L’affaire libanaise continue d’occuper les médias français, et le président Chirac fait preuve d’une grande constance dans son soutien au Liban et sa recherche d’une solution qu’il veut équilibrée. Mais ce que constate aussi la presse, c’est le fait que la France s’engage, seule en Europe, dans ce dossier brûlant. « La France seule
», cette fameuse formule de Maurras, souvent mal comprise et pourtant réutilisée par de Gaulle au moment de la libération de Paris, trouve ici une application mise en valeur par « Le Figaro » dans son édition du 10 août : «(
) dans le désert européen, la France est la seule à proposer une issue au conflit ». Ainsi, cette solitude, au lieu d’être une indifférence au monde et à ses malheurs, apparaît ici comme la volonté d’agir pour le Bien commun des habitants du Proche-Orient et, plus largement au regard des enjeux, du monde entier. Autant l’isolement et la fermeture aux autres sont des attitudes à terme suicidaires, autant l’action solitaire d’un Etat souverain, quand elle se conjugue à une stratégie géopolitique raisonnée, peut avoir des effets bénéfiques : au-delà des gesticulations et des beaux discours sans réelle portée que l’on entend de par le monde, l’action diplomatique française semble effectivement bien la seule en mesure de jouer, comme le signale « Le Figaro », « son rôle de modérateur et de médiateur ».
Cette « solitude » avait déjà été remarquée en 2003 lors de la crise irakienne, et, au regard de la situation actuelle dans la région, la France n’avait pas tort de vouloir une autre solution que celle de la destruction d’un Etat (fût-il dictatorial) qui n’a mené, en définitive, qu’au chaos et à la guerre civile : mieux aurait valu une action « amicale » pour permettre une « sortie de dictature » en douceur que cet immense gâchis qui ne vaut guère mieux que la tyrannie du parti Baas de Saddam Hussein
L’enjeu était de « libéraliser l’Etat » sans le détruire car l’absence d’Etat est la pire des choses, c’est le triomphe de la « loi de la jungle », du règne du plus fort et du plus violent, du plus injuste
C’était la stratégie de la France, mal comprise à l’époque par de nombreux Etats européens, plus moralistes que politiques. Or, la morale est souvent la pire ennemie de la politique, et elle oublie les réalités concrètes pour se réfugier dans une posture qui, non seulement n’est pas la plus efficace, mais entraîne la plupart du temps incompréhensions et guerres, civiles ou étrangères : encore une leçon de l’Histoire que les Capétiens avaient vite compris et que de Gaulle, très inspiré par « Kiel et Tanger », le livre de Maurras qu’il relisait en se rendant au Québec, ne méconnaissait pas
La position indépendante de la France peut être une chance pour le monde. Ce n’est pas un effet du hasard, mais bien plutôt un résultat de la volonté politique que l’on pourrait résumer ainsi : « Aide-toi, le Ciel t’aidera »
Si, en ce domaine particulier, M. Chirac semble s’en être rendu compte, qu’en adviendra-t-il après lui ? Là encore, la nature même de la République est une faiblesse que la Monarchie capétienne « renouvelée » pourrait corriger, si elle est fidèle à elle-même et s’inscrit dans la continuité de l’Histoire française sans regarder autre chose que ses devoirs d’Etat et de nation « médiatrice » au sein du monde actuel.
La monarchie royale aurait à compenser les faiblesses de notre République. Les princes prétendants ont un effort d'imagination à réaliser...
Rédigé par : Georges | 12 août 2006 à 21:43