La nostalgie ne fait pas une politique, elle a même tendance à empêcher toute initiative digne de ce nom en ce domaine. Aussi suis-je parfois agacé de lire dans certains journaux royalistes des articles qui rabâchent des attitudes ou des arguments totalement inappropriés au combat royaliste contemporain et qui, même, discréditent gravement la cause monarchique en l’attachant à des défaites ou à des combats peu glorieux, voire indignes de notre histoire. Que l’on consacre dans une publication censée promouvoir la Monarchie des pages entières au maréchal Pétain ou à l’Algérie française d’hier me navre profondément, en particulier quand il s’agit de rappeler des postures anciennes et que l’Histoire n’a pas forcément crédibilisé ou validé
Etre politique, c’est faire le tri entre le passif et l’actif de l’Histoire, entre autres : je reste fidèle à cette formule de Maurras, « La vraie tradition est critique », qui force à l’humilité historique et engage à un travail de remise en cause et de remise en ordre dans l’ordre politique.
Je ne suis pas nostalgique d’une Monarchie d’Ancien régime qui serait un « âge d’or » tout à fait illusoire et mensonger et qui oublierait les blocages de 1788. Je n’ai aucun regret des formules féodales d’antan, mais je cherche dans ce qui a fonctionné dans le passé ce qui peut permettre la résolution du problème institutionnel actuel, et j’y trouve la Monarchie héréditaire et successible, trait d’union entre les communautés provinciales, professionnelles ou sociales, Autorité arbitrale et indépendante au-dessus des factions et des féodalités : il ne s’agit pas de restaurer un ordre ancien mais de permettre l’instauration d’un « Etat juste » garant des libertés publiques et protecteur des équilibres sociaux. Le reste m’importe peu et je me moque même qu’on parle de « démocratie couronnée » ou de « République royale » plutôt que de « Royauté française » : l’essentiel n’est pas la « marque » mais, le jour venu, la réalité institutionnelle monarchique, royale, à la tête de l’Etat, incarnée par la famille des Bourbons-Orléans, « celle qui n’a pas failli » au temps des malheurs et de l’exil politique
Tout cela n’empêche pas que nous, royalistes, défendions des principes ou un vocabulaire, bien sûr : mais, le jour où la « verte chance » passe à notre portée, il serait discourtois de la laisser s’échapper pour une question d’étiquette ou de « morale » que nous serions bien les seuls à respecter dans l’Histoire, sans doute pour masquer notre impuissance. Notre devoir devant les générations d’aujourd’hui et de demain, c’est de faire la Monarchie, non pas de la rêver ou d’en faire un « idéal pur » inaccessible pour les hommes concrets qui peuplent notre pays.
merci de ces précisions!!
Rédigé par : Acrerune | 03 juin 2006 à 18:11
100% d'accord avec vous! Le maréchal, l'Algerie et les Comores c'est bien gentil, mais ca ne fait pas avancer la cause!
Rédigé par : chevalier blanc | 03 juin 2006 à 22:12
Le problème, c' est que cette nostalgie est perceptible dans une large partie des blogs royalistes, du moins de ceux que j' ai pu visiter.
Rédigé par : Pentagramme | 05 juin 2006 à 12:34
Ô combien vous avez raison, monsieur Chauvin !
Le mouvement royaliste est infesté par les nostalgiques du pouvoir fort qui reportent en permanence l'attention vers les éclipses fascistes du passé au motif scabreux d'une époque d'ordre !
Or la monarchie ne se définit jamais comme un pouvoir fort.
J'ai un peu développé dans Royal-Artillerie.
Les mêmes qui crient dans un seul mouvement "sus aux nègres, vive le roi" non seulement se fourvoient et peu me chaut, mais surtout dévalorisent gravement l'offre politique monarchiste qu'ils ont quelque part usurpé.
Qu'ils aient le courage de défiler derrière les bannières de Mussolini s'ils en ont autant dans le pantalon qu'ils le crient, mais ne viennent pas s'abriter derrière la tradition respectable de la monarchie !
En cas de restauration - il faut y croire ! - ce seront les mêmes à courir brailler sous les fenêtres du palais qu'on ne tue pas assez de "sales gueules" qui refusent leur soupe au porc et autres gentillesses, et qui nous feront passer pour des minus à machoire large !
Côtoyer les ligues d'extrême-droite c'est pour la Cause coucher avec un lépreux.
Je viens de me retirer d'un forum où l'administration traite de "collabos" ceux qui ont épousé une non-européenne.
La peste brune rampe !
Rédigé par : catoneo | 06 juin 2006 à 16:28
Vous avez tellement raison et c´est vraiment dommage pour la cause.
Il est possible de dialoguer avec vous sans tomber automatiquement dans le conflit et le rejet.
Je suis un monarchiste ouvert sur le monde actuel et j´ai été rejeté de nombreux forums de discussion monarchiste pour avoir exprimé un avis différent sur des sujets de société touchant à la religion (pour moi la France doit rester laique et non pas redevenir catholique), l´avortement (j´y suis favorable), les couples homos (mêmes droits que les couples hétéros) etc ...
Nous ne partageons pas toujours les mêmes idées mais nous nous respectons et dialoguons.
Rédigé par : sylvainb | 15 juin 2006 à 00:51