La contestation bruyante du CPE, souvent festive, parfois agressive, a recouvert, semble-t-il, toute autre voix que celle de cette "unanimité magnifique" qu'évoque, pour s'en défier, le journaliste Daniel Schneidermann dans "Libération" (vendredi 17 mars 2006). Il est vrai que l'objet même (ou l'alibi ? ou le révélateur ?) de la crise actuelle, le fameux CPE, n'est plus discuté ; il n'est plus que condamné, sans rémission possible, comme "le symbole de la précarité". M. Schneidermann regrette cette situation, peu conforme à l'idée qu'il se fait du débat politique : "On pourrait en débattre, de ce CPE. On pourrait interroger des patrons, et des jeunes salariés. On pourrait donner un grand coup de projecteur sur la précarité qui, dans l'ombre, étend ses ravages sociaux et psychologiques. On pourrait envisager que le CPE puisse être, dans certains cas, une réponse adaptée, mais inefficace et humiliante dans d'autres cas.
On pourrait se demander ce qu'en pensent les jeunes non diplômés, ceux qui n'ont pour horizon que les refus, et le chômage. On n'en saura rien. Quand les voitures ne brûlent pas, les banlieues sont de peu d'intérêt. Seul, en début de semaine, le Parisien est allé à la rencontre d'une poignée de jeunes de banlieue, dans une cafétéria des Mureaux (Yvelines)."Deux ans de période d'essai ? C'est pas grave. Quand on n'a pas de boulot, c'est toujours mieux que rien", dit Moussa, 19 ans. "Nous, on n'a rien. Rien de chez rien. Alors même si la période dure dix ans, ce n'est pas un problème : je signe tout de suite", renchérit Malik, titulaire d'un BEP chaudronnerie, qui n'a jamais travaillé. (...) Que disent ces paroles ? En elles-mêmes, pas grand-chose. Elles ne suffisent évidemment pas à légitimer le CPE. Nul ne sait si elles sont représentatives. Mais cette tonalité-là, on ne l'entend guère dans le concert ambiant. Il ne faut pas compter sur les médias pour organiser le débat".
En fait, dans cette même édition de "Libération", Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, signe une tribune pour prendre la défense du CPE, sans en faire une fin en soi, mais plutôt un moyen possible de lutter contre le chômage des jeunes, en particulier ceux issus des banlieues. Pour cela, il se place d'ailleurs du point de vue des "banlieues", rejoignant les propos des jeunes interrogés aux Mureaux : "Depuis plusieurs jours, je rencontre ces jeunes dans les cités et ils ont le sentiment qu'on se trompe de révolte : eux, la précarité ils y sont, et jusqu'au cou, depuis des années. La rouille sociale, ils connaissent. (...)
Il faut le dire, les réponses du gouvernement à la grave crise des banlieues ont pour objectif de rétablir l'égalité des chances dans ces territoires défavorisés. Dans ces quartiers comme ailleurs en France, l'urgence c'est l'emploi. Les jeunes des banlieues n'ont pas peur du contrat première embauche parce qu'ils en ont assez de la précarité. Ils se disent que c'est un levier supplémentaire, un outil pour faire baisser le chômage qui les frappe plus que d'autres. Une opportunité de mettre le pied à l'étrier et de prouver leur volonté et leur talent. Alors pourquoi ne pas laisser au CPE sa chance ? Pourquoi ne pas essayer ? Et si après deux ans, ce système faisait ses preuves ? Pourquoi ne pas penser positivement et faire l'hypothèse qu'un employeur qui embauche et forme un jeune pendant deux ans souhaite finalement le garder ?
Ce que je sais des jeunes de banlieues, (...) beaucoup aujourd'hui n'aspirent qu'à une chose : qu'on leur fasse confiance. Qu'un employeur, via le CPE, leur donne leur chance, c'est ce qu'ils veulent. (...) 50 % de taux de chômage dans les quartiers, cela mérite qu'on essaie de nouveaux outils".
Sans doute y a-t-il de légitimes inquiétudes chez beaucoup de jeunes manifestants anti-CPE, et je ne méconnais pas quelques bonnes raisons de ce mécontentement. Mais je rejoins totalement Azouz Begag quand il insiste sur la nécessité d'"essayer le CPE". Pas seulement, d'ailleurs, pour lutter contre le chômage des jeunes, mais aussi pour freiner cette véritable "fuite des cerveaux et des énergies" qui frappe la France ( 1 million de jeunes diplômés partent travailler à l'étranger...). Essayer pour, ensuite, corriger ou améliorer. Le jeu, me semble-t-il, en vaut la chandelle...
en tant que jeune de banlieue meme pas au chomage, puisque je ne touche rien, je suis d'accord avec qui est dit : le CPE n'est pas la fin en soi, juste un moyen apparaement plus réaliste de donner un emplois au jeune comme moi qui n'en ont pas.
Mais va expliquer ca a la ribambelle de petit etudiant a la con qui font de ce CPE l'etendards de leur revolte stupide!
