savoir de quoi l'on parle, et pour pouvoir agir concrètement.
Dernier point: je n'occulte pas mais je ne veux pas non plus me laisser "distraire" de la réflexion politique et pratique, et, si je ne méconnais pas les aspects évoqués par pvlatortue, je constate qu'ils ne sont pas, je l'ai constaté sur place durant mes 9 ans passés aux Mureaux, déterminants dans le problème évoqué. La solution à la crise des banlieues n'est évidemment pas que politique mais aussi civilisationnelle, mais dans l'ordre des moyens, encore une fois, "Politique d'abord".
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 14 décembre 2005 à 19:21
Lecture. Le ministre est bien informé et s'exprime avec clarté. Extraits de son discours :
"....La méthode globale a été abandonnée en théorie par les nouveaux programmes.
Mais dans la pratique, même si la méthode globale pure a disparu depuis longtemps, il reste des méthodes « à départ global ». Ces méthodes font commencer l'apprentissage de la lecture par une approche globale pendant plusieurs semaines, pour n'en venir qu'ensuite à la découverte des syllabes. Les neurosciences permettent aujourd'hui de dire que cette approche est mauvaise...."
"..La méthode « à départ global » rend beaucoup plus difficile l'acquisition du code alphabétique. Certes, elle donne l'illusion de savoir lire très tôt puisque l'enfant sait reconnaître immédiatement une petite collection de mots. Mais rapidement la mémoire est saturée. Et la lecture se transforme en un exercice de devinettes ! Voyez le film « Etre et avoir », et l'enfant qui voit le mot « ami » et prononce le mot « copain » ! .."
"...Un bon départ en lecture et en écriture, comme les chercheurs d'aujourd'hui le préconisent, cela consiste à partir du son et de l'écriture du son, pour aller vers la lecture et l'écriture de la syllabe, puis du mot, puis du texte. Or, les concepteurs de manuels et les formateurs n'ont pas vraiment pris acte du changement introduit par les nouveaux programmes ; les manuels restent pour une bonne part inspirés par le départ global, et l'on peut dire qu'une certaine confusion règne.
Les étudiants d'IUFM et les jeunes professeurs en particulier expriment une très forte demande de repères pour l'apprentissage de la lecture ! Ils voudraient y voir un peu plus clair, parce qu'il s'agit d'un de nos biens les plus précieux : notre langue.
Je veux donc établir une bonne fois, de manière parfaitement explicite, ce qui est recommandé comme cheminement méthodique pour apprendre à lire aux enfants. Et tout mettre en uvre pour que l'application suive . Toute méthode d'apprentissage qui s'apparente, de près ou de loin, à la méthode globale ou semi-globale doit être abandonnée...."
"..Je signale, pour en terminer sur ce point, que mon homologue britannique, Mme Ruth KELLY, travailliste, a pris il y a dix jours exactement la même décision que moi sur la méthode de lecture ! Nous l'avons fait sans concertation ! .." 'http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=200512131451)
Rédigé par : Grégoire Kueny | 14 décembre 2005 à 21:51