Il y a quelques jours, me promenant à Paris, j'eus la surprise, dans les couloirs du métro, de me retrouver face à un gigantesque portrait du roi Louis XIV: cela rompait avec les publicités habituelles pour des "revues de potins" ou pour des films de série Z. Ce portrait était accompagné du texte suivant: "Le siècle de LOUIS XIV. Quand la France dominait le monde" et annonçait un numéro double du magazine Le Point consacrant une soixantaine de pages au Roi-soleil et à son règne.
M'étant procuré ce numéro, je l'ai lu avec grand intérêt. Les articles d'Olivier Chaline, de François Lebrun, de Lucien Bély, de Jean-Christian Petitfils, etc, ont le mérite d'évoquer le règne de Louis XIV sans parti-pris ou anachronisme, et de rappeler que la France avait alors une politique et une diplomatie, malgré les rigueurs et les préjugés du temps, malgré les puissances adverses et la jalousie des autres princes, malgré les "féodaux" et leurs manoeuvres. Il y aurait beaucoup à citer de ce numéro du Point.
Le titre même du dossier laissait transparaître une certaine nostalgie, comme si les rédacteurs du magazine (et non les historiens qui ont participé à ce numéro) semblaient aussi se résigner à une "France descendante" alors qu'elle "avait été grande". Pourtant, la nostalgie n'est souvent qu'une autre forme de l'abandon ou de l'impuissance. Il nous faut regarder les choses en face : la France n'est plus la première puissance du monde, c'est certain, mais elle reste une puissance et elle a encore un rôle à jouer sur la scène internationale. A cet égard, il n'est pas inutile de constater qu'elle est souvent à l'origine de grands projets aujourd'hui assumés ou développés dans le cadre de l'Union Européenne, comme les programmes aéronautique (Airbus) ou spatial (Ariane). Il faut aussi remarquer qu'elle peut être une alternative diplomatique, mais aussi culturelle, à la toute-puissance des Etats-Unis ou, demain, de la Chine. Puissance "moyenne", elle peut être un recours pour les pays du Sud désireux de ne pas être trop dépendants des "Sur-puissances", plus inquiétantes parce que plus "conquêrantes". L'exemple de 2003 et de son refus d'"une seule solution" (celle donnée et pratiquée par les Etats-Unis) dans l'affaire irakienne a montré que, quand la volonté politique est bien marquée et assumée, la France peut jouer un jeu diplomatique qui lui redonne du crédit et son rôle d'arbitre entre des ambitions ou des stratégies fort différentes. Il est malheureux que cette politique inaugurée en 2003 n'ait pas vraiment été soutenue par les moyens nécessaires et sur le long terme, comme si la République s'était effrayée de sa propre audace... Chirac n'est pas, c'est certain, Louis XIV: il n'en a ni la stature ni la liberté, piégé par la "querelle des prétendants". Il ne dispose pas non plus du temps qui fût souvent l'alliée de la Monarchie française. Le règne d'un Chirac n'aura été, malgré quelques rares rayons, que celui d'un soleil couchant et, déjà, on l'évoque comme finissant alors qu'il est encore Président pour près d'un an et demi.
Avec toutes les potentialités dont elle dispose, qu'elles soient humaines, diplomatiques, culturelles ou économiques, La France pourrait "faire mieux" qu'aujourd'hui. Encore faudrait-il un Etat qui lui fasse confiance et qui croit en elle. Un Etat qui soit capable d'en appeler à toutes les forces du pays et à toutes les imaginations créatrices de ses citoyens. Un Etat qui dispose du temps, cet allié de toutes les grandes politiques qui veulent se déployer et durer. Un Etat qui ne soit pas balloté d'une élection à l'autre. Un Etat, tout simplement, digne de son nom et de sa fonction.
de guy mollet a chirac, etc, le monde s esclaffe de voir la france vouloir dominer le monde. Et je me suis toujours demande quelle tete ferait galouzeau de villepin si le premier canadien debarquait a ajaccio en criant : vive la corse libre!!!
Rédigé par : more n more amor | 03 janvier 2006 à 17:52
Quand vous dites que "L'exemple de 2003 et de son refus d'"une seule solution" (celle donnée et pratiquée par les Etats-Unis) dans l'affaire irakienne a montré que, quand la volonté politique est bien marquée et assumée, la France peut jouer un jeu diplomatique qui lui redonne du crédit et son rôle d'arbitre entre des ambitions ou des stratégies fort différentes.", je me permets de vous faire remarquer qu'aucun résultat n'a été obtenu de ce cirque onusien, la guerre a eu lieu, le terrorisme a pris des tours et nous ne sommes nous-mêmes à l'abri de rien.
Quand au "crédit" qu'on nous renvoie, c'est ce qu'il y a de moins cher ! Ce crédit obtenu l'a été dans des pays de peu d'importance. Nous l'avons dès lors complètement perdu dans les pays de l'Est qui étaient dans notre sphère d'empathie depuis toujours.
La France a le droit et le devoir de faire toutes remontrances aux Etats-Unis, mais s'est abaissé à des manoeuvres de couloirs indignes de son rang de membre permanent du Conseil, et in fine, elle devait épauler son allié de référence, même du bout des lèvres.
Quand à la question posée de savoir qui de l'Irak de Saddam Hussein ou des Etats-Unis de Bush il souhaitait la victoire, Galouzeau De Villepin a refusé de répondre, il a marqué la France au fer rouge pour longtemps.
Rédigé par : catoneo | 03 janvier 2006 à 19:10
Il est marrant de voir à quel point une émission aussi stupide et aussi médiocre que les guignols peut influencer les gens... "Galouzeau de Villepin". Tsss. C'est tellement mauvais...
Rédigé par : | 04 janvier 2006 à 20:25
=> c'était moua.
Rédigé par : Hugo | 04 janvier 2006 à 21:22