Rédigé par : wajinn | 20 mars 2006 à 20:08
Tu viens en traitant cette rimbambelle de "rimbambelle de petits étudiants à la con" d'ilustrer le problème de la jeunesse actuelle mais aussi celui qui sclérose la politique actuelle en de multiples occasions : l impossibilité du dialogue , tu n'es pas d accord donc tu les traite de con ça n a jamais fait avancé un débat !!! Et c est là le problème .Si tant est qu il y ait un début de débat très vite les gens campent sur leurs positions , hurlent et jouent les sourds . Par manque d information peut etre , par peur de l'avis de l'autre ( de l opposant en tous cas). Mais c est le meme probleme qui nous offre cette guéguerre à laquelle nous avons dorit à chaque proposition : celui qui propose défend dur comme fer son projet c est lui qu il l a fait il est forcement bien et les autresqui le refuse en bloc par pur esprit de contradiction ou par envie d enfoncer un peu plus le camps adverse avant les prochaines élections , à quoi sert le pouvoir politique si ce n'est pas pour faire avancer les choses!!!
Rédigé par : marie | 20 mars 2006 à 22:21
Cet agacement de wajiin contre les anti-CPE est bien compréhensible , d'autant plus qu'il est , en tant que demandeur d'emploi, particulièrement concerné par la question du chômage des jeunes.
Mais , même en étant salarié , il est révoltant de voir tout ces syndicalistes dans la rue , abusant d'un contre pouvoir à la fois stérile , nuisible à la France, et illégitime .
Au nom de quoi , les opposants à tel ou tel projet gouvernemental auraient un droit d'expression que n'auraient pas les autres citoyens ?
Villepin est au pouvoir de la manière la plus légale , que cela plaise ou non. Laissez-le diriger la France comme il l'entend, vous le sanctionnerez en votant contre lui en 2007 si vous trouvez une "offre politique" plus crédible.
Rédigé par : d artagnan | 21 mars 2006 à 13:27
La Gauche n'admet pas de perdre les élections car elle s'estime la seule force démocratique légitime.
Donc à chaque fois, passé la période de stupeur qui suit la défaite électorale, la gauche construit des troisièmes tours de scrutins soi-disant populaires, en se faisant relayer par les syndicats corporatistes ou les mouvements alternatifs.
Une bonne leçon serait d'abolir les subventions de l'Etat aux syndicats, afin qu'ils défendent leurs intérêts catégoriels au moyen des cotisations collectées. Ce serait d'ailleurs honnête vis à vis des contribuables. Il est plus que probable que les manif de solidarité éloignées des soucis professionnels, comme les grèves politiques, cesseraient comme par enchantement.
La mesure d'abolition déclencherait peut être une émeute, mais ce serait la dernière du genre !
Rédigé par : catoneo | 21 mars 2006 à 16:46
Je pense personnellement qu'il est nuisible et extrêmement dangereux pour notre avenir de "précariser" et "légaliser" voir instituer ce système inégalitaire que représente le CPE et le CNE.
Même en Angleterre ou aux USA, on n'oserait pas virer quelqu'un sans lui expliquer les raisons de licenciement. Ce contrat est une magnifique supercherie, un trompe l'oeil destiné à nous faire patienter jusqu'en 2007. Les plus libéraux de la droite comme Madelin reconnaisse que ce contrat n'aura un effet que maginal à court terme dans le meilleur des cas, et dans le moyen terme un effet grandement négatif, et sans doute pervers, lié à la précarité engendrée, une baisse de la qualité du travail produit.
Mais il est vrai que cela permet de faire oublier la vrai raison pour laquelle il y a environ 5 millions de chômeurs en France, c'est avant tout du aux PATRONS qui au lieu d'embaucher, préfèrent surcharger et presser leurs employés, marche ou crève étant le mot d'ordre. Ce système atteind son paroxysme, et 2006 devrait être une année de la contestation, et sans doute à en croire europe2020, une année charnière et catastrophique au niveau mondial.
Espérons que le crack qui s'annonce, permettra de remettre les pendules à l'heure et qu'enfin, un nouveau modèle de société plus humain et plus social puisse s'en dégager.
Rédigé par : agapi | 21 mars 2006 à 20:54
"Bien dit.. Personne ne fait grève contre les boîtes d'intérim.. J'ai travaillé 15 jours en janvier et 3 en février.."
Oui effectivement personne ne fait grève contre les boites intérim, mais les images parlant parfois plus que les mots, "on" n'hésite pas à casser les devantures de ManPower...
Si si c'est forcément vrai j'ai vu ça au 20 heures de france2 !!
Donc l'amalgame a été fait...
