Je suis depuis quelques jours dans les Landes, à Sore, à l'invitation d'amis chers, et j'en profite pour visiter les lieux et les alentours, sans pour autant oublier les préoccupations politiques. Aussi, tous les matins, je lis la presse du jour dans un café qui, jadis, était un "Cercle" tenu par le Parti communiste... Bien sûr, j'ai aussi en évidence sur ma table du moment quelques revues éminemment royalistes, ce qui surprend un peu les "habitués" du lieu, sans forcèment les choquer.
Il est intéressant, d'ailleurs, d'écouter aussi ce qui se dit sur le comptoir et autour des tables, car le Café est une véritable "agora" où toutes les opinions, les émotions, s'expriment, avec un langage parfois peu châtié et très... expressif, à défaut d'être toujours juste. C'est la "démocratie du pauvre", disait-on jadis, le lieu privilégié de la parole du "pays réel" (en opposition à celle du "pays légal", qui dispose des grands moyens de communication).
Hier, des artisans évoquaient avec une certaine colère les problèmes qu'ils rencontraient pour trouver des jeunes qui souhaitent travailler dans les métiers du bâtiment, et ils s'en prenaient à l'Education nationale, coupable d'entraîner ses élèves vers des impasses. Ils n'avaient pas vraiment tort, même si les termes employés à l'égard de l'institution à laquelle j'appartiens étaient "rudes". Effectivement, ne pas permettre à des jeunes qui s'ennuient sur les bancs de l'école de trouver leur épanouissement dans des activités manuelles, est fort malheureux, et cela, d'ailleurs, explique parfois l'agressivité de certains élèves envers l'institution scolaire. Sans doute faut-il repenser l'enseignement sans méconnaître cette dimension moins intellectuelle et plus pratique, pour permettre à chacun de trouver sa place dans la société, pour ne pas "désespérer" ceux qui ne se reconnaissent pas dans un enseignement qui leur paraît déconnecté des réalités du monde du travail. Mais cela ne doit pas être, pour autant, l'occasion de détruire les enseignements plus classiques qui intéressent d'autres jeunes. En somme, il faut diversifier "l'offre scolaire", en tenant compte de la diversité des aspirations des élèves, mais aussi des nécessités publiques (ne pas négliger l'environnement économique sans le survaloriser non plus), des nécessités et des possibilités intellectuelles (l'école doit être aussi un lieu de recherche et de réflexion, un "éveilleur des intelligences"), ainsi que des nécessités civiques (l'intégration à une communauté de destin qui permette l'accès à l'universel et la confrontation avec le monde d'aujourd'hui comme de demain).
Nos politiques et nos "grands maîtres de l'Enseignement" feraient bien, parfois, d'écouter les récriminations des "habitués du comptoir": certes, elles ne peuvent et ne doivent pas faire "la" politique d'un Etat, mais elles peuvent au moins alerter sur les inquiétudes et les colères (fussent-elles injustes) des citoyens, dans leur grande diversité et leurs particularités. Il faut bien reconnaître qu'aucun pouvoir ne peut gouverner durablement contre ceux qu'il est censé représenter et défendre. C'est une question délicate qui se pose à tous les régimes politiques, y compris à la Monarchie. D'où la proposition d'une Monarchie forte et active qui puisse permettre, de par sa nature même, une représentation des "opinions" par l'organisation et l'ordonnancement de "nouvelles agoras", locales ou socio-professionnelles (assemblées provinciales; sénat des régions et des métiers; pouvoirs municipaux; etc.). La réflexion est ouverte...
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