C'est quand mème drôle cette propension à voir les patrons comme les grand méchants loups qui vont forcément virer les gens comme des malpropres, à croire que les entreprises françaises sont toutes dirigées par des salauds... bonjour la caricature... Certes il y a des abus, mais aussi des patrons conscients et humains... ça ne fait jamais plaisir de virer qqun
Rédigé par : Acrerune | 22 mars 2006 à 16:22
Pour agapi: je suis moi-aussi méfiant à l'égard de la précarisation et hostile au néo-libéralisme, mais en cette période de fort chômage, je pense qu'il faut tout essayer: j'ai bien dit "essayer", et cela signifie qu'ensuite il faut corriger, améliorer, modifier. Il y a aussi une nouvelle pensée économique et sociale à mettre en place, et je pense que la Monarchie (que je souhaite) ne peut qu'être sociale si elle veut perdurer et, surtout, acquérir une nouvelle légitimité.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 22 mars 2006 à 18:55
JP, bien que je ne sois pas monarchiste, je partage ton opinion, un nouveau modèle politique et de société est nécessaire, et ce modèle doit mettre l'Homme (et la Femme) au centre du systme, ce qui signifie un système plus social, ou l'économie et les rapports à l'argent doivent être repensé. Aujourd'hui, la planète se rétrécie, ce qui implique que les disparités, les écarts extrêmes sont de plus en plus intolérables. De fait, 2 systèmes se dégagent:
- une dictature plus violente et uniforme (modèle vers quoi tend l'Amérique)
- un système que certains qualifieront d'Utopie, ou les inégalités se réduisent (peut être ton modèle de Monarchie)
"Essayer", je ne dis pas non, mais dans ce cas, on n'essaye pas à grande échelle, mais à petite échelle au niveau régionale, à l'instar des nouveaux systèmes éducationnels.
On essaye en partenariat avec les différents intervenants...
Rédigé par : agapi | 22 mars 2006 à 21:26
"Même en Angleterre ou aux USA, on n'oserait pas virer quelqu'un sans lui expliquer les raisons de licenciement"
Faux, j'ai une professeur américaine, et grâce à elle on peut se rendre compte à quel point la France est un pays ULTRA PRIVILEGIE au niveau social :
Aux Etats-Unis un patron peut mettre dehors n'importe qui n'importe quand, et à ce moment il touche 350$ par moi pendant 6 semaine, et ce quel qu'ait été son salaire au préalable (350$ ça fait très très très peu) et après les aides sont carrément coupés pendant une durée dont je ne me rappelle plus (moins d'un mois il me semble) puis reviennent pendant 6 semaines puis rien, donc arrêtons de dire n'importe quoi =)
Rédigé par : Matthieu | 22 mars 2006 à 22:06
A Cuba, je peux mettre un employé dehors à tout moment (oui je suis un sale patron) mais ce n'est pas l'intérêt de personne de faire cela... Les jeunes qu'on entend et qui veulent qqchose de "bien" n'ont aucune idée, ni expérience du monde du travail, la caricature peut s'installer vite fait, forcément manichéenne
en référer aux usa est du même acabit... caricatural
le système social à la française, dont plus personne ne vante les mérite en ce moment est encore privilégié...
Essayer, oui en partenariat et dialogue... c'est le défaut de Villepin, mais j'apprécie qu'il ne cède pas, même s'il veut ouvrir les débats sans apriori...
je regardais la revue de presse de télématin ce 23.
Un journaliste allemand (sans doute ex Allemagne de l'Est) disait que les lois en France étaient votées sans consultation du peuple... Certes, mais que je sache, les politiques sont encore élus sur un programme n'est ce pas?
je n'imagine pas une consultation tous les 1/4 d'heure, quelle stagnation!
Essayer c'est bien le mot
La consultation du peuple à tout bout de champ à quelque chose d'effrayant et de dangereux pour le décideur (non à l'Europe, blocage du pays... remarquez la non-consultation non plus) mais je ne partage pas l'avis d'un autre journaliste russe qui disait les jeunes sont dans la rue, l'avenir c'est les jeunes, donc faisons ce que les jeunes disent, avec sousjacent une critique de notre gérontocratie... je ne veux pas que ces jeunes décident à coup de slogans passéistes d'un avenir qui est aussi le leur
Aussi faut-il essayer et se remettre à l'ouvrage...
Rédigé par : Acrerune | 23 mars 2006 à 12:34
Mathieu, Demande donc à ton professeur comment on licencie aux states aujourd'hui. L'employeur est tenu de justifier son licenciement. Concernant les aides, je te le concède, elles sont minces aux states, mais en contre partie, contrairement, à nos employeurs français, ils peuvent embaucher facilement, donner leur chance aux jeunes; il existe un véritable esprit de "prise de risque"... En France, à l'instar des banquiers nos employeurs veulent tout sans prendre le moindre risque. C'est ce qui est pitoyable en France, car les dés son pipés, on veut imposé un modèle libéral sans en accepté les inconvénients.
Rédigé par : agapi | 26 mars 2006 à 23:45
Mathieu, information sur le droit du travail américain http://www.ires-fr.org/files/publications/chronique%20internationale/C97/c9710.pdf
Rédigé par : agapi | 26 mars 2006 à 23:50